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Sommaire - Interviews -  Franck Richard « La Meute"


"Franck Richard « La Meute"" de Marc Sessego


Pour son premier film Franck Richard nous reçoit pour sa « meute » et pour nous expliquer un peu plus en détails son véritable parcours du combattant pour monter le film. Attention il est préférable d’avoir vu le film avant de lire l’interview.

SFMAG : Comment est né le projet ?

FR : J’essayais déjà d’écrire des scénarios depuis un petit bout de temps, que je ne trouvais pas intéressant car on ne pouvait pas les montrer décemment, vraiment trop nul, je les gardais au fond de mon disque dur bien caché, et a un moment donné celui-ci me semblait intéressant, je viens de Lorraine et la bas il y avait des mines qui fermaient dans les années 1980, et je m’en rappelais, ça m’avait disons marqué, même si cela ne te bouleverse pas quand tu as 10 ans je m’en rappelais et je me suis dit qu’il y avait un terrain fertile pour faite naître une histoire de film de genre avec des nouveaux monstres et à partir de là j’ai essayé de développer cette idée de monstres créés à partir d’argiles et de sang des mineurs morts sous la terre, pour rappeler un passé, quelque chose qui vienne hanter le présent d’une famille,

SFMAG : Je me suis dit oui il fallait y penser.

FR : C’est la volonté d’essayer, je me voyais mal faire un film de zombies , j’en avais regardés vraiment énormément, que faire de mieux, de plus, j’avais pas envie d’aller dans un truc frénétique, soit ils courent, soit c’est de la « shakycam », attention des fois c’est très réussi, la plus part du temps c’est quand même un « cache misère »
J’avais envie de revenir à un truc plus année 1980, plus 1970, à des plans très posés, des monstres lents, avec toute la crise de risque que ça comporte, tu as une chance de te mettre à dos une partie du public jeune, qui va s’emmerder en regardant ces films là,

SFMAG : Non les jeunes ne comprendront pas.

FR : Ce que je comprends mais je voulais tout de même essayer.

SFMAG : C’est aux antipodes de « MTV »

FR : Ah ça c’est sûr et certain

SFMAG : Visuellement il y a un énorme travail des décors, des arrières plans,

FR : Pour moi la « DA » direction artistique c’était très important. Au niveau du décor et des accessoires on a fait un énorme travail, de repérage aussi, trouver le bon décor qui fait que, je voulais des choses épurées, des choses qui existent un peu par eux même, aussi un très gros travail de mon chef opérateur Laurent Barres, je lui avais demandé de glisser doucement vers une lumière de plus en plus fantastique , et c’est là où tu la découvres avec la première scène de nuit et les monstres qui sortent de terre, tu arrives à quelque chose véritablement d’atmosphérique et de gothique, la référence c’était les films de la « Hammer », dans la limite expressionniste dans la manière de marquer les ombres,

SFMAG : Oui c’est vraiment fait de manière très créative

RF : Oui moi je voulais retrouver cela et n’ayons pas peur des mots que ce soit au moins beau.

SFMAG : Y a-t-il des films de référence qui t’ont poussé à faire la meute ?

RF : Tous les grands maitres américains des années 1980 : Tobe Hooper, John Carpenter,

SFMAG : « Toute la clique » en quelque sorte.

RF : Oui toute la clique, le premier De Palma, ce sont des films que je regarde encore. Et même en élargissant le spectre j’aime bien les comédies de John Hugues, Breakfast Club, Joe Dante, c’était tout ça plus une partie de cinéma Français, tourneur et Franju, moi ce sont des choses que j’ai vu jeune, et qui m’ont vraiment marqué. Mais attention quand on parle de ces références on ne s’estime pas au niveau. Souvent quand tu dis ça les gens vont te dire « le pauvre il en est loin », je suis bien au courant, c’est juste que ce sont des films que j’aime.

SFMAG : Comment as-tu réussi à monter le film financièrement ?

FR : La chance, l’obstination. Déjà trouver un producteur qui lis ses emails, c’est Franck Riviere, et d’insister et de s’obstiner. Moi je mise tout sur les probabilités : Si tu essaies une fois de faire quelque chose, il y a de fortes chances que tu n’y arrives pas. Si tu essaies cent fois, il suffit d’une fois où on te réponde « oui » pour t’engouffrer dans la brèche, et mettre le pied dans la porte, et c’est ce que je fais. Et puis en écrivant et surtout en y croyant.

SFMAG : Et comment s’est passé le casting ?

FR : Ca ça a été simple aussi, le personnage que j’avais en tête pour la « spack » c’était Yolande Moreau, je voulais vraiment que ce soit elle, elle a dit oui au bout de 5 minutes, on s’est bien entendu je pense qu’elle même n’avait jamais fait ça, je lui ai conseillé des films qu’elle n’a pas regardés, mais elle voulait essayer quelque chose de nouveau, et donc « essayons ». Et au moment où tu as Yolande Moreau les gens lisent le scénario avec elle en tête et c’est plus facile de dire oui pour des acteurs qui suivent. Apres on fait du casting, on fait des essais, ça marche ou ça ne marche pas,

SFMAG : Pourquoi autant d’humour ?

FR : Oui je voulais que ce soit fun mais sans tourner le genre en dérision. Il ne faut pas une scène qui fasse peur avec une réplique qui flanque un coup de coude au spectateur, je fais des personnages qui ont une certaine répartie une certaine gouaille, ce qui les rend peut être plus attachant rapidement, un parler que j’aimais bien dans les film des années 60, ca peut être un film d’horreur fun que tu peux avoir envi de regarder le samedi soir a minuit, style les contes de la crypte et c’est parti.

SFMAG : Tu aimes « les contes de la crypte » ?

FR : J’adore, j’ai vu les 7 saisons,

SFMAG : Quel fut le plus gros challenge ?

FR : Le faire déjà, le tourner car on a tous le même budget pour un film de genres, 35 jours de tournage pour tout le monde, et environ 2 millions d’euros de budget. Ce qui est plutôt carrément correct, tu fais ton premier film, moi je n’avais jamais rien fait avant, mais c’est beaucoup moins que n’importe quel standard équivalent du même genre.
On en a tout de même 3 ou 4 fois moins. Moi j’ai surtout fait en sorte que le monde que l‘ on voit ne fasse pas « cheap ».

SFMAG : Et c’est étonnant car la plupart des films français sont moches. Maintenant quelle fut la scène la plus difficile a tourner ?

FR : Toutes les scènes sur le tas de terre noire, on tournait de nuit, je voulais de la pluie, donc il te faut une piscine ave 30,000 litres d’eau, il faisait très froid, c’était dur pour les acteurs qui étaient sous les monstres car ils ne voyaient rien, je les enterrais sous la terre pour de vrai, ce n’était surtout pas évident pour eux, et Yolande que j’ai failli tuer je pense, et puis le temps de tournage car ce décor n’était disponible que pour un temps très limité. Et c’est évidemment la que tu as le feu, les cascades, la pluie tu as tout, donc comme tout le monde le planning, la course contre la montre.

SFMAG : Et comment doit on interpréter la fin ?

FR : Moi je voulais une fin absolument ouverte, très « 70 », ou le personnage principal on se demande si il meurt et on le laisse un peu à l’abandon, mes producteurs voulaient une fin qui boucle, où tout recommence, et c’est un compromis que l’on a trouvé dont je ne suis pas vraiment satisfait, d’une part Emilie commence à se faire manger dans les herbes puis on a une ouverture aux blancs, d’ou une séquence de rêve, donc pour moi c’est un fantasme où elle imagine ça, et la vraie fin est celle ou elle est pendue a l’envers, ca pour moi c’est la vraie fin. Je ne voulais pas le rêve, un peu ringard pour être honnête, c’est une concession, c’est le producteur, faire un film on ne le fait pas tout seul,

SFMAG : As-tu d’autres projets ?

FR : Je fais 3, 4 scripts en même temps la, pour poser plusieurs lignes tu as beaucoup plus de chance d’attraper un poisson, toujours dans le genre fantastique, horreur ou « vigilante »(justicier, ndlr)

SFMAG : Que conseilles tu à quelqu’un qui veut faire son premier film ?

FR : Foncer, y croire, si on se fait jeter par la porte entrer par la fenêtre, et inversement. A la bétonneuse et a la sulfateuse, si j’ai pu le faire ils peuvent le faire.

Propos recueillis par Marc Sessego le 29 septembre 2010. Merci à Franck Richard pour sa disponibilité ainsi qu’Emilie Maison de l’agence 213communication pour l’avoir organisée.




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