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Sommaire - Interviews -  Nicolas Cage (L’apprenti sorcier)


"Nicolas Cage (L’apprenti sorcier)" de Marc Sessego


L’apprenti sorcier
Entretien avec Nicolas Cage
(Balthazar Blake)

SFMAG : Pourriez-vous résumer l’intrigue de votre film, L’APPRENTI SORCIER ?

NC : L’APPRENTI SORCIER raconte l’histoire d’un sorcier solitaire, Balthazar Blake, qui cherche depuis 1000 ans le Premier Merlinien, le sorcier qui a hérité de la puissance de Merlin et qui sauvera le monde. Jay Baruchel joue Dave Stutler, un jeune homme qui est peut-être celui que Balthazar recherche parce qu’il est le seul à pouvoir porter l’anneau du dragon. Après avoir trouvé Dave, Balthazar le prend comme apprenti et entreprend de le former pour la grande bataille contre le mal.

SFMAG : Comment avez-vous eu l’idée de ce film ?

NC : Je m’intéresse beaucoup aux légendes et aux contes sur le Roi Arthur. J’ai passé un certain temps en Angleterre dans le Somerset, la région où toutes ces légendes sont nées. Comme lorsque j’étais enfant et que je lisais des bandes dessinées, je me suis replongé dans toutes ces histoires sur le Roi Arthur. Cela m’a beaucoup inspiré et j’ai réalisé que j’avais envie de faire un film capable d’avoir la même résonance, quelque chose de sain et positif. Je voulais voir si je pouvais divertir les gens en utilisant la magie et l’imagination, sans faire couler le sang ni avoir recours à la violence. A l’époque, j’étais en train de tourner NEXT, un film d’action dans lequel je jouais une sorte de magicien, mais je voulais vraiment jouer un enchanteur ou un sorcier. J’ai alors parlé de mon idée à Todd Garner, le producteur de NEXT. Il m’a dit : « Je vois. Peut-être que tu pourrais jouer un apprenti sorcier, comme dans FANTASIA ». Tout est parti de là. J’ai trouvé l’idée géniale. Nous avons donc commencé à développer l’histoire, et nous avons transformé ce court métrage de huit minutes inspiré d’un poème de Goethe dans FANTASIA en un film d’action fantastique de deux heures.

SFMAG : Vous êtes à la fois acteur et producteur exécutif de L’APPRENTI SORCIER. Comment votre idée originale est-elle devenue un film ?

NC : Nous en avons d’abord parlé à quelques scénaristes pour avoir une première ébauche de scénario. Ensuite, une chose en amenant une autre, nous l’avons donné à Jerry Bruckheimer qui a tout de suite beaucoup aimé. Jerry sait comment divertir les gens avec de grandes aventures pleines de panache et d’action. Il sait aussi comment mettre rapidement un projet sur les rails. Quand il nous a dit qu’il était intéressé, je me suis dit que c’était formidable parce que je savais que nous allions faire un grand film familial. Nous avons ensuite proposé le film à Jon Turteltaub avec qui j’ai fait BENJAMIN GATES ET LE TRÉSOR DES TEMPLIERS et BENJAMIN GATES ET LE LIVRE DES SECRETS. Jon a un don pour la comédie, et il sait comment me rendre léger, accessible et drôle.

SFMAG : Avez-vous vu le film d’animation Disney FANTASIA quand vous étiez enfant ?

NC : J’étais très jeune quand j’ai vu FANTASIA. C’est peut-être même le premier film que mes parents m’ont emmené voir, et donc mon premier contact avec le cinéma. Cela a aussi été mon premier film Walt Disney et mon premier contact avec la musique classique. Les images de ce film, et pas seulement celles de la séquence de l’Apprenti Sorcier, m’avaient transporté. Il a influencé ma vie et m’inspire énormément. Je le regarde encore tous les ans. J’éteins les lumières, je lance le film, et je me laisse emporter dans ces forêts animées, je vois les petites lucioles et les champignons danser, c’est comme un rêve. J’adore !

SFMAG : Bien que L’APPRENTI SORCIER ne soit pas un remake du célèbre film de Disney, le public va probablement l’associer, du moins dans un premier temps, à FANTASIA. Y avez-vous pensé en faisant le film ? Cela ne vous a-t-il pas fait peser une certaine pression sur les épaules ?

NC : Certaines personnes m’ont demandé si cela me rendait nerveux de faire un film qui rejoint un classique Disney. En fait, pas du tout. Nous avons fait un film que Walt aurait très certainement approuvé, et je pense que c’était le bon moment dans ma carrière pour faire ce film, et pour le faire exactement comme nous le voulions. Je n’ai pas d’autre attente que de voir les enfants sourire en le regardant. C’est la meilleure façon d’utiliser mes compétences d’acteur.

SFMAG : Pouvez-vous nous parler de votre personnage, Balthazar Blake ?

NC : Balthazar est un personnage qui a plus de 1500 ans. Il a été l’apprenti de Merlin, tout comme le personnage d’Alfred Molina, Maxim Horvath, et celui de Monica Bellucci, Veronica. A cette époque, Morgane s’est rebellée et a décidé d’utiliser la magie à des fins égoïstes. Nous, les Merliniens, avons décidé de protéger l’humanité des Morganiens. Nous utilisons la magie pour rendre l’humanité plus forte et empêcher qu’elle ne soit asservie. A la mort de Merlin, la tâche est revenue à Balthazar de trouver le Premier Merlinien, un sorcier qui a hérité des pouvoirs de Merlin. Balthazar le cherche depuis 1000 ans, quand il rencontre Dave Stutler, le personnage de Jay Baruchel. Dave est peut-être le Premier Merlinien parce qu’il est le seul à pouvoir porter l’anneau du dragon. Après l’avoir découvert, Balthazar le prend comme apprenti et le forme pour qu’il l’aide à lutter contre le mal. Balthazar est parfois un peu étrange et effrayant, c’est vrai, mais c’est un des plus fervents défenseurs du bien.

SFMAG : Quel genre de relation entretiennent votre personnage, Balthazar Blake, et celui de Jay Baruchel, Dave Stutler ?

NC : Balthazar porte sur Dave le regard d’un père pour son fils. Pour moi, il compte beaucoup parce que je suis seul à essayer d’empêcher les forces du mal de s’emparer du monde. Quand je le trouve, j’éprouve beaucoup d’affection et un énorme soulagement parce que j’ai enfin trouvé le Premier Merlinien. Je veux lui montrer la voie, l’instruire et le former pour sauver le monde. Pour Dave, c’est absolument énorme et il ne sait pas très bien comment gérer tout cela. Imaginez qu’un inconnu entre dans votre vie et vous dise que vous êtes un descendant de Merlin, que vous avez ses pouvoirs et que votre destin est de sauver le monde. La première chose que vous lui répondrez, c’est qu’il est complètement fou ! Leur relation est donc assez compliquée, mais il y a aussi beaucoup d’humour, en particulier quand Dave commence à accepter sa nouvelle vie.

SFMAG : Alfred Molina joue Maxim Horvath, l’ennemi juré de Balthazar. Pouvez-vous nous en parler ?

NC : Maxim Horvath était un Merlinien et le meilleur ami de Balthazar, mais Maxim est passé du côté du mal par jalousie. Maintenant, il essaie d’aider Morgane à s’emparer du monde et à asservir l’humanité, et Balthazar tente de l’en empêcher. Entre Maxim et Balthazar, c’est une guerre constante qui dure depuis 1000 ans.

SFMAG : Quel genre de dangers Balthazar et Dave vont-ils devoir affronter dans le film ?

NC : Il y a cette invention fabuleuse appelée le Grimhold, qui est une prison pour les plus effrayants et les plus maléfiques des Morganiens. Le Grimhold ressemble aux matriochkas russes, ces petites poupées en bois de taille décroissante placées les unes à l’intérieur des autres. Les Morganiens les plus dangereux sont enfermés dans les poupées les plus petites. Dave et Balthazar essaient de récupérer le Grimhold pour le mettre en sécurité parce qu’à chaque fois qu’il tombe entre les mains de Maxim Horvath, il l’ouvre et libère ses hôtes maléfiques.

SFMAG : Pourquoi avoir choisi de tourner L’APPRENTI SORCIER à New York ?

NC : Parce que tout peut arriver à New York ! Les gens vont et viennent, c’est un peu le carrefour de notre monde. New York a été une des treize premières colonies. Quand nos Pères pèlerins sont arrivés avec le Mayflower, ce fut une de leurs premières destinations. C’est donc un lieu d’histoire et de rencontre entre les cultures. Et puis il y a aussi l’architecture Art déco des immeubles comme le Chrysler Building et l’Empire State Building. La ville a aussi un côté très mystérieux et gothique. Quand on repense à tous les classiques du cinéma qui ont été tournés ici, comme KING KONG, on ne peut qu’être impressionné et inspiré par la magie qui se dégage de New York. C’est pour cela que cette ville a été le premier endroit auquel j’ai pensé pour une guerre entre sorciers.

SFMAG : Quel est le secret de votre collaboration avec Jerry Bruckheimer ?

NC : C’est mon septième film avec Jerry, on se connaît donc très bien. Il a sa façon de travailler et il sait ce que je peux apporter à un film, mon grain de sel à moi. J’ai confiance en lui parce que je sais que sa priorité est de faire des films divertissants pour le public, et il a confiance en moi parce qu’il sait que j’apporte de nouvelles idées qui renforcent les personnages et l’histoire. C’est pour cela qu’il engage des acteurs qui ont un point de vue différent, cela lui permet d’ajouter des éléments supplémentaires dans sa formule. C’est donc un mariage heureux, il sait comment je fonctionne, et vice versa.

SFMAG : L’APPRENTI SORCIER marque votre troisième collaboration avec le réalisateur Jon Turteltaub. Comment travaillez-vous ensemble ?

NC : La comédie est un genre que Jon connaît très bien, il sait comment rendre une scène amusante. J’avais envie de faire quelque chose de plus sombre et de plus original, Jon m’a donc poussé à explorer le côté mystique de mon personnage, et je lui ai demandé de m’aider à le rendre plus drôle pour me rapprocher du public. C’est un bon mélange, lui et moi on s’équilibre.

SFMAG : A l’écran, il semble y avoir une véritable alchimie entre vous et Jay Baruchel. Comment s’est passé le tournage ?

NC : C’est un garçon plein d’humour, intelligent et très cultivé. Vous pouvez lui poser une question sur n’importe quoi, il aura toujours une réponse. Et en passant il fera le lien avec un autre sujet pour vous apprendre quelque chose. J’aime beaucoup ce genre d’esprit. Nous avions beaucoup de respect et d’admiration l’un pour l’autre. Tous les jours, nous allions travailler avec le plaisir de savoir que nous allions improviser et que cela allait augmenter la qualité et la créativité de nos scènes. Beaucoup d’acteurs n’aiment pas improviser, cela les met mal à l’aise et bien souvent ils préféreront s’en tenir au scénario. Jay improvise beaucoup dans ses films, exactement comme moi, c’était donc pour nous l’occasion de livrer une performance très jazzy, dans le sens où l’un rebondissait sur les improvisations de l’autre, et inversement.

SFMAG : Comment avez-vous travaillé avec Alfred Molina ?

NC : Alfred est un acteur que j’admire depuis très longtemps. Je suis vraiment très heureux qu’il ait joué Maxim Horvath parce qu’il apporte toujours beaucoup de noirceur et de malice aux méchants qu’il joue. Le réalisateur allemand Werner Herzog appelle cela « le bonheur de faire le mal ». C’est une chose qu’Alfred joue vraiment très bien. Quand on le voit dans ses films, il donne l’impression de prendre du plaisir quand d’autres personnages ont des ennuis. Et puis il a aussi cet humour noir tordu et irrésistible. Pour toutes ces raisons, il était parfait pour ce rôle et j’ai vraiment été ravi de pouvoir travailler avec lui.

SFMAG : Quand vous étiez enfant, croyiez-vous à la magie ?

NC : Oui, et j’y crois encore. C’est très important. Je pense que pour réussir dans ce métier, il faut conserver en soi ses rêves d’enfant. Quand je parle de magie, ce n’est pas « abracadabra ! », c’est beaucoup plus simple que cela. Je parle de l’imagination et de la volonté qui vous permettent de transformer le monde qui vous entoure. Il y a donc de la magie dans chaque tableau, chaque livre, chaque expérience scientifique et dans chaque discours qui touche les gens. La question que nous devons nous poser, c’est comment utiliser cette magie. Allons-nous l’employer pour aider les autres ou dans un but égoïste ? C’est de cela dont parle l’histoire de L’APPRENTI SORCIER.

SFMAG : Il y a des effets visuels incroyables dans L’APPRENTI SORCIER. Est-ce que cela a compliqué votre travail durant le tournage ?

NC : Je n’ai aucun mal à jouer avec des effets visuels. Ce n’est pas plus difficile que d’être un enfant et de faire semblant d’être dans le cockpit d’un vaisseau spatial ou au beau milieu d’une bataille, armé d’Excalibur. J’ai fait tout cela. Il me suffisait de tout imaginer. L’imagination, c’est la base du métier d’acteur. J’y pense à chaque fois que j’entends des acteurs se plaindre qu’il n’y a personne en face d’eux pour les écouter. Je comprends tout à fait, ce n’est pas toujours facile, mais en même temps je pense aussi que si vous avez suffisamment d’imagination vous n’aurez aucun mal à voir les personnages et les décors qui ne seront ajoutés qu’en postproduction.

SFMAG : Pourquoi Balthazar conduit-il une Rolls-Royce 1935 Phantom dans le film ?

NC : Nous avons eu l’idée de faire conduire cette voiture à Balthazar parce que l’usine Rolls-Royce a fabriqué le moteur appelé Merlin qui équipait aussi les avions Spitfire qui ont vaincu les Nazis pendant la Seconde Guerre mondiale. Beaucoup de voitures ont remporté des Grands Prix, mais une seule a gagné la guerre. Pour moi, c’était un ajout très intéressant pour le film parce qu’il symbolise le travail et l’attitude des Merliniens qui, dans l’ombre et sans que personne ne le sache, protègent l’humanité.

Marc Sessego/Andrée Cormier

Propos recueillis par Marc Sessego le 21 juillet 2010.

Sincères remerciements à Nicolas Cage ainsi que Jean Baptiste Péan de l’agence Cartel.




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