Grâce à l’un des instruments de l’orbiteur européen Mars Express, des chercheurs français, russes, belges et américains ont pu détecter un rayonnement ultraviolet dans la nuit martienne, particulièrement intense au pôle sud, actuellement recouvert d’une épaisse calotte de neige carbonique.
L’émission lumineuse est le fruit de la rencontre entre des molécules d’azote et d’oxygène : lorsqu’un atome d’azote (N) se combine avec un atome d’oxygène (O), ils forment une molécule d’oxyde d’azote (NO) dans un état d’excitation, expliquent Jean-Loup Bertaux et ses collègues. Lorsque l’excitation cesse, la molécule émet un rayonnement caractéristique dans l’ultraviolet.
Les atomes d’oxygène et d’azote sont issus de la région de la planète Mars exposée aux rayons du Soleil. Sous l’action des UV, en haute altitude, les molécules de CO2 et de N2 se décomposent, libérant des atomes isolés. Ces atomes d’oxygène et d’azote migrent ensuite vers la partie plus froide de la planète où ils se combinent à plus basse altitude. Ce processus a déjà été étudié sur Vénus, précisent Bertaux et ses collègues dans la revue Science.
En ce moment le pôle sud est très froid, une épaisse couche de glace carbonique s’est formée, créant un appel d’air, expliquent les chercheurs. Cela explique la présence en grandes quantités d’atomes d’oxygène et d’azote à cet endroit. La lumière nocturne ultraviolette révèle donc le schéma de circulation des masses d’air sur la planète Mars et ces résultats permettront de mieux connaître ces mouvements de l’atmosphère martienne. Il s’agit d’une donnée importante pour les sondes d’exploration envoyées sur Mars.
Recueilli par Alain Pelosato
Source Sciences et avenir