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Scénariste : Hannah Shakespeare & Ben Livingston
Avec : John Cusack, Luke Evans, Alice Eve, Brendan Gleeson.
Distribué par Universal Pictures International France
110 mn
Sortie le 20 Juin 2012
Note : 8/10.
Quand la fiction extrapole la réalité... Début Octobre 1849, Edgar Allan Poe, poète romancier torturé par ses propres fantômes fut trouvé dans un parc, hagard, et répétant d’étranges phrases. Emmené à l’hôpital, il mourut peu de temps après. A l’époque, Poe était déjà un auteur reconnu dont les œuvres, mélange de poésie, d’amour et de mort, révolutionnèrent en leur temps le monde littéraire peu habitué à ce genre d’histoires, du moins narrés avec une telle noirceur tout en étant profondément romantiques et mélancoliques. Maintenant, glissons vers la fiction... Et si Poe avait été le centre d’une gigantesque affaire criminelle qui ensanglanta la ville de Baltimore. Au milieu du 19ème siècle, un mystérieux assassin tue de façon horrible des innocents. Le détective Fields chargé de l’enquête fait le lien entre les affaires, et découvre également que chaque mort s’inspirerait des histoires de l’écrivain Edgar Allan Poe. Ce dernier, qui cherche à oublier le chagrin de la perte de son épouse adorée dans l’alcool, trouve un semblant de résurrection en tombant amoureux de la fille d’un richissime notable. Mais le tueur va prendre de plus en plus possession de la vie de son auteur favori, poussant ce dernier à s’associer à la police pour mettre fin aux agissements d’un serial-killer, « copycat » de morts imaginaires, dans ce qui s’avèrera être son retour à la vie et l’instrument de sa mort.
Ambitieux scénario que celui de cette « Ombre du Mal » qui puise donc dans la réalité, a travers de la fin d’Edgar Allan Poe, pour en sortir un thriller d’époque étonnant à défaut d’être réellement novateur. Car dans le fond, il s’agit d’un « whodunit » relativement conventionnel (qui est le tueur, quel est son plan, comment tuera-t-il, etc...) mis dans un contexte qui sort par contre de l’ordinaire. Et c’est là qu’on trouvera matière à apprécier ce thriller autrement bien agencé, qui joue peut-être trop la carte de la course poursuite au détriment d’autres éléments de son histoire. Pourtant, même ainsi, on se laisse prendre par l’originalité du fond, à savoir une sorte d’ancêtre de serial-killer complètement psychotique et ravagé, qui s’inspire des œuvres de son auteur préféré pour jouer avec lui à une sorte de duel du chat et de la souris dont l’issue sera obligatoirement fatale pour certains des protagonistes concernés, voire même le principal, soit Edgar Allan Poe lui-même. On fera fi de la crédibilité du propos, pour se laisser alors emporter par cette chasse macabre dont chaque mort sera à rattacher à une histoire de Poe. Par contre, la juxtaposition à ce qui est d’abord et avant tout un thriller, d’un point de vue lié directement à l’écrivain, à savoir celui d’un être torturé par la perte d’un être cher, ce qui conjugué à un désespoir qu’il noie dans l’alcool, lui permettra de créer ce style littéraire unique, mélange de romanesque macabre et d’amour perdu, a du mal à s’homogénéiser dans l’ensemble du film. Mais ce n’est qu’une impression sur un film somme toute original, soigné (la reconstitution d’époque rappelle le génial « From Hell »...), qui surfe logiquement sur le succès des « Sherlock Holmes » de Guy Ritchie avec Robert Downey Jr, mais la démesure en moins, la noirceur en plus, signé par un spécialiste du genre (de James McTeigue, on se souvient de l’excellent « V pour Vendetta », du très bon et simplement jouissif « Ninja assassin ») et qui trouve en l’interprète de Poe, à savoir John Cusack, celui qui restitue bien tout le mal être du pionnier des thrillers noirs, nimbés d’une horreur gothique macabre visuellement très détaillée. Et qui comme d’autres génies artistiques en leur temps, n’étaient pas à leur place dans leur époque respective, les plongeant alors dans une folie destructrice fatale.
St. THIELLEMENT
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