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Scén. : Vlas & Charley Parlapanides
Avec : Henry Cavill, Mickey Rourke, Freida Pinto, John Hurt, Stephen Dorff, Luke Evans.
Distribué par Metropolitan Filmexport
110 mn
Sortie le 23 Novembre 2011
Note : 8/10
« 300 », « Le choc des titans » et aujourd’hui « Les immortels » : antiquité et mythologie constituent de nouveau une nouvelle manne scénaristique pour le cinéma, grandement aidés par les effets spéciaux digitaux qui permettent de recréer des mondes disparus et extraordinaires sans tomber dans le kitsch absolu (qui peut très vite sombrer dans du pur nanar comme la version originale du « Choc des titans », absolument insupportable à revoir aujourd’hui, alors que ceux des années 50 & 60 s’avèrent autrement plus réussis, conservant de ce fait intact leur charme d’époque...). Heureusement, on n’en est pas encore à avancer l’idée de remake d’authentiques chefs-d’œuvre tels que « Ben-Hur » (qui par sa puissance entièrement apportée par les prouesses humaines sur tous les plans, ne supporterait même pas la moindre allusion à une version revisitée digitalement... mais on n’est pas à l’abri d’un fou !). Mais de nouvelles histoires pointent à l’horizon, telle celle-ci, versant en pleine mythologie grecque, produite par les mêmes qui lancèrent « 300 » (ce qui n’est pas la meilleure des références non plus, sans être la pire...), et signée d’un des cinéastes les plus visuellement créatifs connus, Tarsem Singh qui, outre des vidéo-clips plus marquants que la moyenne, plongea Jennifer Lopez dans l’esprit d’un serial-killer de façon assez cauchemardesque avec « The cell », avant de s’attaquer pendant quatre ans à un projet fou : filmer des images simplement parfois extraordinaires au service d’une histoire fantastique dans le superbe « The fall » (qu’on peut aussi détester, ça se comprend). Il n’y a pas à dire, « Les immortels » était fait pour lui.
Pour venger la mort de sa femme et de ses enfants, le roi crête Hypérion veut libérer les Titans, endormis dans les collines de Grêce afin qu’ils puissent combattre et exterminer les Dieux de l’Olympe. Mais face à lui va se dresser Thésée, jeune artisan courageux qui va défier Hypérion suite au meurtre de sa mère par ce roi sanguinaire. Aidé par une oracle, Phèdre, et indirectement par Zeus lui-même, Thésée va tout faire pour empêcher Hypérion de s’approprier l’arc d’Epire, forgé par Hercule, lequel lui permettrait de détruire la prison des Titans...
Commençons par le commencement : les noms vous interpellent peut-être à un certain niveau, mais « Immortels » se sert d’eux pour bâtir un récit complètement fantasque et totalement inédit. Les légendes et la mythologie sont allègrement mélangées :Thésée a existé, le Minotaure aussi, Phèdre également, mais dans la « réalité », Thésée a créé Athènes, s’est marié avec Phèdre qui se révéla être une belle pourriture, et Hypérion n’était pas le mégalomane sadique et destructeur tel qu’il est présenté ici. Est-ce gênant ? Pas le moins du monde, puisqu’à la base, c’est de la mythologie donc on peut détourner un peu les situations et les personnages au profit d’une nouvelle vision, orchestrée par des scénaristes passionnées du genre, et qui trouvent surtout en la personnalité de Tarsem Singh celui qui peut transcender ce qu’ils ont imaginé. Et c’est là que se situe le meilleur des « Immortels », bien supérieur quelque part à « 300 » (qui vieillit très vite et pas très bien, mais qui reste en soi une certaine expérience), au travers de l’extraordinaire vision fantasque du cinéaste. Car en voyant certains des personnages des « Immortels », tels que les Dieux de l’Olympe, on peut s’empêcher de songer au voyage de Jennifer Lopez dans le psyché d’un tueur. Singh qui donne aussi au Minotaure une identité totalement inédite et quelque part plus réaliste, Singh qui confère à ses scènes de bataille une réelle puissance majestueuse, Singh qui ne se contente pas de violence virtuelle avec des gerbes de sang en CGI mais n’hésite pas à sombrer dans une violence barbare et sanglante, même au travers des actes des Dieux, Singh enfin qui s’inspire de certains tableaux de la renaissance sur la mythologie pour donner vie différemment à ces récits d’un autre temps. L’autre force du film, ce sont surtout deux de ses acteurs, Henry Cavill (le futur Clark Kent / Superman de Zack Snyder) en Thésée et Mickey Rourke (qui n’a cure du film mais admet l’avoir fait uniquement parce qu’il était dirigé par Tarsem Singh dont il admire le talent, Rourke étant très porté sur l’art au passage, petite anecdote comme ça, là...) en Hypérion, que le cinéaste n’hésite pas à jeter dans l’arène pour des confrontations physiques réellement impressionnantes. Et de ce fait, ce n’est donc pas curieux de constater que la seule faiblesse des « Immortels » est liée à tout ce qui touche purement et simplement aux humains, et qui là, pêche vraiment au point de sombrer dans un film d’une autre époque, par rapport au reste, et pour lequel Tarsem Singh n’arrive pas à trouver le ton adéquat. Pour Singh, « Les Immortels » sera le film mythologique qu’on attendait de lui, et une troisième œuvre (moins aboutie que « The fall » qui demeure à ce jour sa pièce maitresse), constituant de nouveau une véritable odyssée en un autre monde. En soi, il s’avère bien plus ambitieux, fou, sauvage, éblouissant et même dégénéré que « 300 », celui auquel on le réfère. Sauf qu’il est définitivement plus réussi.
St. THIELLEMENT
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