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  Sommaire - Films -  M - R -  Mélancholia
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"Mélancholia " de Lars Von Trier

Rares sont les films ayant pour sujet la destruction de la terre qui ne se diluent pas bien vite dans une myriade d’effets spéciaux. Puisqu’il faut en finir, autant que ce soit dans un grand feu d’artifice, à la mesure de l’évènement cosmique ; et que le spectateur, convié symboliquement à une dernière séance, en ressorte plein les mirettes. Aux antipodes des blockbusters américains - comme « La guerre des mondes » de Steven Spielberg ou « 2012 » de Roland Emmerich - se situe « Mélancholia », le dernier film de Lars Von Trier. S’il est question ici de science-fiction, c’est par le canal de la psychologie qu’elle s’insinue progressivement dans l’esprit du spectateur. Et la mélancolie, cet état d’âme si souvent associé au génie artistique, ne fait pas que donner son nom à une planète mystérieuse faisant dangereusement route vers la nôtre ; elle travaille secrètement les principaux protagonistes de cette histoire pourtant commencée dans la fête, bouleverse et réajuste leur rapport au monde. Jusqu’à ce que nous comprenions, de scène en scène, de signe en signe, qu’elle est moins la cause que l’effet... Alors tout s’éclaire : le mariage gâché de Justine, sa dépression, les dérèglements climatiques et animaliers, dans l’acceptation finale d’un sort commun.

Condensant habilement les peurs contemporaines dans son scénario, Lars Von Trier signe, avec « Mélancholia », un film d’une sombre beauté, dont la vision ne peut laisser personne indifférent. La dimension universelle de son propos, les sentiments troubles qu’il remue avec beaucoup de justesse, induisent les conditions d’une véritable catharsis cinématographique. Loin de représenter une incursion dans un genre réputé populaire, « Mélancholia » s’inscrit dans la continuité d’une œuvre faisant la part belle à des personnages féminins forts et originaux. Ici c’est le duo sororal formé par Justine (Kirsten Dunst) et Claire (Charlotte Gainsbourg) qui porte le film sur leurs épaules. Elles donnent d’ailleurs leurs prénoms aux deux actes qui composent le film. A travers leurs rapports, tour à tour tendres et virulents, s’opère un renversement dialectique, la plus forte des deux face à la menace imminente n’étant pas celle que l’on croyait. Kirsten Dunst, 29 ans, illumine son personnage de sa grâce et de son talent. Le jury cannois ne s’y est pas trompé qui lui a décerné, en mai dernier, le Grand Prix d’interprétation féminine, ayant maintenu le film en compétition malgré les propos stupides de Lars Von Trier sur Hitler. Mais Charlotte Gainsbourg - qui s’affirme décidément comme une grande comédienne - aurait mérité la même distinction si elle ne l’avait déjà obtenue, voici deux ans, pour son rôle dans « Antichrist », également sous la houlette du cinéaste danois. La dernière scène, dans le jardin du château, alors que la collision se précise, conjugue admirablement terreur et sérénité. Et nous adresse tacitement cette question angoissante : qu’aurions-nous fait, heureux spectateurs que nous sommes, à la place de Justine et de Claire ? Un grand film.

Jacques LUCCHESI

· Titre : Melancholia
· Réalisation : Lars Von Trier
· Scénario : Lars Von Trier
· Direction artistique : Simone Grau
· Décors : Jette Lehmann
· Costumes : Manon Rasmussen
· Photographie : Manuel Alberto Claro
· Montage : Molly Marlene Stensgaard, aidée de Morten Højbjerg
· Supervision des effets spéciaux : Peter Hjorth
· Production : Meta Louise Foldager et Louise Vesth
· Sociétés de production :Zentropa, Memfis Film, Slot Machine, BIM Distribuzione et Trollhättan Film AB, en co-production avec arte France Cinéma et une aide au financement de Eurimages
· Sociétés d’effets spéciaux : Dansk Speciel Effekt Service et Filmgate
· Société de distribution : Nordisk Film
· Pays d’origine : Danemark, Suède, France, Allemagne, Italie, Espagne
· Langue originale : anglais
· Budget : 52,5 millions couronnes danoises (7 400 000 dollars)
· Format : Couleurs - Dolby Digital
· Genre : drame, catastrophe
· Durée : 130 minutes
· Date de sortie en France : 10 août 2011

Distribution
Kirsten Dunst : Justine
Kiefer Sutherland (VF : Bernard Lanneau) : John
Charlotte Gainsbourg (VF : Elle-même) : Claire
Charlotte Rampling : Gaby
John Hurt : Dexter
Alexander Skarsgård : Michael
Stellan Skarsgård : Jack
Brady Corbet : Tim
Udo Kier : Wedding planner
Jesper Christensen : Little Father
Cameron Spurr : Leo



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