SF Mag
     
Directeur : Alain Pelosato
Sommaires des anciens Nos
  
       ABONNEMENT
Sfmag No122
118

11
F
é
v
RETOUR à L'ACCUEIL
BD   CINÉ   COUV.   DOSSIERS   DVD   E-BOOKS  
HORS SERIES    INTERVIEWS   JEUX   LIVRES  
NOUVELLES   TV   Zbis   sfm   CINÉ-VIDÉOS
Encyclopédie de l'Imaginaire, 18 000 articles
  Sommaire - Films -  G - L -  La Planète des singes : les origines (Rise of the Planet of the Apes)
Voir 103 livres sur le cinéma, romans, études, histoire, sociologie...

"La Planète des singes : les origines (Rise of the Planet of the Apes) " de Rupert Wyatt

 

Scénario : Amanda Silver & Rick Jaffa
Avec : James Franco, John Lightgow, Andy Serkis, Freida Pinto, Brian Cox, Tom Felton.
Distribué par Twentieth Century Fox
106 mn
Sortie le 10 Août 2011
Note : 9/10

Il y a maintenant dix ans, Tim Burton signait le remake d’un classique de la science-fiction qui, avec « 2001 l’odyssée de l’espace », révolutionna le genre, à savoir « La planète des singes ». Projet longtemps annoncé, parfois alléchant (signé Cameron avec Schwarzenegger), « La planète des singes » nouvelle version ne fit pas oublier son modèle, décevant ses fans et ceux de Burton. Bon, juste comme ça entre nous, franchement, c’est son dernier bon film, et malgré ses « erreurs », il est cent fois plus regardable que n’importe quel Burton qui suivit. Revenons à « La planète des singes » : à l’origine un roman du français Pierre Boulle, une adaptation qui marque encore les mémoires par son apocalyptique final, Charlton Heston esclave d’un peuple singe ayant domestiqué l’être humain... Quatre séquelles furent lancées, la première (« Le secret de la Planète des Singes ») étant la plus mauvaise, la seconde (« Les évadés de la Planète des Singes ») revenant aux sources en envoyant à notre époque un couple de singes. « La bataille de la Planète des Singes » et « La conquête de la Planète des Singes » montrant comment l’humanité se détruisit au profit d’une civilisation dominée par les singes. Et c’est sur ces deux derniers que s’appuie ce nouveau chapitre : comment l’homme en est arrivé là, c’est dans « La Planète des Singes : les origines ».
Brillant scientifique, Will Rodman (James Franco, très à l’aise et convaincant) travaille sur un projet pouvant guérir la maladie d’Alzheimer et tout ce qui touche à la dégénérescence des cellules du cerveau. Croyant avoir trouvé le remède après avoir pratiqué des tests sur les chimpanzés, Will se voit retiré toute finance suite à un incident qui conduit à l’élimination de chaque singe de son laboratoire. Sauf un, qu’il recueille et soigne, un jeune bébé qu’il va prénommer César. Très vite, en grandissant, Will comprend que César a reçu par sa mère, le sérum que testait le savant. Will reprend alors ses travaux, et s’occupe de la vie de César. Cependant, César est amené un jour dans un refuge pour chimpanzés, au désespoir de Will. Là, le singe va comprendre la vie de ses congénères et après avoir lui-même subi des mauvais traitements, il prépare un plan ultime qui va changer l’avenir de l’humanité.
Signé Rupert Wyatt, jeune cinéaste britannique qui s’était fait remarquer avec son premier film, « The escapist » (« L’ultime évasion » pour sa sortie vidéo en France, et à ne pas confondre avec un autre « Escapist » où un homme se faisait volontairement emprisonné pour aider le meurtrier de sa femme à s’évader... Ca rappelle un peu une célèbre série, non ? Avec Brian Cox qui aidait finalement un groupe de prisonnier à planifier une évasion, lui la dirigeant, à six mois de sa sortie, mais pour être là pour les dernières heures de sa fille, mortellement malade : thriller carcéral pas mal, à la chute surprenante), « La Planète des Singes : les origines » démontre rapidement un traitement sérieux et surtout particulièrement intelligent, au vu de l’histoire. On ne montrera pas la Terre aux mains des singes, mais bien le début, le tout tournant autour de César, le plus intelligent de tous. « La Planète des Singes : les origines » n’est ni une grosse série B opportuniste, ni un blockbuster comme pouvait l’être le remake de Tim Burton. C’est un pur film de science-fiction ambitieux, et qui étonne par sa rigueur pour parvenir à ses fins. Tout y est, les expériences liées à Alzheimer, l’entêtement du scientifique via un père atteint de cette maladie, ce bébé chimpanzé qui « mute » intellectuellement suite à l’hérédité reçue d’un sérum développant les cellules du cerveau, sa part d’animal sauvage qui explose face à la violence, son emprisonnement où il retrouve d’autres singes qui posent les basent de la future civilisation des singes (les gorilles, les orangs-outangs), ce qui va aussi causer la perte irrémédiable de l’être humain, etc... Ne cédant jamais à la facilité, Wyatt et ses scénaristes embarquent leur récit vers quelque chose qui sonne différemment dans le paysage actuel cinématographique de ce genre. Pour une fois, il y a une véritable histoire, ce qui devrait toujours compter en premier. Même l’émotion trouve sa place sans jamais sembler inopportune ou envahissante. Tout ce qui faisait les qualités de « The escapist » se retrouve ici, dans un projet bien plus complexe et sensible, qui peut très rapidement sombrer dans le ratage total sans une parfaite maitrise de l’histoire, confirmant les qualités du jeune cinéaste britannique. Bien entendu, tout cela ne serait pas aussi puissant sans l’apport des effets spéciaux, et surtout de la Performance Capture, celle qui fit revivre King-Kong et le Gollum, lesquels ne seraient rien sans Andy Serkis, acteur surdoué pour jouer de tels monstres avant d’être retravaillé en post-production pour ne plus rien laisser transparaitre de son identité physique humaine. Après une dernière partie spectaculaire et destructrice, une fin simple et en parfaite osmose avec le reste, simple mais inéluctable quant aux futures prochaines dizaines d’années, conclut cette étonnante « séquelle remake ». Seuls quelques personnages à la limite de l’excès caricatural (comme le voisin ou le gardien du zoo, incarné par Tom Felton, alais Draco Malefoy dans les « Harry Potter » : lui, il aura du mal à changer d’étiquette...) empêchent le film de frôler une relative perfection. Mais en l’état, il n’y à pas à tergiverser : « La Planète des Singes : les origines » est une réussite (et d’après le roman d’origine, la seconde après le film de Franklin J. Schaffner !), et même s’il n’en est pas un mais qu’on le considère comme tel, alors il constitue, avec « X-Men First Class » et « Captain America First Avenger », le troisième meilleur blockbuster de l’été 2011.

St. THIELLEMENT

(Une autre chronique de ce film est disponible dans le sfmag No 73 en vente en kiosques du 25 août au 25 octobre 2011)



Retour au sommaire