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Scénario : Erich Vogel & Antoine Blossier
Avec : Gregoire Colin, François Levental, Berenice Bejo, Fred Ulysse, Joseph Malerba
Distribué par Rezo Films
80 mn.
Sortie le 13 Juillet 2011.
Note : 8/10.
Bon gré, mal gré, et même si les réussites se comptent sur les doigts d’une main (si, si !), le cinéma Fantastique en France constitue un genre qui continue de susciter des projets qui arrivent à être menés à bout par leurs géniteurs, au bout de bien des périples. Encore une fois, pour des résultats parfois qui laissent pantois devant tant de... Enfin, devant un manque flagrant de talents en tout, voilà, c’est dit ! Et encore une fois aussi, pour des « réussites » (toutes proportions gardées, diverses et variées...) telles que « Haute tension », « Frontière(s) », « La horde » et « Captifs », on a une flopée de « ratages » (là, on met tout le monde dans le même panier, les prétentieux comme les sincères mais aussi peu talentueux...) tels que « Saint Ange », « Martyrs » (maintenant, vous savez qui est est parmi les prétentieux...), « Mutants », « Humains », « La meute », etc... (Et pour en savoir plus, un petit dossier est présent dans le dernier numéro de SF Mag, en kiosques en juillet et août 2011, qu’on se le dise !). Aussi, découvrir un nouveau film de ce genre bien de chez nous s’avère aujourd’hui une expérience parfois un peu pénible. Mais quant au final, on est limite de sauter de joie tant le résultat dépasse enfin nos espérances, là, c’est sûr, le cercle limité des réussites vient de s’agrandir, et son nouveau membre s’intitule « La traque ».
Dans une région agricole connue aussi pour son territoire de chasse assez riche, on découvre des animaux qui se sont littéralement jetés sur les clôtures électriques, comme pour échapper à la pire des menaces. Propriétaire de terres de chasse et de l’usine détentrice du pouvoir absolu économique de la région, Nicolas, son fils et son futur gendre, Nathan, ainsi que quelques autres partent alors traquer la bête responsable du carnage. Mais ce qu’ils vont découvrir est au-delà de leur imagination, tout en étant lié à l’activité de Nicolas : par la pollution, le monstre est vivant.
Bien entendu, on songera rapidement à « Razorback » à cause du monstre en question. Et bien entendu, le film de Russel Mulcahy demeurera toujours sur son piédestal quant à sa bestiole. Car ici, les moyens sont limités, et c’est la bête qui le confirme. Qu’importe, car pour une fois, on est en face d’un vrai scénario, avec des personnages qui existent, qui font vraiment partie de notre quotidien, ce qui change de ces pseudos-cannibales dégénérés dont le summum dans la débilité fut atteint avec l’affreux « La meute ». Nicolas, c’est le J.R. local, et « La traque », c’est une intrigue pourrie et noire dans la bourgeoisie provinciale à la Chabrol ou même à la « Châteauvallon » (pour celles et ceux qui connaissent, un « Dallas » à la française, tout un programme car ce n’était pas du Chabrol non plus !) conjuguée soudainement au fantastique le plus pur, au travers d’un monstre, d’un animal bien de chez nous qui a muté ! Alors, moyens limités obligent, il ne faut pas s’attendre à du « Jurassic Park », mais talents présents au travers des deux scénaristes Erich Vogel et Antoine Blossier, qui sont d’abord et avant tout deux amoureux du genre, doués en écriture, intelligents car respectant les codes tout en les intégrant dans notre culture et non en les appliquant à l’inverse (« faire comme les autres là-bas, outre-Atlantique... »), soucieux de crédibiliser au maximum l’intrigue via des personnages concrets et qui contribuent au climax du film. Le résultat est là, c’est écrit et tourné avec les tripes, dans la souffrance, privilégiant aussi au maximum un climax de pure terreur et de folie, et cela se ressent jusqu’au final, qui une fois de plus, touche au but via les protagonistes. Tout n’est pas parfait, certes, mais dans certains cas, au vu du reste, on oublie et on savoure franchement une excellente petite surprise comme on n’en espérait plus depuis longtemps. Bienvenue dans le cercle restreint des réussites du genre made in France, « La traque ».
Stéphane Thiellement
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