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  Sommaire - Livres -  S - Z -  Le juif Süss et la propagande nazie
Voir 103 livres sur le cinéma, romans, études, histoire, sociologie...


"Le juif Süss et la propagande nazie"
Claude Singer

Editeur :
Belles Lettres
 

"Le juif Süss et la propagande nazie"
Claude Singer



Présentation de l’éditeur

L’itinéraire tragique de Joseph Süss Oppenheimer, un juif de cour ayant vécu au Wurtemberg au début du XVIIIe siècle, a inspiré toutes sortes de livres, de pièces et de films. Il a notamment donné naissance à une nouvelle de Wilhelm Hauff (1827), à plusieurs études historiques au XIXe siècle, au roman de Lion Feuchtwanger (1925), aux pièces d’Ashley Dukes (1929) et de Paul Kornfeld (1930), et au film antiraciste de Lothar Mendes (1934).

Cette étude montre comment, à l’initiative de Joseph Goebbels, ministre de la Culture et de la Propagande du IIIe Reich, le cinéma nazi s’est emparé de ce personnage historique. En effet Veit Harlan réalise en 1940 le film Jud Süss, où certains crimes attribués au personnage central vont justifier les mesures antijuives du moment. Grâce à des documents inédits et à une iconographie très riche, l’auteur dévoile comment le film nazi a été conçu, réalisé et diffusé sur une large échelle, attirant au total plus de vingt millions de spectateurs en Europe.

Avis de Valérie

Le juif Süss est ’principalement’ un roman de Lion Feuchtwanger. Car même si le thème incarné par le Juif de cour Joseph Süss Oppenheimer (ayant réellement existé) avait déjà été décliné sur de nombreux supports avant l’arrivée du roman, c’est cet écrivain allemand qui a connu la plus grande notoriété grâce à cette histoire. Il fut d’ailleurs le premier best seller mondial et de nombreux films ont adapté à partir de cette version.

Le roman relate la grandeur et la décadence du conseiller du duc de Wurtemberg (ancien duché allemand) Joseph Süss Oppenheimer, homme israélite assimilé qui, grâce à son ambition et son intelligence, avait fait prospérer son seigneur et offert protection à son peuple. Sa soif de pouvoir l’aurait mené à sa chute, suite à la disparition du duc, il fut pendu par le tribunal populaire.

Avant les années 40, des adaptations ont vu le jour mettant en parallèle la vie de Süss et les mesures antijuives de plus en plus virulentes de la part du parti national socialiste allemand. Elles soulevaient des protestations sérieuses, mais qui ne furent pas suffisantes pour contrer ce que Goebels fit du même scénario : une version où la dualité de notre héros fut exploitée par un travail de propagande particulièrement intelligent pour renverser les émotions en faveur du pur et noble peuple aryen au contraire du mesquin et arriviste profiteur, qui par son égoisme forcené et sa soif viscérale de richesse pousse les bonnes gens au désespoir.

Cet essai a tout de la thèse tant chaque assertion est documentée, recoupée et annotée. Cela ressemble au travail d’une vie. L’auteur impressionne par sa culture, pas seulement sur la propagande nazie, puisqu’il s’agit de ça, mais également sur le cinéma mondial, l’antisémitisme, la sociologie, l’économie des nations et j’en passe. L’érudition de l’auteur est phénoménale et impressionnante.

Il utilise tout cela pour produire une œuvre qui se lit avec beaucoup de fluidité et qui par la mise en abyme d’un seul film permet de brosser un portrait du cinéma d’avant-guerre, mais aussi de la malignité de la propagande de Goebels, de la lâcheté de l’humain en général, mais aussi sa bêtise crasse.

C’est particulièrement bien fait et d’une manière étonnante, cela se lit facilement avec beaucoup d’intérêt. Le procédé de détourner le sujet principal (antisémitisme) pour décrire par le détail le production d’un film qui renvoie et met en lumière ledit sujet est brillant. C’est un livre qui mérite un intérêt bien plus important que l’on pourrait le penser et qui est également un témoignage tant il est particulièrement illustré.

Brillant, étonnant et... nécessaire.

Biographie de l’auteur

Claude Singer, historien, est l’auteur aux Belles Lettres de Vichy, l’Université et les juifs (1992, grand prix de la LICRA) et de L’Université libérée, l’Université épurée 1943-1947 (1997). Responsable du secteur pédagogique au CDJC (Centre de Documentation Juive Contemporaine, Mémorial de la Shoah), il enseigne aussi depuis plusieurs années les représentations des juifs au cinéma à l’Université de Paris I (Panthéon-Sorbonne) dans le cadre du DUEJ (Diplôme Universitaire d’Etudes sur le Judaïsme).

Fiche Technique

Format : broché
Pages : 345
Editeur : Belles Lettres
Collection : Histoire
Sortie : 15 avril 2003
Prix : 25 €





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