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  Sommaire - Films -  M - R -  Que justice soit faite (Law Abiding Citizen)
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"Que justice soit faite (Law Abiding Citizen) " de F. Gary Gray

 

Scénariste : Kurt Wimmer
Avec : Gerard Butler, Jamie Foxx, Colm Meaney, Bruce McGill, Leslie Bibb.
Distribué par Wild Bunch Distribution
108 mn
Sortie le 22 Décembre 2010
Note : 8/10.

Sorti il y a maintenant plus d’un an aux States, le dernier polar de F. Gary Gray, spécialiste du genre, capable du pire (« Be cool ») comme du meilleur (« Le prix à payer », « Negociator », « Braquage à l’italienne », sans tomber dans le chef-d’œuvre mais ayant au moins le mérite d’être d’excellents...) arrive enfin dans nos salles. Pourquoi tant de temps, surtout que le film est passé par la case du Festival du Film Policier de Beaune (celui qui remplace Cognac depuis deux ans et que personne ne connait...) et qu’il aurait pu sortir cet été, un choix plus logique qu’à l’approche de Noël (comme film de Fêtes, hein, ce n’est pas vraiment le dernier Disney...), la question reste en suspens pour un sujet difficile qui fut un des succès surprises de l’an passé outre-Atlantique (73 millions de dollars de recettes quand même, sans méga tête d’affiche...).
Un soir, le bonheur de Clyde Shelton bascule dans l’horreur : sa femme et sa fille sont sauvagement assassinées par deux junkies psychopathes. Mais suite à un accord avec le procureur, celui qui a tenu le couteau obtint une peine minimale pour avoir montré son complice comme seul responsable du meurtre. Mais Clyde avait tout vu, et cette justice n’est pour lui qu’une honte totale. Ce jour-là, Clyde va mourir... Dix ans plus tard, il revient, torture et tue le second coupable, se fait enfermer en prison et propose au même procureur un marché : la justice doit être revue ou il tuera toutes celles et ceux qui contribuent à ce que les coupables s’en sortent mieux que leurs victimes.
Sur un scénario signé Kurt Wimmer, un spécialiste d’un certain style de thrillers et autres polars (dans le pire : « La recrue », « Ultraviolet » qu’il a aussi réalisé ; dans le « meilleur » : un très bon petit polar qu’il a simplement réalisé, « One tough bastard » avec Brian Bosworth, et autrement en tant que scénariste « Thomas Crown » de John McTiernan, « Au bout de la nuit » avec Keanu Reeves, et dernièrement l’excellent « Salt » avec Angelina Jolie), « Que justice soit faite » ne cherche pas à simplement donner une nouvelle variante d’un « Justicier dans la ville », mais démonte les mécanismes d’une justice qui en vient à se parjurer tant les raisons invoquées dans certains verdicts vont à l’encontre de la normalité. Après, il y a bien entendu l’étude du dossier et de ses preuves et de tout le mécanisme inhérent à toute affaire traitée. Mais comment un homme sans histoires, témoin du plus atroce des crimes où il voit entre autres sa gamine aller vers la plus abominable des morts, peut-il considérer une justice qui négocie avec celui qu’il a vu perpétré ces crimes ? Là est le point d’orgue de l’histoire, qui donne au film son « originalité » à savoir que ce n’est pas simplement une vengeance (comme Clyde le dit lui-même car il aurait pu l’appliquer depuis des années...) mais plus un gigantesque plan pour montrer à la justice ses travers et autres faiblesses. Alors oui, l’innocent se transforme en coupable, mais ça, et c’est là un des points forts du film, c’est arrivé dix ans auparavant, quand il a perdu toute civilité lors du verdict final à l’encontre des meurtriers de sa famille. Et qui en même temps rappelle une des répliques célèbres du « Justicier dans la ville » justement, quand on demande à Bronson comment appelle t’on quelqu’un qui ne réagit pas face à de telles horreurs, ce dernier répond : quelqu’un de civilisé. Clyde Shelton ne l’est plus depuis dix ans, son plan est monstrueusement machiavélique mais monumental et surtout il a eu dix ans pour le préparer et en plus, il n’est pas aussi « simple » citoyen que cela... De ce scénario certes un poil rocambolesque mais cependant bien soutenu et prenant un point original sur un sujet souvent traité au cinéma, à tort et à travers aussi, F. Gary Gray en tire un thriller des plus efficaces, se reposant beaucoup sur la composition d’un excellent Gerard Butler qui domine aisément le toujours pas très convaincant Jamie Foxx (acteur très surestimé...), qui se termine cependant sur une (fausse) note assez moralisatrice (public américain oblige, certainement...), compensée par la dernière image qu’on gardera de Clyde, cet homme qui n’aspirait plus qu’à profiter de son bonheur et qui en perdant tout n’avait plus rien qui le tenait en vie, n’avait plus rien à perdre.

St. THIELLEMENT



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