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Sommaire - Interviews -  Norman Spinrad


"Norman Spinrad" de Par Marc Bailly


Quand on rencontre un véritable écrivain, on le reconnaît immédiatement. Chaque mot est pesé, placé là où il faut, sans fioriture, ni effet stylistique pompeux. Il est percutant, sans concession. L’auteur est en pleine possession de ses moyens, et il écrit. Norman Spinrad est un écrivain, un vrai. Doué, en prise directe avec la réalité et le monde dans lequel il vit, il ouvre les portes de l’authentique, de ce qui pourrait être, de ce qui sera peut-être. Bleue comme une orange, son dernier roman en date lui ressemble parfaitement. Visionnaire, sarcastique, direct, vivifiant, plein de bonne humeur. Quand on rencontre Norman Spinrad, ce qui frappe surtout, en dehors de son regard qui vous transperce l’âme, ce sont les mots qu’il utilise. Détonants, sonores, et vrais. Monsieur Spinrad, éclairez-nous encore.


Norman Spinrad est né à New York le 15 septembre 1940. Il publie sa première nouvelle en 1963 dans Analog. De 1963 à 1966, il écrit plusieurs nouvelles. Il se construit immédiatement une sérieuse réputation. En 1966, il publie son premier roman Les Solariens. Mais c’est en 1969, avec Jack Barron et l’éternité qu’il atteint la célébrité. Suivront des romans comme Rêve de fer, Les Avaleurs de vide, Les Miroirs de l’esprit, La Grande guerre des bleus et des roses, Rock Machine, etc.


Pourquoi ce titre “Bleue comme une orange” ?



Je n’ai pas choisi le titre français. Flammarion a choisi sans me demander mon avis. Peut-être parce que j’étais à New York le 11 septembre et que les communications étaient difficiles. Lorsque je suis rentré à Paris, les couvertures étaient déjà imprimées et il était trop tard pour y changer quoi que ce soit.


Avec ce livre, quel message aimeriez-vous faire passer à vos lecteurs ?


Si je pouvais répondre à cela dans une simple interview, je n’aurais pas pris la peine d’écrire tout un livre. Et puis les romans sont d’abord des histoires avant d’être le véhicule de messages.


Qu’est-ce que la Crise de Transformation ?


En bref, je poursuis un thème que j’ai formulé il y a quelque temps lors d’une conférence : la crise de transformation. Je crois que toute civilisation d’êtres conscients approche un jour ou l’autre de cette crise. Ce moment où une espèce tient en main sa propre destruction, avec l’arme nucléaire, la génétique, l’effet de serre... Nous entrons, nous l’espèce humaine, dans une crise de transformation. Nous avons le pouvoir, les moyens de détruire la planète, de détruire l’espèce humaine. Et nous en avons conscience. J’ai écrit beaucoup de livres qui s’inspirent de ce thème. Au bout de vingt ans, je me suis aperçu que mon œuvre suivait ce même fil.


L’être humain vit-il ses dernières années ?


Non.


Le rôle de l’écrivain est-il de dénoncer les travers de l’humanité ?


Je ne crois pas que les auteurs doivent avoir un rôle précis dans la société. J’écris chacun de mes romans pour des raisons différentes qui varient souvent d’un livre à l’autre.


Pourquoi écrivez-vous ?


Je ne sais pas comment répondre à cette question, puisque je crois que la plus grande partie du processus créatif se déroule dans le subconscient.


Que feriez-vous si vous n’écriviez pas ?


Un rentier, milliardaire.


Quel est votre meilleur livre, d’après vous, et pourquoi ?


C’est comme si vous demandiez à des parents lequel de leurs vingt enfants ils préfèrent. Mais j’avoue que j’ai une “ a-list ”. Jack Barron et l’éternité, Bleue comme une orange, L’enfant de la fortune, Rock Machine, Rêve de fer, Chants des étoiles. Mais je n’irai pas plus loin.


Êtes-vous comme certains acteurs qui ne se regardent pas sur un écran ? Relisez-vous vos livres ?


Lorsqu’un de ses livres est publié, un auteur l’a généralement relu trois fois, le premier jet, le manuscrit retravaillé et l’exemplaire martyr de l’imprimeur. Et franchement, après cela, je n’ai pas vraiment envie de le relire une nouvelle fois.


À quoi pensez-vous en entendant le mot “science-fiction” ?


Science-fiction.


Vous vous sentez comme étant un écrivain de science-fiction, un écrivain tout court, un être humain ? Ou les définitions vous n’en avez rien à faire ?


Je me vois comme un auteur qui écrit parfois des textes que certains appellent de la SF. Mais en fait je n’en ai rien à faire des définitions, particulièrement des définitions de “ genre ”.


Pourquoi être venu vivre à Paris ? (Spinrad vit maintenant à Paris depuis 1988, NDR).


Parce que c’est la ville que je préfère dans le monde - mis à part le climat pourri, qui a, dans un sens, inspiré Bleue Comme une Orange. Également parce que c’est une ville au centre de l’Europe, avec de nombreux moyens de transport à la disposition de quelqu’un qui adore voyager beaucoup.


Que vous inspirent les événements du 11 septembre dernier ?


J’étais sur place lorsque cela s’est déroulé, donc les choses sont encore floues dans mon esprit et je crois qu’il est encore trop tôt pour mesurer les conséquences de cette attaque. Plus pour moi que pour d’autres peut-être.


New York, les USA, le monde a-t-il changé après cela ?


Le monde existait avant le 11 septembre et la dernière fois que j’ai regardé par la fenêtre, il existait encore. C’est un événement terrible, un événement important, mais je crois que son importance a été grandement exagérée. La paranoïa qu’il a entraînée est bien pire que l’événement en lui-même.


Après les médias et la politique dans Jack Barron et l’éternité, le sida dans Les Années fléaux, la guerre thermonucléaire dans Chants des étoiles, les sectes dans Les Miroirs de l’esprit, etc. à quoi allez-vous vous “attaquer” dans votre prochain livre ?


Je n’en ai aucune idée. J’écris un seul livre à la fois et je ne choisis pas de “ cible ”. Il faut d’abord que je songe à une histoire.





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