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Réal. & scénariste : M. Night Shyamalan
Avec : Noah Ringer, Dev Patel, Nicola Peltz, Jackson Rathbone, Cliff Curtis.
Distribué par Paramount Pictures France.
103 mn.
Sortie le 28 Juillet 2010.
Note : 1/10.
Mais qu’est-il arrivé à M. Night Shyamalan, ce cinéaste qui après deux films intimistes, pulvérise le box-office avec une histoire de fantômes surprenante (« Sixième sens »), avant de signer son chef-d’œuvre, un des meilleurs films sur la culture des comics (« Incassable »), puis ose traiter du sujet extra-terrestre en le mélangeant habilement avec la foi d’un homme meurtri (« Signes »). A force de trop jouer avec les coups de théâtre et autres surprises inattendues, il commence cependant à « perdre effet » comme le prouve le bon mais finalement très prévisible « Village ». Puis c’est la lente chute avec pour commencer le très nombriliste « Jeune fille de l’eau » où Shyamalan s’octroie même le rôle d’un écrivain dont l’avenir de l’humanité repose sur les épaules dans cette histoire de « sirène » égarée dans notre monde et pourchassée par de féroces créatures. Et pour beaucoup, et malgré d’indéniables qualités mais distillée dans une œuvre trop simpliste voir naïve pour fonctionner totalement, « Phénomènes » est son premier vrai ratage total. Ouais. Hé bien, on n’avait encore rien vu : au moins « Phénomènes » gardait tout de même un peu de son identité, du mystère à la sauce Shyamalan. Avec « Le dernier maître de l’air », tout ceci n’existe plus au profit d’un énorme blockbuster pour enfants mais concocté sans passion, rapidement, sans souci de soigner tant le scénario que la réalisation qu’un casting parmi les pires jamais vus. Alors, il y a l’effet 3D mais qui ici n’est que rajouté comme pour « Le choc des titans », d’une rare laideur (l’éclatante photo qu’on perçoit sans les lunettes, tour à tour chaleureuse par le feu et froide par la glace, devient une fois les lunettes chaussées verdâtre au possible !), ce qui gonfle aisément les chiffres du box-office à la grande joie du distributeur qui ne met même plus que ça en avant. Pour reprendre un des titres de la filmographie de Shyamalan, très mauvais « signe », ça, très mauvais « signe »...
Dans une autre époque, les guerres font rage. La Nation du Feu cherchant impitoyablement à soumettre les trois autres Nations : l’Eau, l’Air et la Terre. Seul un être capable de commander l’ensemble de ces éléments pourrait ramener la paix. Il s’avère que le jeune Aang serait le dernier Maitre de l’Air, celui que la Nation du Feu doit éliminer pour pouvoir continuer ses guerres...
Basée sur un célèbre (ah bon ?!) dessin animé, « Avatar : the last Airbender », le film laissait pourtant augurer d’une œuvre impressionnante via une bande-annonce très efficace. Hélas, il n’en est rien : écrit n’importe comment, alignant les erreurs les plus énormes, se jouant de toute logique (le village d’esquimaux abrite les deux jeunes héros, des blancs !), privilégiant un récit d’aventures pour enfants traité de la façon la plus ringarde qui soit (un bison à six pattes volant, rappelant le dragon poilu de « L’histoire sans fin » ou le bison géant mécanique du « Bison blanc », western avec Charles Bronson, faites un mix et vous obtenez la chose !), interprété par les pires jeunes acteurs du moment avec en tête l’interprète de Aang, à baffer dès le départ, des intrigues et sous intrigues tellement mal agencées (l’amourette de l’esquimau blanc avec la princesse des glaces, ça vaut son pesant de cacahuètes !) qu’elles perdent tout intérêt et crédibilité dès le début de l’histoire, et un final absolument ridicule et immonde dont une bataille finale entre soldats de toutes nations ne possédant aucune chorégraphie digne de ce nom. Et là, on s’interroge : était-ce bien ce film dont la bande-annonce s’était montrée si attrayante ? Oui, on reconnaît les vaisseaux de l’armée du feu, impressionnants, et d’est tout. Le reste est une sinistre farce, insupportable plus de dix minutes, qui se veut grand film d’aventures épiques d’un autre temps, mais qui n’arrive jamais à se hisser ne serait-ce qu’au premier cran de quelque qualité que ce soit. Inutile de préciser que dans ce maelström d’une rare laideur, on ne reconnaît quasiment jamais la « patte » de M. Night Shyamalan, l’auteur de « Sixième sens » ou « Incassable », voir même de « Phénomènes », c’est dire. Pour couronner le tout, une fin ouverte, et cela a été confirmé par tout le monde, producteurs et réalisateur, annonce à notre grande joie que ceci n’était que le premier volet d’une trilogie. Au vu de la catastrophe, en 2D ou 3D (et au passage, privilégiez la 2D...), c’est donner de l’avoine aux cochons. Quand on pense que « La boussole d’Or », un milliard de fois plus réussi, n’a jamais vu ses suites mises en chantier, définitivement, le monde du cinéma ne tourne vraiment parfois pas rond du tout !
St. THIELLEMENT
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