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  Sommaire - Films -  G - L -  Inception (Id.)
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"Inception (Id.) " de Christopher Nolan

 

Réal. & scénariste : Christopher Nolan
Avec : Leonardo diCaprio, Ken Watanabe, Joseph Gordon-Lewitt, Marion Cotillard, Ellen page, Tom Hardy, Gillian Murphy, Michael Caine, Pete Postlethwaite, Lukas Haas, Dileep Rao
Distribué par Warner Bros. Entertainment France
148 mn.
Sortie le 21 Juillet 2010.

Note : 10/10.

Le blockbuster de l’été, et même celui de l’année. Certainement le film le plus attendu aussi car on en sait peu, on voit peu d’images, le mystère est total. Oh, oui, on sait quelques grandes lignes, ou du moins, on croit savoir. Mais le voyage auquel nous convie Christopher Nolan, un des cinéastes les plus puissants du moment puisque son dernier film, « The dark knight » a dépassé le milliard de dollars (et c’est le premier film de Warner Bros. à faire ce score, si on excepte les réévaluations des succès passés en les mettant au goût du jour financièrement...), arrive à surprendre et à nous emmener dans une dimension encore inconnue. Ce qui fait la seconde fois en moins d’un an après « Avatar ». Mais « Inception » est différent, « Inception » est un film noir, d’espionnage, en plein univers « Philip K. Dick », bourré d’action(s), et doublé d’une magnifique et ténébreuse histoire d’amour d’un homme pour sa femme, d’un père pour ses enfants. Il aura fallu des années à Christopher Nolan pour le concrétiser, le peaufiner, l’accepter, le pari est ambitieux, le film l’est encore plus, et le résultat est simplement époustouflant.
Cobb (Leonardo DiCaprio) est le cerveau d’un groupe de voleurs industriels de haut vol. Leur arme : s’introduire dans les rêves de leur cible et voler ses secrets les mieux gardés. Or, une affaire tourne mal un jour et celui qu’ils devaient détrousser les engage pour une mission un peu différente : toujours s’introduire dans les rêves mais suggérer inconsciemment une idée qui pourrait tout changer. Et pour Cobb, la perspective offerte serait celle de ne plus être ce fugitif recherché par toutes les polices de la Terre, et de retrouver sa vie d’avant, avec ceux qui lui manquent le plus.
Voyage non plus au fond de la mémoire mais au fond des rêves. Le tout monté comme un casse, comme le dit si bien Nolan, « un film qui est d’abord un film noir sur un braquage et qui n’a pas besoin de sombrer dans un onirisme surdimensionné ». Comprenez par là que vous allez voir des idées de folie, des séquences toutes plus délirantes les unes que les autres, avec une réalité distendue, modifiée à l’extrême, mais en restant pourtant à une dimension humaine. Si on peut penser à « Matrix » par quelques plans, là s’arrête la comparaison : « Inception » possède une qualité toute simple, celle de rester compréhensible et, quelque part, « réaliste » dans le sens où tout se passe dans un rêve mais pour un conflit entre deux multinationales. L’espionnage est donc de la partie, propulsant les protagonistes aux quatre coins du globe (comme dans un James Bond) selon les rêves, et tout ceci se termine par un final où toutes les pièces du puzzle s’imbriquent de façon logique. Et c’est là aussi une des grandes qualités d’un scénario riche et ambitieux mais aussi « modeste ». Et tout ceci ne pourrait n’être que le film, sauf qu’en plus de ces mondes, théâtres d’implacables luttes pour s’approprier une idée, il y a l’émotion suscitée par un homme brisé et malheureux, qui confère au film un statut de plus. Car l’ensemble est parfaitement homogène, Nolan dirige son chantier avec une force peu commune reconnue des acteurs qui, selon les termes de chacun, confirment le plaisir de « jouer sous la direction d’un cinéaste brillant et inventif, et qui a l’énorme charge de gérer chaque acteur comme si il n’y avait que lui face à la caméra, parce qu’il aime ses acteurs ! ». Et si effets spéciaux il y a, il ne faut pas s’attendre à un déferlement car Nolan, là encore, privilégie plus le naturel que le virtuel, l’imagination humaine étant plus forte que d’extraordinaires effets spéciaux qui n’auraient pas lieu d’être dans son œuvre. Toutes les qualités de Christopher Nolan se retrouvent donc ici, au cœur d’un projet mûri sur une dizaine d’années qui virent progressivement le réalisateur se chercher et se construire au fil de « Memento », puis « Insomnia », avant de le propulser aux projets plus énormes avec « Batman begins », puis une petite aparté plus intimiste avec le magnifique « Le prestige » avant de se lancer dans l’aventure « The dark knight ». Qualités et pratiquement plus de défauts si ce n’est quelques petites longueurs, mais même son point faible, à savoir les scènes d’action, n’existent plus dans « Inception » : c’est certainement son projet le plus monumental, dangereux de par sa complexité en tout (scénario, logistique, casting, mise en scène...), le plus ambitieux aussi mais le résultat, simplement quasiment parfait, est son chef-d’œuvre.

St. THIELLEMENT



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