– Il avait compris que notre arme biologique était l’anti-virus et qu’il coulait dans mes veines.

Devant l’ampleur de l’épidémie causée par le virus V.R.H. l’extrême droite prend de l’ampleur.
La lutte contre les toxicomanes et les contaminés s’accompagnent d’une lutte contre le relâchement des moeurs. Les anciennes prostituées sont cloîtrées dans des foyers (1) et les contaminés dans un ghetto
Néanmoins on trouve toujours au marché noir des 45 tours censurés "Lemon incest" "Loveon the beat"
Or le chercheur Frank Morin progresse dans ses recherches d’un virus artificiel conçu pour combattre le V.R.H. Cela n’arrange pas les affaires d’un de ses rivaux ni du Parti Populaire de Sauvegarde ( dont le leader Marcel Lacroux ressemble à Jean-Marie Lepen).
Trente-deux ans plus tard (sur le dessin certains protagonistes qui doivent avoir la cinquantaine en paraissent 20 de plus) le régime fasciste s’est effondré et l’Organisation Mondiale pour la Démocratie ayant remplacé l’ONU assure la paix mondiale au grand dam des industriels de l’armement.
Mais tout risque d’être remis en question avec la démission prochaine du président accusé de collaboration. Selon la constitution il doit être remplacé par l’un des "7", une des sept personnes qui ont permis la disparition de la dictature. Or il semble qu’autrefois l’un des 7 ait trahi la résistance. Pour Pierre Brisson directeur de la sécurité de l’O.M.D. il convient de démasquer le traître au plus vite avant que ne soit désigné le futur dirigeant.
Aujourd’hui Guy Ruiller est le seul à connaître l’identité du coupable qu’il s’est toujours refusé à nommer. Pour percer ses défenses il convient d’utiliser un fantôme du passé. Il s’agit de Katy Béranger son amour de ses années sombres. Marine Steel étudiante en histoire contemporaine et sosie de son amour disparue devra interpréter le rôle de la résistante. Sous l’effet des drogues et en présence d’un "fantôme" accusateur Guy Ruiller devra communiquer l’identité du coupable.
Les flash-backs permettent de découvrir les trajectoires des protagonistes et les évènements historiques entrecoupées de révélations sur la vie personnelle des héros, des dérapages affectifs et des interventions surprises.
Débutée en 1989 alors que l’épidémie du sida prenait de l’ampleur ( le virus V.I.H. et non V.R.H.) cette série d’anticipation unissait la menace épidémiologique et la transposition de la résistance de la seconde guerre mondiale dans un contexte futuriste ( les camps de concentration devenaient les ghettos ou étaient parqués les infectés par le virus, tandis que la présence de miliciens renvoie au gouvernement de Vichy ).
Si le choix de la narration sur deux époques est aussi efficace qu’original on peut être surpris des décisions prises par les protagonistes. Ainsi il aurait été aisé de propager l’anti-virus au sein du groupe des 7 par voie sanguine ou sexuelle. De même lorsqu’un membre du régime fasciste propose de changer de camp par opportunisme et de devenir le futur dirigeant, les résistants-terroristes auraient pu l’éliminer en gardant ce qu’il proposait. De plus pourquoi accuser l’un des 7 de trahison alors qu’ils ne connaissaient pas l’identité des chefs de la résistance ?
Après réflexion il apparaît que le principal intérêt de cette série repose sur les dessins élégants de Béhé. La série aurait connu un succès moindre si elle avait été confiée à un dessinateur moins talentueux qui n’aurait pas réussi à éclipser les anomalies du scénario

Damien Dhondt

Scénario : Toff & Joseph Béhé, Dessin : Joseph Béhé, Couleurs : Joseph Béhé & Camille Meyer, Coucverture : Joseph Béhé & Gilles Scheid, Préface Dr Georges Yoram Federmann _ Péché mortel intégrale _ Lettrage : Jean-Marc Mayer _ Edition : Vents d’Ouest, collection : Les intégrales _ avril 2010 _ Réédition, moyen format, 224 pages couleurs _ 15 euros