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L’agence tous risques (The A-Team)
Réal. & co-scénariste : Joe Carnahan
Scénariste : Brian Bloom & Skip Woods
Avec : Liam Neeson, Bradley Cooper, Jessica Biehl, Sharlto Copley, Quinton “Rampage” Jackson, Patrick Wilson
Distribué par 20th Century Fox
121 mn
Sortie le 16 Juin 2010
Note : 8/10
Parmi les principales sources d’inspirations du cinéma à l’heure actuelle, voire même depuis quelques années en fait, outre les indispensables remakes, il y a les adaptations cinéma des séries télévisées de légende. Et bien entendu, ça va du pire au meilleur. Le pire, et pour une fois, soyons fair-play, commençons par chez nous, « Les Brigades du Tigre » (une de nos meilleures séries en plus, la honte !) et « Vidocq » (n’importe quoi...), et autrement, « Chapeau melon et bottes de cuir » (épouvantable, même en essayant de le revoir, pas possible, chiant comme la pluie !), « Starsky et Hutch », « Les espions » (bon, celle-là, on s’en fout déjà à l’origine alors...) et celle qu’on ne peut pas totalement détester même si le résultat est... consternant, « les mystères de l’ouest ». On passe aux réussites : le premier « Mission : impossible » (le second passe encore, le troisième difficilement...), « Miami vice » (l’adaptation qui se bonifie à chaque nouvelle vision, magnifique !). Et il en reste encore à venir. Bon, en même temps, dans les séries TV, ce n’est pas parce qu’elles sont populaires qu’elles sont excellentes, comme « L’agence tous risques » par exemple qui se supporte le temps d’un épisode, mais pas avec un deuxième à la suite, avec toujours les « Stephen J. Cannell’s touch » reconnaissables au travers des punchlines ou des cascades (au ralenti) similaires... Pourtant, quand le projet long-métrage se concrétisa, il y eut au moins un élément qui plaidait en sa faveur : le film serait réalisé par Joe Carnahan, cinéaste très doué de « Narc » et « Mises à prix », scénariste du très bon « Prix de la loyauté », qui faillit signer « Mission : impossible 3 » avant d’être débouté par Paramount et Cruise, bref l’élément qui donnait envie de voir le film, c’était lui. Et puis, Liam Neeson en Hannibal Smith en rajouta une couche. Et au final, l’attente fut récompensée...
Durant le conflit irakien, le colonel Hannibal Smith et ses trois hommes constituèrent une sorte d’arme secrète de l’armée : pour eux, rien d’impossible. Mais un jour, un traquenard leur est tendu, ils passent alors en cour martiale et se retrouvent en prison mais séparés. Jusqu’à ce que Smith organise leur évasion et qu’ils n’aient plus qu’une seule mission en vue : trouver les vrais coupables, leur faire payer et ensuite, retrouver enfin leur dignité.
Faire d’une série somme toute très limitée (chaque épisode est un remake du précédent, les acteurs cabotinent, les cascadeurs ne cherchent même plus à leur ressembler !) un bon film d’action peut se concrétiser à condition d’avoir en main quelques atouts. Déjà, avec Joe Carnahan, il y avait peu de chances que le film soit une comédie d’action bourrine signée d’un « yes-man » quelconque (style Jon Favreau, cet acteur comique pas drôle du tout qui pense qu’il sait réaliser parce que ses « Iron Man » ont cassé la baraque...). Ensuite, comme l’ont exprimé les acteurs lors d’une conférence de presse parisienne, l’important n’est pas de « reprendre » des personnages mais de leur insuffler une identité propre via leur nouvel interprète respectif, et non pas de recopier ce que la série avait créé. Liam Neeson s’est fait la tête de Peppard mais possède plus de charisme, donnant à Smith une stature de leader bien plus forte ; Bradley Cooper s’avère play-boy comme Dirk Benedict mais en étoffant plus intelligemment Futé ; Sharlto Copley (l’homme crustacé dans « District 9 ») a voulu garder l’esprit de Looping sans le recopier, en y apportant son inspiration ; et enfin, Quinton « Rampage » Jackson confère à Barracuda bien plus de hargne et de force contenue. Là-dessus se greffe une histoire qui cimente la relation entre les quatre rangers, chose quasiment absente de la série. Laquelle sert donc de référence mais pas de modèle pour une simple copie sur grand écran. Le van de Barracuda sera par exemple présent mais un temps seulement. Tout cela, Joe Carnahan l’a compris avec ses scénaristes et confère donc à son film une puissance inédite que ce soit dans les actions de l’équipe ou dans leurs personnages. Et comme le dit Liam Neeson, « Même un film de cette envergure peut conserver l’âme de son réalisateur... ». Et si on excepte les seules faiblesses du film qui sont certaines scènes d’action trop brouillon, on ne peut que fort justement remarquer que cette « Agence tous risques » n’est pas simplement un film de studio mais d’abord et surtout un film de Joe Carnahan, pas du niveau d’un « Narc » ou d’un « Mises à prix », certes, mais un blockbuster signé Joe Carnahan avant d’être un blockbuster d’un grand studio. Et ça, par les temps qui courent, c’est somme toute assez rare, et le constater n’est ni plus ni moins qu’un gage de qualité qui fait de « L’agence tous risques » le premier excellent blockbuster de cette année.
St. THIELLEMENT
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