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  Sommaire - Films -  G - L -  Infectés (Carriers)
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"Infectés (Carriers) " de Alex et David Pastor

 

Réal. & scén. : Alex et David Pastor
Avec : Chris Pine, Chris Meloni, Lou Taylor Pucci, Piper Perabo, Emily VanCamp
Distribué par Metropolitan Filmexport
84 mn
Sortie le 26 Mai 2010

Note : 9/10

Un premier petit grand film, signé de deux jeunes frangins cinéastes (ce n’est plus rare, depuis les frères Hughes, puis Wachowsky, puis Spierig et maintenant Pastor) d’origine hispanique, nourris comme les autres aux films de genre depuis leur plus tendre enfance. Un sujet très à la mode puisqu’on y parle de fin du monde, plus précisément, fin de l’humanité. Dernièrement, on eut droit à « La route » et au « Livre d’Eli ». Mais « Infectés » est encore différent. Il est aussi un des plus puissants. Minimaliste, austère, implacable, et finalement, c’est le plus définitif. Faire du neuf avec du vieux fonctionne encore, et le plus surprenant, c’est que certains arrivent à aller encore plus loin.
On ne sait pas comment cela a commencé. Mais c’est ainsi, en quelques semaines, l’épidémie s’est propagée de façon fulgurante. En quelques mois, la population mondiale était entièrement touchée. Aujourd’hui, ils sont quatre dans une voiture et ils veulent rejoindre l’océan. Il y a Danny et son frère Brian, et leurs copines respectives, Kate et Bobby. Selon Danny, ils pourraient vivre là-bas jusqu’à ce que la pandémie soit endiguée et que le monde redevienne comme avant. Pour y arriver, il faut survivre en respectant de simples règles : éviter le contact avec tout autre humain, prendre les routes les moins fréquentées. Mais si cela fonctionne durant un certain temps, ce n’est pas éternel. Des rencontres leur feront prendre des décisions qui les révéleront les uns aux autres, mettant leurs certitudes face aux réalités de leur présent : la race humaine s’éteint peu à peu...
Pour les frères Pastor, le plus important est de montrer ce qui se passe, comment pourrait être le futur. On ne verra jamais de télévision montrant comment cela est arrivé, ce qui se passe ailleurs, etc..., éléments pourtant communs à bon nombres de films apocalyptiques. Non, dans « Infectés », le fléau est montré au travers de quatre personnages qui jusqu’ici s’en sont sortis en respectant des règles qu’ils se sont établies, et surtout avec surtout beaucoup de chance. Car il arrivera un moment où une nouvelle décision devra être prise, suite à un cas de figure différent, comme celui d’aider un père (Chris Meloni, le Elliott Stabler de « New-York unité spéciale ») qui prend soin de sa fille contaminée et qui a entendu à la radio qu’une ville abritait un groupe d’individus qui auraient trouvé un remède. L’issue n’est pas l’espoir escompté, et pire que tout, elle s’achève sur une séquence d’une énorme tristesse comme on n’en a rarement eu dans ce genre de films. Et peu à peu, à partir de là, les survivants se révèlent impitoyables même envers leur plus proche conjoint. Et la conclusion arrive de plein fouet : l’homme est un loup pour l’homme, encore plus dans les situations extrêmes. Tout cela forme la base d’un film qui est plus un drame futuriste qu’un pur film fantastique. L’horreur est pourtant bien là, mais sans artifices outranciers, simplement dans une action. Bien sûr qu’on verra un peu de sang, contamination atroce oblige, mais là n’est pas le point d’intérêt d’un film qui vous étreint jusqu’au plus profond de vous-mêmes, vous faisant prendre conscience de ce qu’on ferait en pareil cas, à savoir que progressivement, l’homme se déshumanise sans pour autant échapper à son plus noir destin : s’éteindre. Alors ne cherchez pas les rebondissements à la « Je suis une légende », une intrigue à la « The road », un univers westernien à la « Le livre d’Eli », car « Infectés » tout en possédant un peu de chacun de ces films, n’est aucun de ces films. Les frères Pastor se sont concentrés sur la situation d’un futur sans lendemain, avec réalisme et de façon inédite. Le pari était osé, on aurait pu tomber dans le pensum raté futuriste, on est seulement face à la description d’un lendemain sans espoir, qui va inexorablement vers la fin ultime. C’est à la fois passionnant et réellement terrifiant, et on n’est vraiment pas loin du chef-d‘œuvre.

St. THIELLEMENT



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