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  Sommaire - Films -  G - L -  L’élite de Brooklyn (Brooklyn Finest)
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"L’élite de Brooklyn (Brooklyn Finest) " de Antoine Fuqua

 

Scén. : Michael C. Martin
Avec : Richard Gere, Don Cheadle, Ethan Hawke, Wesley Snipes, Ellen Barkin, Will Patton, Vincent D’Onofrio.
Distribué par Metropolitan Filmexport
132 mn
Sortie le 5 Mai 2010
Note : 10/10

Antoine Fuqua... Capable du pire comme du meilleur. Dans la première catégorie, celle qui ne lui ramena pas beaucoup d’admirateurs, il y a « Un tueur pour cible » avec Chow Yun-Fat et « Piégé » avec Jamie Foxx. Puis arrive « Training day » qui lui ouvre une certaine reconnaissance, valant au passage à Denzel Washington son Oscar de meilleur acteur. Mais l’euphorie est de courte durée, il enquille tout de suite après « Les larmes du soleil » avec Bruce Willis en mercenaire aidant une Monica Bellucci qui fait dans l’humanitaire. Le bonhomme surprend encore avec son « Roi Arthur » avec Clive Owen, très loin d’être aussi mauvais que beaucoup le prétendent, une relecture de la légende à la sauce de la série TV des seventies, « Le roi des Celtes ». Et juste après, rechute avec le banal et médiocre « Shooter » avec Mark Wahlberg. Comme on peut le voir, Antoine Fuqua touche à tout, revient souvent à son genre de prédilection, le polar, en attendant le film de sa carrière. Hé bien ce jour béni est arrivé, car avec « L’élite de Brooklyn », Antoine Fuqua joue dans la cour des (très) grands, et signe certainement un des meilleurs polars noirs de l’histoire du polar noir !
A Brooklyn, trois flics aux destins aussi divers que variés, œuvrent pourtant dans le même univers, un monde fait de meurtres, de viols, de braquages, de coke, de violence dans tout ce qu’elle a de plus extrême, de plus mortelle. Eddie (Richard Gere, son meilleur rôle depuis « Affaires privées ») est un flic de rue qui n’aspire qu’à prendre rapidement sa retraite surtout après une bavure qui lui colle trop à la peau ; Sal (Ethan Hawke, excellent) est inspecteur aux stups, se trouve embringué dans une spirale infernale avec sa femme et ses enfants qui le pousse à trouver de l’argent pour vivre mieux et ce à n’importe quelle prix, même celui qui lui fera franchir la ligne interdite ; Tango (Don Cheadle, autrement meilleur que dans « Iron Man 2 »...) est infiltré depuis quelques années dans le gangstérisme urbain, et souhaite en sortir avec la promotion qu’on lui a promis, avant qu’il ne soit trop tard, avant qu’il ne change de camp. Trois flics dans Brooklyn, dans un quotidien où la mort régente la vie, et qui vont finir par se rencontrer malgré eux dans un ultime acte où plus rien n’est clairement défini.
Quand les lumières se rallument, on émerge d’une plongée en enfer, tout simplement. Fuqua avait déjà prouvé ses qualités avec un film proche de cette sensation, « Training day ». Mais à côté de « L’élite de Brooklyn », « Training day » ressemble à un épisode de « Hill street blues » ! Car ici, fini les plus petites perspectives optimistes, chacun appartient à l’histoire du quartier et de sa violence, où chaque jour devient une épreuve de survie. Collant au plus près de ses personnages, ne cherchant pas l’esbroufe, Fuqua fait limite du cinéma-vérité qui demeure cependant un vrai film et non pas un faux documentaire avec images « Parkinsoniennes » ! Le scénario est tendu comme une corde de piano, les images sont propres tout en étant sales, chacun porte une croix et une damnation sur ses épaules, et Antoine Fuqua orchestre leurs destins en orfèvre, les rendant prisonniers de leurs folies, de leur conscience personnelle et professionnelles, de leur faiblesses, et d’une force qui permettra à certains de s’en sortir, blessés à vie. En voyant « L’élite de Brooklyn », on pense à une autre œuvre phare du genre, le magnifique « les flics ne dorment pas la nuit » de Richard Fleisher. Les points communs sont évidents, et chacun constitue à leur manière ce que le polar noir peut faire de mieux. Et avec « L’élite de Brooklyn », Antoine Fuqua vient simplement de rejoindre Richard Fleisher, William Friedkin, et quelques autres dans le cercle très fermé des grands cinéastes donnant au genre ses plus belles lettres de noblesse. Maintenant, faire plus fort risque d’être très, très dur pour lui.

St. THIELLEMENT



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