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  Sommaire - Films -  G - L -  La comtesse
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"La comtesse" de Julie Delpy


 


 

 » Depuis le temps que les amoureux de la comtesse sanglante attendaient un véritable hommage, il fallait Julie Delpy pour ne pas oublier le contexte historique, l’évidente volonté politique derrière l’affaire tout en donnant avec intelligence du relief là où la légende a laissé des gouffres.

Résumé

Vie et mort d’un des fables fantastiques les plus adulées : Erzebet Bathory. La comtesse sanglante n’est pas qu’un mythe puisqu’elle a existé et était même une personne très influente en Hongrie...
A la mort de son mari, elle tombe amoureuse d’un homme bien plus jeune qu’elle, dont l’absence la rendra folle de douleur... Folle au point de tuer les 600 jeunes filles qui auraient disparu ?

Avis de Valérie

Julie Delpy est derrière ce projet depuis son initiation, pendant sa conception et jsuqu’à sa finalisation. A la fois scénariste, réalisatrice et actrice elle a porté à bout de bras sa vision de cette légende gothique, en insistant de tout son poids pour ne s’appuyer que sur les éléments historiques et en excluant le fantastique du tableau.
Ce long métrage historique est donc digne de l’intérêt des plus pointilleux. La reconstitution est de toute beauté et chose si rare qu’il faut le souligner, Julie Delpy a tourné en Europe (Allemagne et Roumanie) non pas car c’était moins cher, mais parce que ce sont les lieux d’occupation de la famille Bathory, notamment.
L’histoire est dramatique. Que l’on prête crédit au folklore populaire ou non, qu’il y ai eu les 600 morts de jeunes filles ou pas, nous assistons à la lente descente aux enfers d’une femme trop brillante pour ce siècle. Ce qui n’est pas dit dans le peu d’éléments historiques arrivés jusqu’à nous, Julie Delpy le romance avec beaucoup d’intelligence. Tout d’abord, elle donne les éléments pour comprendre comment une femme si intelligente aurait pu en arriver à croire que le sang des vierges pouvait agir comme une fontaine de jouvence.
De plus, elle permet de préserver la rigueur des faits en utilisant le jeune amant de Erzebet comme reflet de la réalité. Ses yeux ne verront jamais que ce qui est avéré. Les corps, la folie ne sera pour lui que des on-dit. L’ambiance du film tente de nous faire ressentir la dureté de l’époque, nous sommes confrontés des membres tranchés, des exécutions, d’une manière crue, mais jamais d’une manière gratuite.
Dernier point fort du film, c’est la qualité du casting à dominance allemande. Julie Delpy est excellente dans ce rôle de femme forte, brillante et féministe avant l’heure. Sa palette d’émotion est touchante, révoltante et nous attache réellement au personnage. Nous notons ensuite et d’une manière unanime le talent de Daniel Brühl. Il est grandiose de simplicité, de candeur, de vérité. La Roumaine Anamaria Marinca est aussi juste que dans le film qui l’a révélé à Cannes : 4 mois, 3 semaines, 2 jours. Frederick Lau qui avait été si touchant dans La vague est ici un peu absent mais tout aussi précis dans son jeu. On le remarque et on ne l’oublie pas. Mais aussi Sebastian Blomberg, Charly Hübner, Katrin Pollitt... Excepté William Hurt, au jeu un peu trop américain, il n’y a pas une note discordante au niveau de l’interprétation.
Celle-ci viendrait plutôt de la réalisation de Julie Delpy, qui manque de tenue, même si elle est honorable. Elle a souhaité donner une esthétique rugueuse à son film tout en se préservant des moments de poésie liée aux tons des couleurs, à la beauté des décors, des costumes. Pourtant elle déroule un fil narratif peu appelant et si cela ne gène pas l’histoire, cela lui enlève une partie de la puissance qu’elle aurait pu atteindre et pourrait décevoir...
Au final, est-ce que vous pourriez avoir envie de voir ce très bon film ayant un défaut de réalisation ? Oui, mais pas pour les mauvaises raisons que le mythe transportent. On ne verra pas de vampire, ni de scènes émoustillant nos bas instincts. Mais c’est une excellente reconstitution historique qui possède plus que du charme, une vraie présence émotionnelle, spirituelle, politique et qui est magnifiquement interprétée.

Fiche Technique

Sortie : 21 avril 2010
Avec Julie Delpy, Anamaria Marinca, Daniel Brühl, etc.
Titre original : The Countess
Genre : drame historique
Durée : 94 minutes
Distributeur : Bac Films



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