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Réal. & co-scén. : Yannick Dahan & Benjamin Rocher
Co-scénaristes : Arnaud Bordas & Stéphane Moïssakis
Avec : Claude Perron, Jean-Pierre Martins, Yves Pignot, Joe Prestia, Eriq Ebouaney.
Distribué par Le Pacte
97 mn
Sortie le 10 Février 2010
Note : 7/10
Depuis quelques années, le cinéma fantastique, voire plus précisément d’épouvante et d’horreur, retrouve quelques nouvelles jeunesses venues de pas si loin. Ainsi, après le Royaume-Uni, puis l’Espagne et enfin l’an passé, la Scandinavie, la France, cahin-caha, suit son petit bonhomme de chemin via des œuvres diverses et variées, souvent limitées question budget, aux allures finales diverses et variées. En haut du panier, « Haute tension » d’Alexandre Aja, suivi par « Frontière(s) » de Xavier Gens, puis en dernier « A l’intérieur » d’Alexandre Bustillo et Julien Maury. Et encore, pour ce dernier, le revoir met en avant ses défauts, au contraire d’un « Frontière(s) » qui se redécouvre en mieux à la seconde vision. Et tout en bas, dans les vilains petits canards, on trouve « Mutants » (vraiment trop fauché), « Ils » (nul, tout simplement), « Humains » (euh...) et le très prétentieux et mauvais comme tout « Martyrs ».Un bilan général pas des plus glorieux certes, mais qui a au moins l’avantage de montrer que le renouveau est là, que notre cinéma s’essaye vraiment à proposer des œuvres de genre tant bien que mal. Sabrer une telle volonté de la part de purs fans et parfois spécialistes du genre prouve le manque d’intelligence de certains, le cinéma étant avant tout un Art auquel tout un chacun peut s’essayer, qualité que ne possède même pas certains critiques trop sûrs de leurs (mauvais) goûts... Bref, tout ça pour dire que déboule le dernier né de cette renaissance « made in France », un pur film de fan-boys, signé d’un quatuor de scénaristes plus nourris aux séries B de tous poils qu’aux pensums franchouillards « césarisables », et réalisé par deux d’entre eux. « La Horde » arrive...
Suite à la mort d’un collègue, un groupe de policiers décide de rendre leur propre justice en se rendant au QG des trafiquants responsables du meurtre. L’assaut se passe au milieu d’une haute tour HLM, il foire complètement et les flics se retrouvent prisonniers de leurs cibles. Sauf qu’au même moment, dehors, le chaos surgit : des morts-vivants surgissent de partout, la ville est en feu, et l’immeuble se retrouve assiégé. A partir de ce moment, flics et gangsters devront s’associer pour avoir une chance de survivre.
Bien sûr que ça rappelle une kyrielle de films, mais c’est aussi volontaire. Maintenant, la différence est que ce n’est pas une copie de plusieurs morceaux mais un hommage sincère à certains cinémas qu’on adore et qui parfois peut être méprisé. Car si de prime abord, « La Horde » est catalogué comme un film de zombies « à la française », on se rend compte qu’il est d’abord un mélange de genres : l’action, la comédie et l’horreur. A partir de là, et très honnêtement et sincèrement, ses scénaristes ont donc tenté la gageure avec un budget plus que mince d’arriver à faire aussi fort du mieux qu’ils le pouvaient. Le résultat n’est pas parfait, loin de là, mais contrairement à d’autres, il est sincère et modeste (aucune prétention, ça change de certains...), du coup sympathique, ce qui fait mieux passer ses défauts comme quelques séquences d’action trop répétitives et donc longues, des acteurs manquant de jeu (seul le vieux vétéran de l’Indochine tire son épingle du jeu sur tout le film) et une réalisation parfois hasardeuse dans ses mêmes scènes d’action. Il ne faut pas chercher non plus la logique de codes du genre quand le film en brasse trois d’un coup. De ce côté-là, « La Horde » y gagne certainement sa plus grande qualité, celle d’un film si hybride qu’il en devient inédit ! Et au bout du compte, malgré ses scories, mais grâce à quelques séquences bien frappadingues (l’assaut des zombies sur un flic juché sur le toit d’une voiture et sabrant à tour de bras comme dans un tableau à la Frazetta !), un humour omniprésent, des gueules pas croyables, des dialogues violents par leur vulgarité, et son choix de mélange de trois genres bien définis, « La Horde » finit par trouver sa place, celle d’un film français différent du paysage standard, mais bien plus vivant, certes de nouveau limité budgétairement mais compensé par la passion de ceux qui ont travaillé pour qu’il existe. Cela se sent, et ça fait finalement beaucoup de bien.
St. THIELLEMENT
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