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  Sommaire - DVD -  A - F -  Flashbacks (Flashbacks Of a Fool) - Edition Zone 2 - Inédit
"Flashbacks (Flashbacks Of a Fool) - Edition Zone 2 - Inédit "
de Baillie Walsh
 

Avec Daniel Craig, Emile Robert, Eve, Johdi May, Claire Forlani
Pathé Vidéo

Découvert lors du Festival du Film Britannique de Dinard en 2008, « Flashbacks » repartit dans l’indifférence générale (en compétition, il fut battu par « Boy A », drame anecdotique par excellence...). Pourtant, en tête d’affiche de ce premier film remarquable, on trouve Daniel Craig, loin de son rôle de James Bond, qui participa activement à sa production. Qu’il n’ait eu aucune chance de sortir en salles demeure étonnant, au vu de ce qui sort parfois et qui aurait mieux fait de passer directement par la petite lucarne télévisuelle d’une chaîne privée. Les droits étaient-ils trop chers ? Craig n’est-il pas suffisamment bancable pour supporter à lui seul la sortie d’un film ? Mystère. En même temps, le film s’étant planté quasiment partout (les recettes US se montent à, tenez-vous bien, mille six cent soixante-quatre dollars !!!), ceci explique peut-être cela. Qu’importe, « Flashbacks » fut un grand choc l’an passé à Dinard, et il arrive enfin chez nous en vidéo. En Blu-ray eût été un cadeau de roi, la photographie du film étant magnifique. Mais la copie DVD étant déjà très belle, et comme on doit s’en contenter, on ne va pas jouer la fine bouche.
Joe Scott (Craig, qui se met à nu, au sens propre comme figuré...) est un acteur qui eut son heure de gloire mais qui trompe sa descente au box-office en brûlant la vie par les deux bouts. Alors qu’il se fait clairement jeter par son agent suite à ses échecs sans appels, Joe reçoit un coup de fil de sa mère qui lui annonce la mort de son ami d’enfance. La nouvelle l’anéantit, et le fait replonger plus de vingt ans en arrière, sur la côte britannique, le long de longues plages désertes, là où il vécut son enfance et une partie de son adolescence avant qu’un drame ne le pousse à partir loin de tout...
Le début du film, c’est le portrait d’un acteur sur le déclin, riche, magnifique maison surplombant l’océan, drogué jusqu’aux yeux, cherchant le projet qui le ramènera sur le devant de la scène. Puis, dès que le passé ressurgit et que Joe se replonge dans ses souvenirs, le film prend un air de « Un été 42 » ne serait-ce qu’avec une photographie mettant en valeur les paysages embrumés maritimes, l’insouciance de l’adolescence, les premiers amours, et la découverte du sexe via une voisine nymphomane. Chronique du passé, d’une époque d’une vie qui explique l’actuelle, « Flashbacks » s’intéresse à ses personnages, les fait exister avec une force peu commune, de la plus vieille à la plus jeune, renforçant ainsi le drame qui surviendra à un moment donné. Pour Joe, c’était l’époque de choix, celui du véritable amour contre celui plus sexuel, et de cela, il n’en ressortira pas indemne sauf quand il décidera d’affronter ce passé, de renouer avec les siens, de revoir une personne en particulier et de reconnaître ses erreurs. Magnifique, l’histoire se suit avec une nonchalance propre à son environnement, à ses protagonistes, jusqu’à une fin aussi forte qu’intelligente. Pour son premier essai, Baillie Walsh signe un coup de maître que malheureusement même la présence de Daniel Craig ne put aider à une carrière à la hauteur de sa réussite. L’édition DVD n’en rajoute pas plus, elle sert au moins une copie superbe, compensant largement le vide des bonus. Destin ingrat pour un film, encore une fois, magnifique en tous points. Présent à Dinard, voici une petite interview en bonus de Baillie Walsh qui confirmera toutes les grandes qualités de son film.

Film : 9/10
DVD : copie excellente, format d’origine 2.35, image 16/9ème compatible 4/3 - Bonus : 1/10 : galerie photos - bande-annonce.

St. THIELLEMENT

Baillie Walsh : interview avec l’auteur de « FLASHBACKS »

Venu présenter son film à Dinard, Baillie Walsh accepta de revenir sur la création de son premier film, qui vit le jour grâce au support de Daniel Craig, tout juste auréolé du succès de « Casino Royale ».

Pour votre premier film, vous n’avez pas choisi l’action avec Daniel Craig en tête d’affiche, mais une chronique douce-amère sur le passé d’une star de cinéma, pourquoi un tel choix ?

Baillie Walsh : Simplement parce que c’était mon premier scénario, écrit il y a de nombreuses années. Daniel était déjà intéressé avant même de jouer le premier Bond. Mais à l’époque, son nom ne suffisait pas à débloquer un budget. Quand « Casino Royale » est sorti, c’est lui qui m’a rappelé et qui m’a dit « Alors, on le fait ce film ? » (Rires). En fait, j’ai mélangé des souvenirs de jeunesse à une histoire fictive, celle de cette star de cinéma aujourd’hui un peu en disgrâce. Je savais quel genre de film je voulais voir, surtout la partie centrale, celle dans le passé, le reste s’est construit après. Et dès que Daniel est revenu, on a très vite trouvé les producteurs.

Quand on voit « Flashbacks », avec cette partie en bord de mer, on pense beaucoup à « Un été 42 » avec la brume, l’océan, les premiers émois d’adolescent...

BW : Tout à fait, c’était conscient de ma part. Le sujet est voisin, on y trouve aussi un adolescent qui découvre son premier amour, sa rencontre avec celle qui lui fera connaitre le sexe. Seule l’époque diverge, « Flashbacks » se passant au début des années 70...

On a pourtant l’impression que c’est bien avant...

BW : Oui, à cause du cadre qui vous rappelle le film de Robert Mulligan. Mais moi, je n’ai pas tourné en Californie, cela est censé se passé sur la côte anglaise, vers Brighton, et en fait, on a tout tourné en Afrique du Sud. Mais effectivement, le lien avec « Un été 42 » est parfaitement assumé, je voulais retrouver cette ambiance intemporelle, de gens vivant en bord de mer, avec les vagues, la brume...

Le drame qui surgit et qui sera la perte de l’innocence de Joe est fulgurant. Comment l’avez-vous traité ?

BW : En me souvenant d’un fait similaire qui s’est passé quand j’étais adolescent. En fait, tout le film tourne autour de ce drame car il est la clef du mal-être de Joe. Donc, en installant une chronique douce-amère familiale, en vous présentant toutes celles et ceux qui comptèrent pour Joe, quand ce drame surgit, il vous anéantit comme il a anéanti Joe.

Les choix musicaux de David Bowie à Roxy Music sont là pour rappeler l’époque justement...

BW : Oui, et en même temps, parce que je venais d’apprendre la signification d’une de ses chansons, « Jean genie », qui est sur Jean Genêt et qui allait bien avec mon histoire. Tout comme la chanson de Roxy Music, qui cristallise pour moi le moment le plus important dans la vie de Joe, celui où il aurait pu faire un tout autre choix. Et c’est d’ailleurs cette chanson qui l’aidera à affronter à la fin ce passé qui le hante.

Dans la production, outre donc Daniel Craig, on trouve Sean Ellis...

BW : Vous connaissez Sean ?

J’adore « Cashback » et j’aime beaucoup « The broken », deux films avec certains passages visuellement superbes, et avec d’excellents choix musicaux. On retroucve cela dans « Flashbacks ».

BW : C’est vrai, je suis d’accord. Je connais Sean depuis des années, c’est un ami, on s’est rencontré lors de cours de photographie justement. Il est crédité parce qu’il m’a donné des conseils, à moi, qui me lançait dans mon premier film. Et comme on a les mêmes intérêts, c’est possible que mon film vous rappelle certains passages des siens.

Propos recueillis et traduits par St. THIELLEMENT, au Festival de Dinard 2008



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