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Acolytes (Id.) - Edition zone 2 Jon Hewitt
Avec Joel Edgerton, Michael Dorman, Hanna mangan-Lawrence, Sebastian Gregory.
CTV Vidéo
Sorti en catimini dans deux salles maximum sur Paris (peut-être même seulement une !) il y a quelques mois, « Acolytes » se tailla une certaine petite réputation de thriller bien barré. Autre point positif : il vient d’Australie, et là, déjà, l’intérêt prend plus d’importance. Car le cinéma australien est un des meilleurs au monde, surtout dans certains films de genre comme le Fantastique (que de chefs-d’œuvre : « Long week-end », l’original, hein, pas son mauvais remake, « Mad Max », « Pique-nique à Hanging Rock », « Harlequin », « Razorback », « Next of kin », etc...). « Acolytes » est un mélange de thriller très noir au film d’horreur réaliste très en vogue depuis quelques temps, style « Wolf creek », « Hostel », etc... Pour le côté thriller, ce serait avec, comme le dit le réalisateur dans son interview, une influence de Larry Clark, avec ce mal être de certains adolescents comme dans « Ken Park ». Bon. On comprend mieux à la fin du film et après avoir écouté Jon Hewitt (un quasi inconnu chez nous, qui a signé déjà quatre, cinq films chez lui) où le bât blesse. A savoir que le côté « auteur » du film nuit à cette histoire qui demandait quelque chose de plus âpre et sec au lieu de rechercher un style « arty » combiné au film d’horreur. Heureusement que le scénario ménage bien ses révélations, et que la deuxième partie plonge en pleine folie meurtrière, sauvant ainsi ce qui aurait pu facilement être très vite insupportable.
Mark et James sont amis d’enfance. Chasy est la petite amie de James dont Mark est secrètement (!) amoureux. Un jour, alors qu’ils sont dans les bois derrière le lotissement où ils habitent, Mark surprend un homme enterrant quelque chose. Avec ses amis, il revient plus tard et ils mettent à jour le cadavre d’une fille. Mais au lieu d’appeler la police, Mark et James pensent à faire chanter le tueur pour qu’il élimine le type qui les viola quand ils étaient enfants. C’est le début d’un engrenage qui va les plonger de plus en plus loin dans un enfer qu’ils ne soupçonnaient pas.
Un début sur les chapeaux de roues avec une mort violente, et puis l’étude de ces trois jeunes qui décident de ne rien dire sur leur découverte. Et au moment où on pense qu’on va définitivement décrocher, « Acolytes » prend une direction imprévue, début d’autres du même style qui vont amener à une conclusion simplement surprenante et assez malsaine, le tout sur un rythme effréné et très violent. Et contrairement à ce qu’il pense, Jon Hewitt réussit bien mieux son traitement de la violence et de l’horreur que tout ce qui touche au « film d’auteur », comme il aime tant le dire. Cette partie-là concernant ces trois adolescents qui se cherchent, fuient quelque chose, ont du mal à assumer leurs pulsions, le tout sur un fond contemplatif et naturiste certes agréable à voir (les paysages sont parfois majestueux, Australie oblige, et Hewitt sait filmer) mais qui se révèle vite pesant, car il n’a pas vraiment sa place dans l’histoire, tout simplement. Et quand Jon Hewitt dit avoir voulu mélanger deux genres et pense avoir réussi, non, le mélange ne fonctionne pas, l’homogénéité n’arrive jamais, on fait ou l’un ou l’autre. Par contre, quand il se focalise sur une horreur au quotidien, sorte de « Blue velvet » en plus glauque (la révélation finale est gratinée !), Jon Hewitt montre de réelles aptitudes à traiter l’horreur et la violence, à faire ressentir quelque chose au point de mettre mal à l’aise. Du coup, « Acolytes » est un film un peu raté, un peu bancal mais qui au final se rattrape par un nihilisme et une folie qui dérangent au vu de l’endroit d’où ils proviennent : une tranquille banlieue de grande ville australienne, comme il en existe partout dans le monde, même ici chez nous.
Note film : 5/10
DVD : copie excellente, format d’origine 2.35, image 16/9ème compatible 4/3 - Bonus : 2/10 : interviews du réalisateur et de deux des acteurs - bande-annonce.
St. THIELLEMENT
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