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Scénario : Joe Penhall, d’après le roman de Cormac McCarthy
Avec : Viggo Mortensen, Kodi Smit-McPhee, Charlize Theron, Robert Duvall, Guy Pearce.
Distribué par Metropolitan Filmexport.
113 mn.
Sortie le 2 Décembre 2009.
Note : 10/10.
Un chef-d’œuvre. Ca ne suffit pas ? Bon, alors, on y va...
Il y a dix ans déjà que les civilisations telles qu’on les connaissait n’existent plus. Personne ne se souvient vraiment de ce qui s’est passé. Mais aujourd’hui, suite à cette sorte de gigantesque explosion, il n’y a plus de végétation, plus d’animaux, plus d’énergie. L’humanité a régressé, l’être humain est devenu de la nourriture pour l’être humain. Dans ce monde actuel, un homme et son fils errent sur les routes en direction de l’océan, seul endroit selon le père où ils pourront trouver un semblant de gens civilisés cherchant à reconstruire quelque chose. Durant ce périple, ils croiseront le pire de cette nouvelle race humaine et d’autres qui comme eux avancent en espérant trouver mieux à chaque lendemain. Pour l’homme, entre les souvenirs d’un passé heureux mais perdu, seul son fils compte, il est le combat de son quotidien, l’espoir qui le pousse à rester vivant à n’importe quel prix pour le sauver, et l’amener au contact de ceux qui feront renaître des cendres un nouveau monde.
De l’avis général, il n’était pas du tout évident d’adapter le roman de Cormac McCarthy, déjà auteur d’un roman magnifiquement adapté par les frères Coen, « No country for old men ». Pourtant, le cinéaste australien John Hillcoat a réussi l’impossible. Bon, de toute façon, il y aura toujours des déçus, ce qui est légitime quand on adore littéralement toute œuvre originale. Mais autrement, le résultat est simplement magnifique. Le plus gros défi ayant été de recréer cet univers apocalyptique simplement en tournant dans des endroits ayant été naturellement frappés par des catastrophes naturelles et laissant voir ce qui fut, ce qui est et ce qui commence à être, comme autour du Mont St Helens, les terres dévastées par l’ouragan Katrina, des autoroutes abandonnées, etc... Une fois l’environnement trouvé, seul le talent permet de donner corps à la puissance d’un récit comme celui de « La Route ». Emporté par l’interprétation magistrale d’un Viggo Mortensen mort-vivant survivant et donnant tout pour son fils, lequel trouve écho en un jeune acteur tout autant impressionnant, Kodi Smit-McPhee (on pensait que Shea La Beouf détenait le record du nom à coucher dehors, il vient d’être battu !), « La Route » bénéficie d’une passion générale. Techniquement, rien à dire, la photographie sert magnifiquement l’histoire en nimbant l’ensemble du film dans une grisaille propre aux lendemains d’une catastrophe aussi apocalyptique, une production vraiment soucieuse de crédibilité dans le rendu du contexte, des plans superbes. Complètement inconnu chez nous, John Hillcoat possède tout de même une certaine notoriété acquise via les festivals dans lesquels furent présentés son carcéral « Ghosts... of a civil dead » et son western australien crépusculaire avec Guy Pearce et Danny Huston, « The proposition » (qui sort dans la foulée de « The road », à découvrir impérativement !), moins parfait que « La Route » par une seconde partie un peu trop « mystique » (on se croirait chez Jodorowsky, alors si on n’aime pas...). Avec « La Route », Hillcoat signe son film le plus parfait, le plus ambitieux, le projet fou qui à force d’être abandonné devient maudit mais qui devient réalité par la force et la puissance créatrice d’un passionné, d’un visionnaire, d’un grand cinéaste. Un film dont on sort abasourdi, un voyage dans un futur aussi crédible et terrifiant que peut l’être celui du premier « Mad Max », une œuvre bouleversante émotionnellement. Un chef-d’œuvre, tout simplement.
St. THIELLEMENT
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