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  Sommaire - DVD -  G - L -  Hannibal (Id.) - Edition Blu-ray (France)
"Hannibal (Id.) - Edition Blu-ray (France) "
de Ridley Scott
 

Avec Anthony Hopkins, Julianne Moore, Ray Liotta, Giancarlo Giannini.
Universal Vidéo

Du romancier Thomas Harris, le cinéma n’avait pris que son « Black Sunday » porté à l’écran par John Frankenheimer, et qui n’avait guère brillé commercialement parlant. Jusqu’à ce jour de 1987 où le public découvrit un thriller sophistiqué et très esthétique signé Michael Mann dans lequel un profiler poursuivait un serial-killer, et pour mieux le comprendre, il allait voir un psychopathe monstrueusement et mortellement dangereux, le Dr Hannibal Lecter, tout cela tiré du roman « Manhunter » (« Le Sixième sens » en vf). Lequel Lecter (qui s’appelait même « Lector ») était interprété à l’époque par Brian Cox. Quatre ans plus tard, Jonathan Demme portait à l’écran le roman de Harris ayant Lecter en « héros » principal, et prenait pour l’interpréter Sir Anthony Hopkins qui y gagna l’Oscar du meilleur acteur dans un film d’une rare perfection pour un thriller, et qui est toujours un modèle du genre. Entre temps, Harris gagna une fortune avec ses deux romans et logiquement, pression oblige, il écrivit une suite cette fois-ci entièrement centré sur Hannibal Lecter, simplement baptisée « Hannibal ». Enorme succès, les droits furent acquis avant même sa publication par Dino De Laurentiis, gros épicier italien, mogul dans les années 60 & 70, qui produisit « Manhunter », à qui « Le Silence des agneaux » avait échappé, mais qui se jeta immédiatement sur « Hannibal » (et en profita pour mettre en chantier une nouvelle version de « Manhunter », l’abominable « Dragon rouge » suivit par l’adaptation du dernier roman sur Lecter, l’exécrable « Hannibal rising », tant en livre qu’en film). Restait à trouver un metteur en scène, Jonathan Demme ayant refusé. Et ce fut Ridley Scott qui tournait alors non loin de chez De Laurentiis en Italie son « Gladiator ». Lors de la sortie en France, Scott vint présenter le film et avoua qu’une des raisons qui lui avait fait accepter le projet, c’était de pouvoir tourner à Florence. Fort heureusement, et suite à cette nouvelle vision, il n’en n’a pas négligé le reste, son « Hannibal », tout en n’étant pas du niveau du « Silence des agneaux », n’en demeure pas moins un grand et beau thriller raffiné, à l’image du Dr Hannibal Lecter.
Un richissime homme d’affaires, Mason Verger, se défigura sur les « conseils » du Dr Hannibal Lecter. Aujourd’hui atrocement mutilé, il n’aspire qu’à une chose : se venger. Il propose des récompenses énormes sur Internet pour qui lui donnera des renseignements sur Lecter. Et c’est de Florence que viendront enfin ces « nouvelles ». Et dix ans après, Clarice Sterling est toujours liée à Lecter d’une façon ou d’une autre. En se mettant à sa recherche, et Lecter cherchant à prendre Verger à son propre piège, Clarice va de nouveau se retrouver face au plus grand criminel qui existe, lequel éprouve pour elle une certaine affection et beaucoup de respect. Ce qui n’empêchera pas le docteur de tuer ses adversaires de la façon la plus abominable qui soit...
Jeu du chat et de la souris, jeu de séduction, plongée dans la personnalité d’un monstre aux allures d’un érudit aristocratique, « Hannibal » permet à Anthony Hopkins d’approfondir son interprétation de Lecter. Jodie Foster s’étant désistée, c’est Julianne Moore qui reprend le rôle de Sterling avec maestria, au point qu’on se dit souvent qu’elle fut au final le seul choix possible. Ce sont les relations entre les deux adversaires, combinées à un contexte lui permettant de mettre à profit sa passion pour les belles choses, qui intéressa Scott : son film a de la classe, et cette nouvelle vision en Blu-ray permet d’apprécier son sens de l’esthète, où le cinéaste prend un très grand plaisir à filmer Florence et la Toscane avec en touriste, un Lecter libre, homme normal le jour, monstre sanguinaire quand la folie prend le dessus. Mais au-delà de cet aspect, les relations entre le psychopathe en puissance et l’agent du FBI qui le connaît le mieux, prennent ici un aspect encore plus intime que dans le précédent film. Clarice a vieilli mais elle reste obsédée par cet homme qui lui-même ne peut s’empêcher de tisser avec elle un lien très privé. Autrement, on pourra reprocher au film un aspect parfois trop « gore » mais qui sous l’œil de Scott se voient plonger encore dans des cadres de toute beauté (la demeure de Verger, la maison du procureur qu’interprète Liotta) qui permettent au film de conserver sur l’ensemble son ambiance si raffinée. Si au moment de sa sortie, « Hannibal » avait refroidi par ses différences avec le film de Jonathan Demme, le revoir aujourd’hui passe excellemment bien, et via cette copie Blu-ray de toute beauté, qui rend justice à la vision de Scott sur la lumière de Florence, du matin au soir, le plaisir n’en est que plus grand. Chose qui n’arrivera jamais avec « Red dragon » et « Hannibal rising », deux purges totales. En bonus, on a droit à un long making-of, rigolo quand on voit Dino et sa fille se lancer des fleurs, en toute fausse modestie, plus intéressant quand Scott est au travail, des scènes coupées qui ne sont que des prolongements de celles conservées, et surtout une fin alternative. Pas vraiment non plus en fait, elle est sensiblement la même que celle conservée pour le film, mais elle est plus noire et même si Scott reconnait la préférer, il concède aussi qu’elle allait peut-être un peu trop loin pour le film d’où celle finalement conservée, plus « sobre ». Qu’importe, dans les deux cas, le film n’en pâtit pas. Ridley Scott a signé là une excellente séquelle qu’on redécouvre sincèrement avec énormément de plaisir, et confortant une fois de plus l’excellence du Blu-ray pour certains films, quand beaucoup de soins est apporté pour donner au film sa plus belle copie à ce jour.

Note film : 9/10
Blu-ray : copie magnifique, format d’origine 1.85, image 16/9ème - Bonus : 7/10 : making-of - commentaire audio de Ridley Scott - scènes coupées et fin alternative.

St. THIELLEMENT



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