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Sommaire - BD -  Désolation Jones 1 : Made in England


"Désolation Jones 1 : Made in England " de Warren Ellis & J.H. Williams III



 Des ex-espions reconvertis dans le porno volent à un ancien barbouze des films X tournés par Hitler ?

Que faire des anciens agents secrets dont personne ne veut ? Les exécuter serait délicat, pas du point de vue moral bien entendu, mais un échec aurait des conséquences fâcheuses vu leurs talents homicides et un impact médiatique certain en raison des nombreux secrets d’Etat dont ils ont connaissance.
C’est ainsi que Los Angeles est devenu une prison ouverte pour les ex-membres des services secrets (1). Ils se sont reconvertis dans des activités professionnelles plus sociables comme chauffeur de taxi, médecin, avocat, détective privé ou réalisateur de films pornographiques. Ils sont libres, mais ne peuvent quitter la ville. La seule exception concerne Jerominus dont la C.I.A. a modifié l’estomac afin qu’il ne soit obligé de se nourrir que quatre fois par an : le summum de l’efficacité pour des missions clandestines. Le seul problème c’est que lors de ces périodes de nutrition il doit consommer de la viande par tonnes. C’est pour cela que pour ces brèves périodes il a le droit de quitter la cité des Anges pour la campagne, plus précisément en des lieux réputés pour leur mutilation du bétail par les OVNI.
Car une des causes de leur exil forcé concerne bien souvent les expériences sur leur organisme. C’est le cas de celui qui se fait appeler "Désolation Jones". Ancien membre des services secrets de sa Majesté Britannique il a été déclaré inapte au terrain en raison de son alcoolisme "en d’autres termes James Bond ne s’est jamais uriné dessus". Il avait cependant la possibilité de servir son pays et sa reine en faisant un séjour à "Désolation test". Il en est sorti, en tant que seul rescapé, après un an de torture médicale sans qu’il puisse dormir. Depuis il exerce à Los Angeles la fonction de détective privé, plongeant dans le sordide de la nature humaine.
Warren Ellis nous offre dans un contexte moderne de conspiration la transposition des polars noirs de l’entre deux guerres. Les pouvoirs de Désolation Jones ne sont pas évoqués, mais le dessinateur de Promethea nous procure des visions d’anges enchaînés dans le ciel de Los Angeles. Hallucinations ou Désolation Jones est-il seul à voir ces êtres mythiques ? Scénaristiquement Warren Ellis fait toujours preuve d’originalité. Ainsi alors que Désolation Jones attend son taxi (conduite par une ancienne experte en démolition urbaine) il s’efforce de rester conscient malgré sa blessure par balle et les médicaments ingurgités. Aussi il utilise son téléphone portable pour livrer ses états d’âmes, tout en nous offrant une brève évocation de ses crimes passés, mais surtout pour résumer l’enquête. Celle-ci implique un ancien agent secret flanqué de ses trois filles, dont une seule l’aime...une minute. Finalement il ne s’agissait pas seulement de la transposition des polars. Shakespeare aurait-il apprécié cette adaptation du roi Lear ? Sans doute pour respecter l’oeuvre de son lointain compatriote, Warren Ellis nous a procuré une histoire sombre dépourvue de l’humour noir qui lui est habituel. L’enquête se déroule dans un monde de violence et de stupre, où on s’entretue à mains nues, mais également avec des armes à feu, sans oublier les mini-robots pourvus d’explosifs. Les Anges ne posent plus les pieds à Los Angeles.

(1) une situation qui rappelle les sanctuaires Abelard dans "La Fraternité de la Rose" le roman de David Morrell

Damien Dhondt

Scénario : Warren Ellis, Dessin : J.H. Williams III, Couleurs : Jose Villarrubia _ Desolation Jones 1 : Made in England _ Episodes originaux : Desolation Jones Made in England 1 à 6 (2005) _ Lettrage : Gianluca Pini, Traduction : NicoleDuclos _ Edition : Panini Comics, collection : Wildstorm _ mars 2007 _ Inédit, moyen format, 144 pages couleurs _ 13 euros




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