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  Sommaire - Films -  A - F -  Coraline (Id.)
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"Coraline (Id.) " de Henry Selick

 

Réal. & scénariste : Henry Selick
D’après le roman de Neil Gaiman
Avec les voix de (en v.o.) : Dakota Fanning, Teri Hatcher, Ian McShane, Keith David
Distribué par Universal Pictures International France
100 mn
Sortie le 10 Juin 2009
Note : 10/10.

C’est un petit bijou, tout simplement. « Coraline » est une œuvre alliant les talents de deux grands artistes, l’écrivain Neil Gaiman (« Sandman », « Neverwhere », « Stardust », il a écrit aussi le somptueux « Beowulf » pour Robert Zemeckis) et Henry Selick dont le titre de gloire jusqu’ici était « L’étrange Noël de Mr Jack » (dans l’ombre de Tim Burton, celui de la bonne époque...), mais auquel on peut préférer « James et la pêche géante ». Et avec « Coraline », le chef-d‘œuvre est au rendez-vous, le roman étant magnifié à l’écran via le génie d’Henry Selick qui libre ici de toute influence révèle l’étendue de son talent.
Coraline Jones vient d’emménager avec ses parents dans une nouvelle maison étrange située en haut d’une colline. Mais Coraline ne voit guère de changement dans son quotidien : ses parents sont toujours débordés, et n’ont guère de temps à lui accorder. Alors elle joue seule, et utilisant sa grande curiosité, part découvrir les alentours et même cette maison. C’est à l’intérieur qu’elle va découvrir un passage qui l’emmène dans une autre monde, si proche du sien avec des différences notables : tout le monde est à sa disposition pour jouer &, parler, même ces « autres » parents, toujours drôles, aimables, gentils, joueurs. Alors Coraline va décider de rester dans cet autre monde jusqu’à ce qu’elle découvre que tout cela n’est là que pour mieux l’attirer vers un piège fatal mis en place par la fausse mère de Coraline, qui en réalité est la pire des sorcières...
Ce qui manquait aux autres œuvres (à part peut-être « James et la pêche géante », où il était déjà un peu plus « libre »...) de Henry Selick, c’était simplement son identité propre. Ici, maitre total d’une histoire sortie de la folle imagination de Neil Gaiman, Henry Selick respecte le matériau de base et l’adapte selon sa propre créativité. Le résultat est une œuvre somptueuse, fabuleuse, où le monde de l’enfance est décrit avec son innocence et toutes ses perversions. Car ici, on n’est pas chez Disney : même si « Coraline » est un conte pour enfants, il fait très peur selon l’âge (j’en sais quelque chose, ma petite voisine de 6-7 ans a été terrifiée tout du long du film, demandant la main de sa mère devant ses yeux souvent, limite pleurant et disant souvent : « Maman, j’ai peur ! », et j’aurai bien baffé la dite-mère pour faire supporter cela à sa gamine pendant près de deux heures !). Même si Neil Gaiman a écrit ce conte pour ses propres enfants, il a mis le doigt sur les peurs enfantines conjuguées aux déceptions et aux joies. Déception de ne pas partager plus souvent l’attention des parents, joies de découvertes de secrets, de nouveaux amis, et peurs des petits animaux qui font du bruit, des insectes qui rampent, et de monstres vivant sous le lit qui se font passer pour les parents avec au bout du compte aucune trace d’amour dans le regard comme en témoignent ces créatures se faisant passer pour le père et la mère de Coraline aux yeux remplacés par des boutons. Tout cela, Henry Selick l’a compris, et l’apprécie car cela se rapproche de son imagination. Ne reste plus alors qu’à le mettre en images, en y ajoutant toute son inspiration créatrice : le monde de « l’autre côté » va du plus drôle et coloré au plus noir et terrifiant, l’animation est simplement pharaonique, el tout réalisé par quelqu’un qui a enfin les coudées franches pour faire vivre le film qu’il veut. De plus, le film est aussi en 3-D et les effets les plus spectaculaires rentrent complètement dans l’histoire sans intervenir comme des gimmicks. A »plat » ou en « relief », le film se découvre avec autant de plaisir. Alors oui, pour les enfants, même les plus chevronnés et durs, limite en avance sur leur âge via les jeux vidéo, risquent de retomber rapidement en enfance en ressentant une peur primale enfouie au plus profond de leur être, qui va les voir se recroqueviller sur leur siège ou chercher un câlin de réconfort avec leur papa ou maman (après avoir vérifié leurs yeux !), les grands eux vont se souvenir de certaines vieilles choses, ce qui prouve que « Coraline » atteint parfaitement son but : c’est un conte pour petits et grands enfants comme on en faisait il a si longtemps, ces contes qui ne vieillissent jamais, ces contes qu’on raconte encore aujourd’hui. Et « Coraline » est aujourd’hui un film, un petit chef-d’œuvre appelé à devenir immortel.

St. THIELLEMENT



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