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  Sommaire - Films -  G - L -  Gran Torino (Id.)
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"Gran Torino (Id.) " de Clint Eastwood

 

Scénario : Nick Schenk
Avec : Clint Eastwood, Bee Vang, Christopher Carley, John Carroll Lynch
Distribué par Warner Bros. Pictures France
115 mn.
Sortie le 25 Février 2009.

Note : 10/10.

Clint Eastwood a 78 ans. Il a récemment déclaré qu’il mettait sa carrière d’acteur au repos pour se consacrer à la réalisation. Sauf s’il recevait un scénario qu’il ne pourrait refuser. C’est ce qui est arrivé avec « Gran Torino ». A peine le cinéaste terminait-il la promotion de son avant-dernier, le superbe « L’échange », qu’il tournait et jouait dans ce qui est à ce jour son plus gros succès commercial, en même temps qu’un film magnifique, où ce dernier des géants (qui d’autre, il n’y a personne d’autre de son égal en face de lui !) livre une prestation sublime, en même temps qu’il revient sur tant d’éléments si proches de lui, de sa carrière, de ses films. Pour « Gran Torino », Clint Eastwood démontre tous ses talents, son humanité, sa sagesse. Oui, c’est un chef-d’œuvre.
Walt Kowalski vient de perdre sa femme. Ce vétéran de la guerre de Corée, retraité d’une usine à la chaîne Ford, ne communique pas avec ses voisins, ni avec sa famille qu’il méprise. Kowalski est aigri, raciste, et à part sa chienne et sa voiture modèle Gran Torino, et boire des bières sous sa véranda, il n’aime rien, ni personne. Une nuit, il met en déroute un gang qui avait envoyé Thao, le fils de ses voisins, pour voler sa voiture. Pour le quartier essentiellement asiatique, Walt devient un héros. Sue, la sœur de Thao et sa mère insistent pour que l’adolescent fasse des travaux pour Walt en guise de dédommagement. Réticent, Walt cède. Et il va alors découvrir le vrai visage de ses voisins, des gens meurtris comme lui mais aimables, généreux et humains. Et entre Walt et Thao, une étrange amitié va naitre qui va pousser le vieillard à un acte aux conséquences plus désastreuses qu’il ne le pensait. Mais en même temps, ce sera l’occasion pour lui de se retrouver et d’affronter le pire qui est en lui et qui le ronge depuis tant d’années...
Oubliez l’affiche et la bande-annonce, « Gran Torino » n’est pas ce que vous croyez. Il s’agit plus d’un drame urbain, une réflexion sur la vie, vue par le biais d’un vieil homme qui se retrouve seul avec ses démons et ses haines, et qui, du jour au lendemain, par la force des choses, découvre en ses voisins d’origine asiatique, plus de chaleur humaine que dans n’importe quel individu qu’il côtoie depuis tant d’années, que ce soit amis ou famille. Par sa rencontre avec un jeune adolescent, Walt Kowalski va redécouvrir des notions qu’il avait peut-être perdues à la guerre, ce qui l’empêchait de redevenir l’homme qu’il fut. Conscient de la richesse d’un tel personnage, Clint Eastwood se l’approprie et l’endosse aisément : il a le même âge et certains personnages de son passé remontent à la surface pour faire vivre Walt. Avec émotion, sensibilité, et beaucoup d’intelligence, il fait de ce dernier non pas un clone vieillissant de Harry Callahan mais une sorte de dinosaure qui survit dans son passé sans regarder le monde du présent qui l’entoure. Il ne faudra pas être surpris alors de ne pas trouver dans « Gran Torino » ce qu’on pensait y voir, car au final, il s’agit plus du chant du cygne d’un acteur pour une grande partie de ses personnages, chant du cygne fort de la sagesse d’un homme qui n’a jamais cessé d’étudier les étapes d’une carrière parmi les plus exceptionnelles qui soient via des personnages divers et variés. Sans artifice aucun, Eastwood filme cette magnifique histoire simplement, ce qui suffit amplement pour en faire un chef-d’œuvre.

St. Thiellement



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