SF Mag
     
Directeur : Alain Pelosato
Sommaires des anciens Nos
  
       ABONNEMENT
Sfmag No122
118

11
F
é
v
RETOUR à L'ACCUEIL
BD   CINÉ   COUV.   DOSSIERS   DVD   E-BOOKS  
HORS SERIES    INTERVIEWS   JEUX   LIVRES  
NOUVELLES   TV   Zbis   sfm   CINÉ-VIDÉOS
Encyclopédie de l'Imaginaire, 18 000 articles
  Sommaire - Films -  M - R -  Pour elle
Voir 103 livres sur le cinéma, romans, études, histoire, sociologie...

"Pour elle " de Fred Cavayé

 

Réal. & scénariste : Fred Cavayé
Co-scénariste : Guillaume Lemans
Musique : Klaus Badelt
Avec : Vincent Lindon, Diane Kruger, Lancelot Roch, Olivier Marchal
Distribué par Mars Distribution.
97 mn.
Sortie le 3 Décembre 2008.
Note : 9/10.

Il est rare de trouver dans ces colonnes un film français, comme il est rare de trouver un bon film français, quitte à faire grincer des dents certaines personnes. Mais le fait est là : ce n’est pas parce que « Bienvenue chez les ch’tis » a fait 20 millions d’entrées que c’est un chef-d’œuvre. Le projet est colossal mais « Astérix aux jeux olympiques » ne vaut pas tripette. Et pourtant de temps en temps, un film peut nous réconcilier avec notre cinéma à nous. Déjà, le Fantastique opère depuis quelques trois quatre ans un retour en force bienvenu ; mais c’est dans le polar qu’on excelle parfois. Ainsi, Jacques Audiard a signé deux grands films du genre avec « Sur mes lèvres » et « De battre mon cœur s’est arrêté ». Puis Olivier Marchal, ex-flic reconverti dans le cinéma, a poursuivi sur cette voie de grande qualité avec les excellents « 36 Quai des orfèvres » et (le crépusculaire et magnifique) « MR 73 ». Et aujourd’hui, un petit nouveau vient d’arriver. C’est son premier long-métrage, il l’a fait avec son cœur et ses tripes, il y a cru, il a eu de la chance d’avoir un excellent casting, et même un grand compositeur pour sa musique, il a aussi du talent à revendre au bout des doigts, tant dans l’écriture que dans sa mise en scène. Contrairement à ce que peut laisser penser l’affiche pas terrible du tout du film, « Pour elle » est un polar noir, très noir, superbe, magnifique, le meilleur film français de cette année, carrément.
Julien est professeur, Lisa travaille dans la presse, ils ont un charmant bambin d’un an, Oscar, ils mènent une vie normale et heureuse. Jusqu’à ce matin où la police fait irruption dans l’appartement et arrête Lisa pour meurtre, celui de sa directrice. Elle est condamnée à vingt ans de prison. Au bout de trois ans, l’avocat annonce à Julien qu’il faut se résigner : Lisa ne sortira pas. Mais Julien ne l’accepte pas, il voit sa femme mourir à petit feu, il la sait innocente et il manque une mère à Oscar qui ne montre rien en plus lors des visites à la prison vis-à-vis de cette femme qu’il connaît mal. Pour Julien, il ne reste plus qu’une solution, l’ultime, la plus folle, la plus désespérée mais celle qu’il va prendre pour Lisa, pour sa femme, pour elle : la faire évader.
En dix minutes, on est plongés dans le bain, dans le chaos. Et tout le reste du film va se faire sur une intensité qui ne se lâchera pas, même après la fin. Fred Cavayé mène son intrigue sur un tempo désespéré où la moindre minute compte. Le choix de Julien va être radical, et va changer sa vie et celle de ses proches à tout jamais. « Pour elle » est un polar de cette nouvelle vague de cinéastes français, qui n’hésite pas à sortir du classicisme français pour donner au genre un nouveau ton. Comme l’a fait Olivier Marchal avec ses deux derniers films, Marchal qui joue un petit rôle dans ce film, petit mais qui résume bien tout ce qui attend Julien, campé par un Vincent Lindon qui démontre ici une nouvelle fois qu’il peut être aussi un très grand acteur (un de nos meilleurs acteurs même). Face à lui, Diane Kruger porte tout le courage puis le désespoir d’une femme brisée par un erreur judiciaire. Que ce soit tant au niveau des personnages, du rythme, de l’ambiance, du polar, rien n’est laissé au hasard, jusque dans le choix d’une musique qui détonne dans une telle production mais dans le bon sens du terme : elle aussi est recherchée et en osmose avec le récit. Et de tout cela, il en ressort un polar d’une remarquable intensité et maîtrise, qui ne laisse aucun répit, un peu comme si on était à leur place. C’est remarquable, magnifique, et je me demande encore pourquoi je n’ose pas mettre un 10/10...

St. THIELLEMENT



Retour au sommaire