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Scénario : Joe Carnahan & Gavin O’Connor
Avec : Edward Norton, Colin Farrell, Jon Voight, Noah Emmerich, Lake Bell, Jennifer Ehle.
Distribué par Metropolitan Filmexport.
130 mn.
Sortie le 26 Novembre 2008.
Note : 8/10.
Un polar noir, un vrai, sur un sujet certes déjà abordé au cinéma mais conjugué au contexte familial, une sorte de « Backdraft » pour le portrait de cette dynastie de flics irlandais dans l’âme qui rencontrerait tout polar ayant pour toile de fond la corruption policière à grande échelle. Tel est ce « Prix de la loyauté » (mmouais pour le titre français...) plus surprenant et réussi qu’on ne le pensait.
A New-York, la famille Tierney est plus que respectée : on est flic depuis deux générations, avec plusieurs fils à la fois. Le patriarche Francis senior règne en mentor de cette tradition dont il se montre fier, ses deux fils ayant suivi le même chemin dans des voies différentes puisque l’un est responsable d’une brigade, l’autre est flic de terrain. Et même le mari de sa fille est flic. Pourtant un jour, cet édifice est ébranlé suite à la découverte de quatre flics tués dans l’appartement d’un caïd de la drogue. Francis demande à Ray, son dernier, flic undercover voulant changer de secteur suite à un scandale qui lui coûta le bonheur de sa vie privée, de rempiler chez les stups pour mener l’enquête. Ray va donc plonger au cœur de la brigade de son frère Francis Jr, et découvrir que tout cela est lié à des activités parallèles des flics qui arrondissent leurs fins de mois en œuvrant pour la pègre locale. Et que l’implication touche plus personnellement certains membres de sa famille comme son beau-frère Jimmy, le mettant face au plus cruel des dilemmes : respecter la loi jusqu’au bout ou trahir son devoir en fermant les yeux sur les crimes des siens...
Ray, c’est Edward Norton, excellent comme toujours quand il est bien dirigé et bridé (comme dans « La 25ème heure » par exemple, son plus beau film à ce jour...), et Jimmy, c’est Colin Farrell, simplement parfait, son meilleur rôle avec le Crockett du « Miami vice » de Michael Mann (ce brillantissime polar à réévaluer d’urgence après cette première vision qui en déçut tant...). A eux deux, « le prix de la loyauté » existe, supporté il est vrai par l’excellence de choix des seconds rôles, par un scénario mêlant adroitement le classicisme de la corruption policière même à un niveau aussi gangrené qu’ici (remontant du plus petit flicaillon au plus haut gradé, du délit insignifiant au délit impardonnable) au portrait des relations familiales internes d’une dynastie de flics dans l’âme dont la vie privée n’est pas ce qu’ils ont réussi de mieux. Paradoxalement, le plus heureux d’entre eux étant le plus pourri, un peu comme si l’amour et la vocation dans ce métier avait un prix qui se répercutait sur les siens. Et c’est à ce titre que le rôle de Jimmy donne à Farrell la possibilité de créer un personnage dangereux, une sorte de Hyde en uniforme qui redevient le gentil Jekyll quand il est avec femme et enfants. Seul un des évènements finaux, trop « énorme », vient faire baisser de très peu la qualité du film. Autrement, de toute cette peinture sociale se déroulant dans un des endroits les plus emblématiques de ces castes familiales qui sacrifient tant à leur devoir, à savoir New-York (où le film a entièrement été tourné, chose rare, la Big Apple étant souvent recréée ailleurs, comme à Toronto par exemple...), servi par un scénario co-écrit par Joe Carnahan quand même (« Narc », « Mise à prix », il a failli signer « Mission Impossible 3 » avant de se retirer face aux exigences commerciales de Tom Cruise qui ne cadraient pas avec sa vision du film...) et qui révèle un réalisateur qui gagnerait à signer d’autres polars tant le genre semble l’inspirer, il en ressort un excellent polar noir, tragique, humain, simplement vrai.
St. THIELLEMENT
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