« Vent Mortel » le premier roman de Clive et Dirk Cussler, du père et du fils, s’appuie sur des événements survenus à la fin de la Seconde Guerre mondiale, alors que le Japon jette ses dernières forces dans le conflit. Le I-403, un sous-marin géant transportant deux avions, reçoit l’ordre de larguer des bombes d’une nature inhabituelle, aux yeux des sous-mariniers, sur la côte Ouest des Etats-Unis. Il n’arrivera jamais à « bon port », coulé par un destroyer qui l’éperonnera tout près de son objectif.
À notre époque, Sarah Manson fait partie d’une équipe scientifique qui étudie l’état sanitaire des éléphants de mer. Brusquement, tous sont pris de malaises alors que les deux gardes-côtes d’une station voisine décèdent. Ces derniers, avant de mourir, lancent un message de détresse. Celui-ci est capté par un navire de la NUMA de retour de mission aux fosses Aléoutiennes C’est en hélicoptère que Dirk junior survole la zone et découvre les membres de l’équipe inanimés. Sauvés, ils s’interrogent sur la cause de cette intoxication. D’où vient-elle et quel est le produit en cause ?
Avec Jack Dahlgren, son inséparable ami, Dirk repart sur la zone pour trouver des indices sur la provenance des toxiques. Un bateau de pêche délabré, sans équipements, avec des cadavres d’éléphants de mer sur le pont, attire leur attention. Deux marins leur tirent dessus et l’hélicoptère s’écrase en mer. Mais les héros ont la vie dure !
Dirk rencontre Sarah ...de plus en plus souvent. Dans son labo, les experts identifient du cyanure. Leurs fouilles, à la fois documentaires et sur le terrain, les amènent à retrouver l’épave du sous-marin. Ils peuvent remonter une bombe dont le corps est en ... céramique, mais vide de tout contenu.
Parallèlement, des attentats se produisent en Asie du Sud-est contre les personnes et les intérêts américains. L’ambassadeur des USA au Japon est assassiné comme son second quelques jours plus tard. L’inauguration d’une unité de production de semi-conducteurs tourne au drame. En Corée du sud un sergent est accusé d’avoir violé puis mutilé une jeune coréenne de treize ans...
Kang, un biznessman sud coréen œuvre pour un rapprochement des deux Corée. Or, c’est un agent du Nord qui, ayant connaissance de la mission du I-403, a conçu un plan diabolique visant à chasser les Américains de son pays et à les attaquer sur leur sol...
Comme à chaque aventure signée par Clive Cussler, on retrouve la galerie des personnages jouant leur rôle avec leur efficacité coutumière, que ce soit Julien Perlmutter, l’historien de la marine ou Hiram Yaeger l’informaticien génial de la NUMA...
La grande nouveauté pour ce volume est la signature commune de Clive et Dirk, le fils se préparant à prendre la suite dans l’écriture, ainsi que le passage de relais entre Dirk Pitt senior et Dirk Pitt junior. C’est ce dernier qui tient le premier rôle, secondé par un nouveau « Giordino » et par sa sœur jumelle. On peut regretter la place restreinte laissée à celle-ci et formuler des vœux pour qu’elle occupe dans les prochains romans une place plus importante.
Cependant, Pitt père, n’a pas disparu. Même s’il remplace Sandeker, (devenu sénateur) à la direction de le NUMA, il assume une partie des recherches sur le terrain.
Cussler, père et fils, reprennent l’idée (fortement utilisée par l’administration Bush) d’une menace bactériologique latente depuis des décennies. Outre le cyanure, dont ils énumèrent les principaux dérivés et l’utilisation faite au cours de l’Histoire humaine, les auteurs reviennent sur le virus de la variole. Celui-ci, aujourd’hui, paraît inoffensif, circonscrit par des campagnes massives de vaccinations. Mais il a des effets terrifiants. Son introduction par les marins de Christophe Colomb dans le Nouveau Monde a eu des conséquences catastrophiques. D’après les auteurs, ce virus serait responsable de la disparition de près de la moitié des populations Aztèques et Mayas. Les prêtres espagnols se sont chargés des survivants !
On retrouve quelques tics d’écriture comme ce rappel par le héros, toujours très occupé, qu’il doit un dîner à l’héroïne ou l’introduction relativement récente de phases détaillées du jeu de golf.
Mais, une fois encore la recette fonctionne et donne un superbe récit d’aventures épiques avec un héros au grand cœur qui combat le mal, se sort de situations dramatiques avec panache et ingéniosité, des héroïnes toujours belles qui jouent un rôle actif et ne sont pas là uniquement pour se faire enlever, attaquer... Certes, comme tous les héros, celui-ci triomphe. Mais n’est-il pas là pour ça ?
Le récit de « Vent mortel » est bien mené, dépaysant à souhait. On se laisse embarquer avec bonheur dans ces aventures décoiffantes et ...on en redemande !
Serge Perraud
Vent Mortel, de Clive et Dirk Cussler, Grasset Coll. grand format, avril 2008, 464 pages, 20,90 €