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Nouveauté : "Dans les griffes de la Hammer"

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Terence Fisher, Christopher Lee, Peter Cushing... Plus qu’une date de l’histoire du cinéma qui vit l’épouvante assumer enfin sa dimension érotique et violente, le cycle gothique produit par la firme britannique Hammer Films fut en France un véritable emblème subversif. Le déferlement sur les écrans à partir de 1957 de Frankenstein s’est échappé, La Nuit du loup-garou ou encore Dracula prince des ténèbres offre l’histoire d’une étonnante bataille d’Hernani faite de luttes esthétiques, de passions cinéphiles sur fond de révolution pop et de bouleversements politico-culturels.
En retraçant ces évènements sous la forme d’un passionnant récit agrémenté d’entretiens fleuves, Nicolas Stanzick livre non seulement le premier ouvrage consacré en France à la maison Hammer, mais il apporte du sang neuf à l’abondante littérature anglo-saxonne déjà parue sur le sujet. Voici le récit de la condamnation morale unanime d’un genre et de la naissance conjointe de la cinéphilie fantastique française, petite communauté joyeusement libertaire et populaire, adepte fièrement revendiquée d’un cinéma du sexe et du sang. Voici la chronique de ces francs-tireurs qui nous ont légué une mythologie Hammer intacte, alors que Le Cauchemar de Dracula souffle aujourd’hui ses cinquante bougies et que, tel le comte sanguinaire, le célèbre studio anglais renaît de ses cendres.

Né en 1978 à Poitiers, Nicolas Stanzick se passionne très tôt pour le cinéma fantastique, le rock et la contre-culture au sens large du terme. Après des études d’histoire à Paris-I Panthéon-Sorbonne, il collabore comme critique au Nouvel Observateur via Télécinéobs, à La Saison télévisée, à L’Ecran Fantastique et comme auteur au Dictionnaire du Cinéma populaire français (Nouveau monde, 2004). Dans les griffes de la Hammer est son premier ouvrage. Parallèlement à sa production littéraire, il poursuit une carrière de musicien en tant que guitariste et co-compositeur du groupe Ultrazeen .

La Hammer Films


Fondé en 1935, le studio britannique Hammer Films acquit sa durable célébrité avec le prolifique cycle gothique qu’il initia à partir de 1957. A l’origine de cette success story de deux décennies, une astucieuse idée commerciale : réutiliser Dracula, Frankenstein, le loup-garou ou la momie, soit l’essentiel du bestiaire des classiques du cinéma fantastique hollywoodien des années 30. A l’arrivée, une véritable réussite artistique. Ces films, le plus souvent signés Terence Fisher et interprétés par les « stars maison » Peter Cushing et Christopher Lee, sont d’une radicale nouveauté. L’horreur cinématographique est désormais synonyme de technicolor flamboyant, le sang coule voluptueusement à l’écran, l’érotisme se déploie en toute conscience et les mythes se modernisent pour porter une charge virulente contre les valeurs conservatrices du moment. Pour le genre, la Hammer devient le fer de lance d’un nouvel « âge d’or » qui secrétera de nombreux émules.
En plusieurs dizaines de films dont quelques chefs-d’œuvre absolus comme Le Cauchemar de Dracula (1958), Le Chien des Baskerville (1959), Les Deux visages du Docteur Jekyll (1960), La Nuit du loup-garou (1961), Le Baiser du vampire (1963), La Retour de Frankenstein (1969) ou Docteur Jekyll & Sister Hyde (1971), la Hammer donne ses lettres de noblesse à la série B européenne avant de cesser la production cinématographique en 1979. L’ère du blockbuster qui s’ouvre alors a raison du petit studio mais n’en efface pas la mémoire : Spielberg, Lucas, Coppola, Scorsese, Carpenter, Romero, Jackson, Tarantino ou Burton pour ne citer qu’eux, ont tous revendiqué, en films ou en paroles, leur goût pour ce studio désormais culte.
Maintes fois fantasmée, la résurrection de la firme londonienne est finalement devenue réalité lorsque le groupe Endemol la racheta en 2007 : diffusé sous forme d‘épisodes sur Myspace depuis juin 2008, Beyond the Rave est le premier long métrage produit par la Hammer depuis trente ans et naturellement, c’est une histoire de vampires qui en annonce beaucoup d’autres.

Pourquoi s’être attaché à écrire une histoire française de la si britannique Hammer Films ?

Nicolas Stanzick : « Tout simplement parce que cette idée en apparence étrange fournissait la matière d’une histoire inédite et passionnante. Ici, en terres cartésiennes, c’est avec la Hammer qu’on s’initia au cinéma fantastique. Chose loin d’être simple... Se souvient-on par exemple qu’il fallut l’arrivée sur nos écrans des Frankenstein et des Dracula de Fisher pour que les livres de Stoker et de Shelley aient enfin droit a des traductions dignes de ce nom ? Sait-on qu’avant le célèbre Cauchemar de Dracula, pour une immense majorité de français, le nom du comte était inconnu et le vampirisme une notion très floue ? Peut-on imaginer aujourd’hui les conditions de diffusion de ces films « maudits » dans des salles de quartiers souvent considérées comme mal famées, dangereuses et corruptrices ? Le cinéphile actuel, coutumier du relativisme culturel, prend-il toute la mesure du tollé médiatique que suscita l’irruption de la Hammer en 1957 ou du spectaculaire revirement critique qui reconnut en Fisher un grand auteur après 1968 ?... Bref, se focaliser sur l’exploitation et la réception de la Hammer en France, c’était inscrire tout ce pan de cinéma dans l’histoire culturelle des années 60 et 70. Mieux, c’était un moyen de révéler une part de la vérité intime de ces films par le prisme des regards successifs, positifs ou négatifs, qui se sont portés sur eux. Et au delà, c’était une façon d’écrire l’histoire de la cinéphilie fantastique française via son emblème de naissance, la Hammer. »

Dans les griffes de la Hammer se divise en deux parties égales. Il y a d’un côté votre récit du phénomène Hammer en France et de l’autre, de longs entretiens avec de célèbres cinéphiles fantastiques français qui racontent leur expérience personnelle de la Hammer : Michel Caen, Jean-Claude Romer, Jacques Zimmer, Noel Simsolo, Norbert Moutier, Alain Schlockoff, Christophe Lemaire, Jean-François Rauger et Francis Moury. Pourquoi ce choix de scinder en deux le livre ?
N.S. : « Ces deux parties sont conçues pour dialoguer entre elles. Je crois d’ailleurs qu’on peut indifféremment entamer le livre par l’une ou l’autre. La cinéphilie est une étrange passion qui se partage toujours entre intellect et émotions intimes. Il était impératif pour moi de fournir davantage qu’une réflexion théorique et de donner au livre une véritable épaisseur humaine. Les entretiens avec ces critiques, fondateurs de revue ou militants de la contre-culture étaient donc davantage qu’une somme de précieux témoignages : ils constituaient la matière sensible de cette histoire française de la Hammer que j’avais à cœur d’écrire. »

TITRE : Dans les griffes de la Hammer
AUTEUR : Nicolas Stanzick
EDITEUR : Scali
FORMAT : 135 x 215 mm
COUVERTURE : Broché, couleur, avec rabat intérieur
OFFICE : 805 02
ISBN : 978-2-35012-243-4
CLIL : 2331 06
RAYON : Essai cinéma
PAGINATION : 464 pages
ILLUSTRATIONS : 41 photos noir et blanc
PRIX : 29 euros
DATE DE PUBLICATION : 10 juillet 2008