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Le Purificateur de Brian Helgeland (2003)
Réalisateur : Brian Helgeland
Sortie : 19 novembre 2003
Durée : 1 h42
Avec Heath Ledger (Alex), Mark Addy (Thomas), Shannyn Sossamon (Mara), Benno Fürmann (Eden), Peter Weller (Le Cardinal Driscoll), Francesco Carnelutti (Dominic).
Essayons d’être objectifs et commençons par un aveu ! J’ai passé un bon moment à la projection d’un film raté... Je m’explique. Voilà l’archétype du film fantastique que les amateurs du genre vont détester et considérer ad vitam aeternam comme le dernier des navets ! Ah, l’Exorciste ! Et machin, et truc, c’était quand même autre chose !
On connaît le refrain et même la chanson pour la fredonner de temps en temps. Il est vrai que les défauts parfois inhérents à ce type de productions sont nombreux : scénarii souvent mal ficelés, intrusion d’éléments horrifiques non justifiée, histoire embrouillée à tort, jeu outré et parfois stéréotypé des acteurs, effets spéciaux contestables. La liste est longue et fait souvent beaucoup plus peur au fan de base que le film concerné.
S’inspirant des histoires et légendes du Moyen Age entourant les "dévoreurs de péchés", ces purificateurs chargés de "nettoyer" les âmes des moribonds que l’Eglise se refusait à absoudre pour des motifs souvent futiles et mineurs, Brian Helgeland a tenté de construire une histoire qui aurait pu être des plus alléchantes. Malheureusement, certains des défauts précédemment énoncés en plombent considérablement le contenu. Qui plus est, pour ne pas avoir choisi le sujet central de l’intrigue (le Purificateur ou la lutte pour le pouvoir au sein de l’Eglise), ce bon vieux Brian s’est un peu pris les pieds dans sa robe de bure. On murmure même que Vincent Cassel, sentant le naufrage, aurait quitté la production du "Purificateur" en cours de route... C’est dire le peu de crédit (et de pitié) que l’on accordera dans les "chaumières cinéphiliques françaises" à cette production.
Pourtant, sans honte aucune et passionné par la thématique religieuse et fantastique de l’intrigue, je me suis laissé emporté par la -petite- vague faisant avancer, tant bien que mal, le récit. C’est qu’au finish les acteurs n’y sont pas plus mauvais ou ridicules que dans bien des productions à succès -suivez mon regard matriciel- et que dans le domaine de l’outrance et des clichés, notre époque regorge de suffisamment de fleurons, trop vite hissés au rang de chef-d’œuvres, pour ne pas sortir son crucifix devant la première série B venue.
Car au fond et même si ce n’était peut-être pas l’objectif recherché, il ne s’agit que de ça. Une bonne vieille série B oscillant sans cesse entre la naïveté, le crédible et... le ridicule. Le genre d’objet que l’on pourra regarder et apprécier sans rougir de ce petit péché bien véniel. Il en est ainsi de ces plaisirs obscurs, pas toujours justifiables, dont on aime parfois se régaler sans trop oser les avouer à son entourage.
Hum... Les fans pas intéressés par la religion, le Vatican ou les légendes du Moyen-Âge, sont quand même priés de s’abstenir.
Stéphane Pons
Oscarisé pour son adaptation de L.A. Confidential, scénariste de Freddy 4 et du dernier (et remarquable) Eastwood, Mystic river, passé à la réalisation avec Payback duquel le vira juste avant la fin Mel Gibson, puis enfin maître de sa seconde réalisation, l’original et réussi Chevalier, Brian Helgeland revient aujourd’hui avec un thriller fantastico-religieux. Dont on attendait beaucoup suite à ce passif qui n’alla qu’en s’améliorant. La déception n’en est que plus grande au vu de ce spectacle raté et affligeant, oscillant entre un fantastique sérieux et l’épouvante de série B.
Le père Alex Bernier occupe un rôle à part dans l’église. Il a failli perdre la vie suite ç un exorcisme où la victime tenta de le poignarder. Il semble en plus doué de certains pouvoirs. Aussi, les hautes autorités religieuses de Rome s’adressent elles à lui pour débusquer le Dévoreur de pêchés. D’abord réticent, Alex accepte cette mission, et se voit secondé par Mara, celle qu’il sauva avant qu’elle ne le poignarde, et qui éveille en lui des doutes sur son engagement auprès de Dieu. Luttant contre ses démons intérieurs et d’autres plus réalistes et fantastiques, Alex Bernier va être au centre d’une lutte entre le Bien et le Mal comme on n’en avait pas vu depuis longtemps.
Cela aurait pu être un bon film si Helgeland s’était maintenu à son personnage d’Alex Bernier, qu’interprète fort justement Heath Ledger, et qui constitue la seule vraie réussite de ce shocker religieux. Au lieu de cela, au lieu de se concentrer sur les doutes qui assaillent un prêtre qui a du mal à résister à bien des tentations et qui se trouve confronté à un démon d’un ordre nouveau, il incorpore à son histoire du fantastique de bas de gamme comme ces enfants-démons, cet acolyte religieux sorte de super-prêtre défroqué et courageux, et une mystérieuse secte dont on devine rapidement qui se cache sous la cagoule. Cela ne fonctionne pas, l’ensemble se révèle bancal, un peu comme si on prenait le sérieux de L’exorciste 3 et qu’on le mélangeait à des éléments d’une série B d’épouvante. La séquence finale de révélation de la secte, les motivations du Dévoreur de pêchés (très financières !), polluent littéralement le scénario qui ne garde de positif que son personnage principal, et une ou deux bonnes idées comme ce que ressent le dévoreur à chaque fois qu’il " touche " un pêcheur
Pourtant, avec un tel sujet, il y avait matière à sortir un récit original, inquiétant et noir. Le prêtre assailli de doutes mais qui tue et peut aimer, on l’a vu très bien traité dans l’excellent Shadowbuilder où Michael Rooker était un tueur au service de l’Église. On sent vraiment que tout cela échappe au contrôle d’Helgeland qui ne maîtrise que rarement son scénario et n’arrive jamais à rattraper l’intérêt par une réalisation inspirée, le film lui échappe, malgré toute la bonne volonté de son principal interprète. Avec Le purificateur, Brian Helgeland signe son premier échec, et il va lui faire de l’ombre pour longtemps.
Stéphane Thiellement
Ecrit, produit et réalisé par : Brian Helgeland
Producteur : Craig Baumgarten
Producteurs exécutifs : Mihael Kuhn & Thomas M. Hammel
Effets spéciaux : Corridori Special Effects, Rome
Décors : Miljen " Kreka " Kljakovic
Montage : Kevin Stitt, A.C.E.
Costumes : Caroline Harris
Directeurs Artistiques : Braminir Babic & Domenico Sica
Production : N1 European Film Produktions Gmbh & Co KG et Twentieth Century Fox Film
Distribution : Twentieth Century Fox & UFC
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