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  Sommaire - Cinéma bis et culte -  Elsa Fraulein SS
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"Elsa Fraulein SS" de Patrice Rhomm


Avec Malisa Longo, Patrizia Gori, Olivier Mathot, Pamela Stanford, Claudine Beccarie.

1943, pendant la seconde guerre mondiale, Hitler fait envoyer un « train-bordel » sur les lignes du front, afin de remonter le moral de ses officiers supérieurs. Elsa Ackermann est la commandante du convoi, truffé de micros. Elle n’hésite pas à éliminer tout soldat qui s’écarterait du régime. La résistance veut à tout prix, détruire ce train qui est sur le point d’entrer en France, lorsqu’Elsa revoit un de ses anciens amants, Franz, interprète du convoi. Enchantée de renouer une relation avec lui, Elsa découvre que Franz n’a plus du tout l’étoffe d’être un nazi. D’origine alsacienne, il a vécu toutes les horreurs du front Russe. Il tombe alors amoureux de Liselotte, une des « hôtesses » du train, qui en réalité appartient à un groupe clandestin travaillant avec la résistance.

ELSA FRAULEIN SS appartient à la vague nazi-exploitation (ou nazi-porn) lancée à la fin des années 60 avec des films comme CAMP SPECIAL NUMERO 9. Il fallut pourtant attendre le milieu des années 70 pour que ce sous-genre devienne populaire par le biais de titres comme ILSA LA LOUVE DES SS ou SALON KITTY de Tinto Brass.
Ce sont surtout de ces deux derniers films que s’inspire ici Patrice Rhomm, écrivain de science-fiction tenté par l’érotisme prudemment dissimulé sous le pseudonyme de Mark Stern. Comme le rappelle Christophe Bier dans un très intéressant entretien bonus la France possédait depuis les années 50 une tradition d’érotisme nazi via une riche littérature de gare aux titres éloquents et Eurociné en reprend ici l’élément principal, à savoir le mélodrame. L’essentiel du métrage donne donc dans l’histoire d’amour impossible, la méchante Elsa venant interférer dans la relation entre Franz, un officier nazi désabusé, et Liselotte, une prostituée utilisée comme divertissement dans un train bordel.
Vu le coût relativement important de ce train les producteurs rusèrent en tournant également TRAIN SPECIAL POUR HITLER avec le même décor et les mêmes acteurs, recyclant encore de la pellicule dans le futur CONVOI DE FEMMES signé Pierre Chevalier. Bref, un bel exemple de cinéma à l’économie...
Niveau nudité, ELSA FRAULEIN SS se montre relativement généreux mais, par contre, ne va jamais très loin dans l’érotisme : peu de scènes chaudes ressortent du métrage, à l’exception de la première, au cours de laquelle Franz lèche avidement les bottes de cuir d’une Elsa au bord de l’extase. Une entrée en matière laissant espérer un film choc mais le spectateur déchante vite : les tortures seront minimales, la violence quasi absente et le sexe se limitera à quelques ébats très soft. Dommage car ce ELSA FRAULEIN SS possédait le potentiel nécessaire à contenter les amateurs de friandise épicée. Ici, cette retenue paraît hélàs un peu hors sujet (ce genre de film est uniquement vendu sur le sexe et la violence, inutile de se voiler la face !) et parait très fleur bleue comparée aux fleurons italiens comme LA DERNIERE ORGIE DU TROISIEME REICH ou le mythique (et totalement nul !) HOLOCAUSTE NAZI.
La musique pseudo-hitlérienne n’est pas toujours très réussie non plus et le manque de moyen se fait souvent cruellement sentir, tant au niveau des décors que des costumes et accessoires. Mais, heureusement le bilan n’est pas totalement négatif pour autant car le métrage, en dépit de ses nombreux défauts, se révèle plutôt plaisant. Il possède un certain charme naïf encore appréciable aujourd’hui. Le passage chanté s’inscrit tout à fait dans la tradition de SALON KITTY mais s’avère plutôt plaisant et la courte durée de l’ensemble aide à faire passer la pilule, d’autant que les acteurs principaux semblent un minimum concerné par l’intrigue.
Actrice spécialisée dans la nazi-exploitation, Malissa Longo se montre ainsi très convaincante dans le rôle de la tortionnaire sadique et Olivier Mathot parvient à rendre crédible son personnage d’officier SS pris soudain d’une crise de conscience aigue. Patrizia Gori, Pamela Stanford et la célèbre hardeuse "exhibitionniste" Claudine Beccarie complètent la distribution, aux côtés de Rudy Lenoir. Par contre les seconds rôles sonnent désespérément faux ou se laissent aller à des accès de cabotinage risibles.
En résumé, ELSA FRAULEIN SS se scinde clairement en deux : une première partie purement mélo des plus agréables dans sa naïveté généreuse et une seconde beaucoup plus conventionnelle (trahison, séance d’interrogatoire, attaque de la résistance) et, il faut le reconnaître, nettement moins réussie.
Dans l’ensemble, le métrage reste pourtant sympathique. Très attaquées au moment de leur sortie, les productions Eurociné se sont parées au fil du temps d’une patine charmante et surannée qui tient davantage du bricolage et des trucs de forains que du grand cinéma mais qui saura contenter les fanatiques de cinéma bis, d’autant que ce DVD a été confectionné avec beaucoup d’attention et bénéficie d’un passionnant entretien avec Christophe Bier, spécialiste incontesté de la série B, rédacteur pour divers fanzine et le magazine Mad Movies, écrivain (un essai sur Eurociné, un autre sur le X...entre autre !), acteur (chez Mocky) et chroniqueur pour France Culture. Bref, un bonus qui rend quasiment indispensable l’achat de cette curiosité.

(Merci à Artus Films pour l’envoi de ce DVD)

Frédéric Pizzoferrato



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