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Avec Johnny Depp, Heather Graham, Robbie Coltrane, Ian Holm, Jason Flemyng.
FPE Vidéo
C’est marrant comme certains films changent au fil du temps quant à leur perception. Certains perdent de leur prestance (le pire exemple qui me vienne à l’esprit, c’est « Highlander »...), d’autres gagnent en qualité au point de réévaluer leur statut : « From Hell » est l’adaptation d’un roman graphique remarquable scénaristiquement (laid graphiquement, si, si, je l’assume !), le film en déçut beaucoup, mais dans l’ensemble, il y avait suffisamment de bonnes choses pour qualifier cette adaptation d’excellente. Aujourd’hui, six ans après, bénéficiant d’une copie Blu-ray absolument superbe, le verdict a été revu à la hausse : « From Hell » est un chef-d’œuvre.
En 1888, à Whitechapel, un des quartiers les plus sordides de Londres, des prostituées sont atrocement mutilées par un tueur qui se fait appeler Jack l’éventreur. L’inspecteur Frederick Abberline (Depp) de Scotland Yard, est choisi pour mener l’enquête, à cause de ses étonnantes qualités d’investigation reposant sur son intelligence et un certain don pour « voir » les crimes. Très vite, la précision chirurgicale des meurtres, la proximité de la police secrète du gouvernement, des témoignages sur un lord aperçu dans le coin depuis quelques mois, poussent Aberlyne à abandonner la piste d’un vulgaire tueur en série au profit d’une plus vaste machination criminelle ayant pour instrument un dangereux psychopathe.
Dès sa parution, « From hell » fut une bombe par sa richesse scénaristique (Alan Moore quand même...) et acquit la réputation d’être inadaptable au cinéma. Jusqu’à ce que l’australien Terry Hayes (« Mad Max 2 », « Calme blanc », le version cinéma de « Payback » de Mel Gibson) s’associe à un autre scénariste, Rafael Yglesias, pour livrer une mouture qui lança le projet. Et ceux qui relevèrent le défi furent les frères Hughes, passés à la postérité dès leur premier film, le percutant « Menace to society » (dont la seule erreur fut d’arriver après le surestimé « Boy’z in the hood » alors qu’il lui est mille fois supérieur), que suivit l’extraordinaire brûlot qu’est « Dead presidents » (« Génération sacrifiée » en vf). En acceptant le film, ils revirent aussi quelques moments du scénario avec l’accord de Hayes et Yglesias, partirent tourner à Prague (pas mieux pour recréer le Londres glauque d’il y a plus d’un siècle) et le résultat est là, bluffant. D’accord, les finesses scénaristiques du roman ne sont pas toutes là mais il est évident qu’une telle richesse ne peut se retrouver en intégralité dans un film. Et, encore une fois, une adaptation se doit de savoir prendre l’essence première d’une histoire et de retranscrire cinématographiquement la vision d’un scénariste et d’un réalisateur. C’est exactement ce qui se passe ici. Les frères Hughes signent ainsi le film social le plus juste sur cette période de l’Angleterre, les éléments criminels sont parfaitement intégrés dans le contexte, et la love-story entre Aberline et la prostituée Mary Kelly (Heather Graham, dans son meilleur rôle) y trouve pleinement sa place. Aussi incroyable que cela puisse paraître, rien ne prend plus la place qu’autre chose, les différentes intrigues, les éléments divers, forment un ensemble en parfaite osmose. Et on redécouvre l’élément romantique du film avec l’idylle maudite entre Abberline et Mary Kelly, au travers de moments magiquement émouvants (la confession de l’inspecteur dans le jardin, leur visite au musée) aidés il est vrai par une musique magnifique qu’on ne retrouvera qu’à la fin, où toute le chagrin d’Abberline se lit sur le visage de Depp quand il songe à la vie qu’il pourrait avoir auprès de celle qu’il aime. Et justement, outre le talent des deux frangins, il faut aussi saluer l’excellente prestation d’un Johnny Depp en écorché vif, survivant d’un drame personnel. Quand on le voit, là, il est simplement extraordinaire, il porte le film sur ses épaules : c’est sûr, c’est autre chose que dans le poussif et mauvais « Sweeney Todd ». Sinon, comme il a été dit au début, cette copie Blu-ray est simplement magnifique : jamais les rues embrumées du Whitechapel des frères Hughes n’ont été aussi saisissantes tant au niveau des détails que de la profondeur des noirs ciselant avec précision le moindre contour d’u ne ombre menaçante. Encodé en Mpeg4, « From Hell » prouve aussi que quand on veut, on peut. La surprise n’en est que plus grande ici, « From Hell » ayant été un cruel et injuste échec commercial à sa sortie. Question bonus, par rapport à l’édition Collector DVD, pas mal sont passés à la trappe. Il reste le commentaire audio, quelques scènes coupées commentées par Albert Hughes dont la fin alternative, heureusement pas gardée, où on voyait un Abberline vieillard mourant dans une fumerie d’opium à Shangaï, la séquence s’ouvrant sur un plan gratuit mais visuellement plaisant, sur le fessier magnifique d’une jeune asiatique rentrant dans son bain. Un plan qui fut l’objet d’une dispute entre les deux frères comme le confirme Albert. Les autres scènes coupées ne sont pas aussi inintéressantes que d’habitude, comme celle des parents de celle qui donna une héritière à (je n’en dis pas plus, pour celles et ceux qui n’ont pas vu le film...). Alors, peut-on regretter cette édition suite à ces bonus minorés par rapport à ceux qu’on connaissait ? Certainement pas : le film, on le reverra souvent, les bonus moins, et de toutes façons, rien que pour cette copie splendide, même sans aucun bonus, cette édition Blu-ray aurait été à ne rater sous aucun prétexte. En plus, elle confirme que « From hell » est un grand film des frères Hughes, un chef-d’œuvre.
PS : la jaquette française reprend un design étrange par rapport à celui d’autres pays. Ailleurs, Heather Graham arbore un air terrifié, repris d’ailleurs sur le visuel du disque. Chez nous, sur la jaquette, Heather Graham arbore un étrange petit sourire. Etrange, parce qu’au vu des évènements...
Film : 10/10
Blu-ray : copie magnifique, image 1080p Haute Définition 16x9 2.35 :1- Bonus : 5/10 : commentaires audios des réalisateurs, scénariste, chef-op’ et de l’acteur Robbie Coltrane - 21 scènes coupées dont la fin alternative - bande-annonce.
St. THIELLEMENT
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