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  Sommaire - DVD -  A - F -  A l’interieur
"A l’interieur "
de Alexandre Bustillo et Julien Maury

Avec Beatrice Dalle et Alysson Paradis
9/10

Sarah est une jeune photographe enceinte dont le mari est décédé dans un accident de voiture. Alors qu’elle approche du terme de sa grossesse et que, dans les banlieues de Paris, la tension monte entre jeunes et policiers, Sarah décide de passer seule le réveillon de Noël. Mais une femme s’invite chez elle pour lui voler son bébé, même si celui-ci est encore à l’intérieur...
Réalisé par Alexandre Bustillo (un ancien rédacteur de Mad Movies) et Julien Maury, A L’INTERIEUR recentre fermement la France sur la scène du cinéma gore intelligent. Peu couru dans l’Hexagone à l’exception du sympathique BABY BLOOD, le genre a subit un revival depuis le milieu des années 2000 avec une poignée de titres radicaux comme HAUTE TENSION ou FRONTIERE(S). A l’image de ce dernier, A L’INTERIEUR utilise d’ailleurs le contexte politique de la crise des banlieues en toile de fond de son intrigue mais se recentre rapidement sur la maison de Sarah. Ironiquement celle-ci porte le N°666 et elle devient rapidement la porte vers l’enfer.
A L’INTERIEUR prouve enfin que l’on peut faire en France un long-métrage de genre pur et dur sans remâcher des influences trop convenues (contrairement au précité FRONTIERE(S) certes efficace mais beaucoup trop prévisible) mais en usant d’une certaine sensibilité européenne, notamment via des personnages plus développés que de coutume. Si celui de Sarah, incarné par Alysson Paradis, manque un peu de profondeur, la mystérieuse femme incarnée par Beatrice Dalle s’impose immédiatement comme un boogeyman de premier choix, digne de ses émules plus bas du front comme Freddy ou Jason. En peu de mots mais par son seule regard et sa silhouette menaçante, Beatrice Dalle campe le personnage et nous dispense d’explications superflues, même si le petit "twist" révélé par le final est un ajout pertinent.
Les deux cinéastes avec un budget de misère parviennent dans un premier temps à instaurer une véritable atmosphère, tout en ombres et en retenues, parfois proche des meilleurs giallo des seventies. Les grandes giclées de sang sur des murs blancs rappellent d’ailleurs des titres tels que TENEBRES d’Argento. Mais si les metteurs en scène se restreignent quelque peu durant la première demi-heure, c’est pour mieux se lâcher durant la seconde partie en proposant une suite de scènes gore des plus réussies et secouantes. A L’INTERIEUR tourne alors à la boucherie mais demeure toujours aussi efficace, angoissant et réussi, servi par une bande sonore assez stressante et pas spécialement agréable à l’oreille, donc parfaitement adaptée au sujet.
Mais A L’INTERIEUR ne cherche pas à choquer à tout prix et ne désire pas être le métrage le plus gore possible. Il cherche avant tout à raconter une histoire frontale et brutale, celle d’une femme désireuse d’obtenir le bébé dont elle rêve et prête à supprimer tous ceux et celles qui se mettront sur sa route. Ciseaux, fusils, aiguille à tricoter, couteau...tous les ustensiles seront utilisés pour cet équarrissage dans la plus belle tradition du gore.
Sans doute conscient des limites de leur intrigue et peut désireux de la diluer par des digressions inutiles, les cinéastes terminent leur métrage au terme d’une heure et quinze minutes intenses et barbares. Un final à contre-courant des standards du genre, radical et sans concession, se concluant par un beau mouvement de caméra. Ainsi que l’impression générale de s’être pris un fameux coup de boule dans l’estomac...et même plusieurs !
Car A L’INTERIEUR ne fait pas dans la dentelle et n’hésite jamais à détailler les meutres les plus saignants possibles. Les petites natures qui n’acceptent pas qu’un film d’horreur soit horrible à ce point (reproche t’on pourtant à une comédie d’être trop drôle ?) se boucheront le nez et se consoleront avec le dernier remake "daubesque" et PG-13 d’un classique. Les autres applaudiront des deux mains devant tant d’excès.
A L’INTERIEUR s’impose donc comme le meilleur "gore" issu de l’Hexagone et même un des meilleurs films de genre français de ces quinze dernières années avec, dans un registre différent, l’excellent 36 QUAI DES ORFEVRES.

NOTE
A L’INTERIEUR est disponible en DVD. Il a malheureusement fait un bide dans les salles française et ne sortira pas au cinéma en Belgique.
Il a également été présenté au BIFFF, le FESTIVAL INTERNATIONAL DU FILM FANTASTIQUE DE BRUXELLES 2008.

Fred Pizzoferrato



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