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  Sommaire - Films -  S - Z -  Sweeney Todd, le diabolique barbier de Fleet Street (Sweeney Todd, the demon barber of Fleet Street)
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"Sweeney Todd, le diabolique barbier de Fleet Street (Sweeney Todd, the demon barber of Fleet Street) " de Tim Burton

 

D’après la comédie musicale de Stephen Sondhelm & Hugh Wheeler
Avec : Johnny Depp, Helena Bonham-Carter, Alan Rickman, Timothy Spall.
Distribué par Warner Bros.
115 mn.
Sortie le 23 Janvier 2008.
Note : 2/10.

Dans la très grande histoire du 7ème Art, Tim Burton a sa place. Ce doux rêveur qui mélangeait la monstruosité à la poésie pour mieux en extraire ce qu’il y a de mieux en chacun, et qui inconsciemment venait de son enfance, débuta vraiment avec « Beetlejuice » avant d’exploser avec deux chefs-d’œuvre incontestables : « Edward aux mains d’argent » et « Batman le défi ». Juste avant, il signait l’œuvre de commande Warner, « Batman », difficilement regardable déjà à l’époque, limite insupportable aujourd’hui (et concernant Batman, le seul meilleur film lui étant entièrement voué est l’excellent « Batman begins » en attendant prochainement le très attendu « Dark knight », tous deux signés Christopher Nolan). Après ces deux monuments, Burton signa logiquement la biographie d’une de ses idoles, « Ed Wood », puis vint le sympathique « Mars attack », le très beau « Sleepy hollow » et sa seconde commande de studio, le pourtant plutôt pas mal « Planète des singes ». Où on reconnaît difficilement sa « patte » quand même. Mais après, c’est la chute : « Big fish » amorce la métamorphose d’un auteur qui rationalise bien plus qu’avant son imagination délirante et « Charlie et la chocolaterie » enfonce le clou. Aujourd’hui, le voici réalisateur de l’adaptation cinéma d’une comédie musicale horrifique, « Sweeney Todd ». A la fin du film, une dure question s’impose : où est passé le génie qui signa « Edward aux mains d’argent « et « Batman le défi »...
Fin du 19ème siècle, Benjamin Barker revient à Londres après quinze ans de prison, accusé injustement d’un crime dont il est innocent, uniquement monté pour l’écarter de sa femme, objet des fantasmes d’un juge. Il apprend qu’il est veuf mais que sa petite fille a été adoptée par l’infâme juge Turpin qui en plus veut faire d’elle sa femme ! Prenant l’identité de Sweeney Todd, Barker s’accoquine avec une boulangère, Mme Lovett, et monte une échoppe de barbier. Il y égorge ses victimes, qui finissent en farce dans les tourtes de Mme Lovett, et prépare son ultime vengeance, tout en flirtant avec les pires déviances de sa folie criminelle.
A la base, une comédie musicale. Pourquoi pas l’adapter au cinéma, effectivement. Sauf que les chansons n’ont rien d’extraordinaires mais surtout que, et ça, c’est très vite flagrant, tout est chanté et filmé en gros plans ! Gros plans de Depp & Co en train de pousser la chansonnette à tout bout de champ ! Aucune magie, aucun émerveillement de mise en scène apportée par ce concept ne vient transformer cette adaptation en réussite. Une comédie musicale se doit d’être flamboyante, de voler, de virevolter, là rien : que des gros plans. Du coup, très rapidement, le spectacle tombe à plat, le théâtre chanté supplante l’adaptation d’une comédie musicale (loin d’être éblouissante en plus, au vu et entendu de ce qu’on découvre), et l’espoir de voir renaitre le génie créateur de Burton s’amenuise rapidement. Ce que confirme des séquences répétitives comme certains assassinats (quatre d’affilée, sans aucune originalité pour les différencier...), le peu de partis tirés de décors superbes. Quant au gore dû aux égorgements, dans un tel spectacle, il n’amène rien de plus. Alors aujourd’hui, à la fin de son nouveau film, il est définitivement difficile de croire encore au grand retour du Tim Burton, ce magicien qui nous émerveillait même avec des monstres. Le pire, c’est de revoir « Edward aux mains d’argent » après « Sweeney Todd » (le Blu-ray vient de sortir, that’s why...) pour mesurer la perte de talent de celui qu’on tenait il y à presque vingt ans pour un génie. Faites l’expérience, vous verrez, mais c’est douloureux quelque part, soyez-en prévenus...

St. THIELLEMENT



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