L’intrigue se déroule au début du 19e siècle, quand la France de Napoléon et l’Angleterre de Sa Gracieuse Majesté se livrent une guerre totale sur terre, sur mer et dans les airs. Oui ! Vous avez bien lu : dans les airs, grâce à des escadrilles de dragons élevés, dès leur naissance, par un pilote exclusif. De plus, ces forteresses volantes parlent.
William Laurence est devenu le pilote de Téméraire. Pourtant rien ne le destinait à lier son existence à celle d’un dragon, seulement le hasard ...et la romancière. Capitaine du Reliant, il prend à l’abordage un navire français qui transporte un œuf prêt à éclore. Le tirage au sort de celui qui passera les harnais, dès l’éclosion, (qui deviendra donc le pilote) désigne un des officiers de Laurence, mais le bébé dragon ne s’intéresse qu’à lui et à lui seul. Il doit, contraint et forcé, lui passer le harnachement !

Dans le premier volet, Les dragons de sa Majesté, Naomi Novik développe la naissance puis l’épanouissement de l’amitié entre les deux êtres, leur installation dans les escadrilles et les problèmes nombreux auxquels ils doivent faire face ...ensemble.
Dans Le Trône de Jade, l’auteur augmente encore la pression avec un danger qui vient de l’extérieur.
L’Empereur de Chine a appris que les Anglais s’étaient emparés de l’œuf qu’il destinait à Napoléon. Il envoie une délégation pour récupérer son bien. Mais ni Téméraire, ni Will (William Laurence) ne l’entendent de cette oreille. Pas question, une seconde, d’être séparés. Will est prêt à se mutiner pour empêcher cette situation. Cependant, il faut se faire une raison ! Téméraire retournera en Chine et Will ...l’accompagnera. Mais la route est longue, dangereuse et une fois sur place, le dragon ayant retrouvé ses origines, sa mère, voudra-t-il rester une machine de guerre ?

La série, bien que se plaçant au début du 19e siècle, ne relate que peu la vie et les bouleversements de cette époque. Certes la guerre est très présente et l’aventure reste un des principaux moteurs de l’intrigue. Les batailles aériennes sont mémorables et décrites de superbe façon, mais l’auteur insiste sur les relations du couple et les relations de celui-ci avec son environnement.
Si cette histoire de dragon pouvait, de prime abord, faire penser à une déclinaison d’autres histoires célèbres, il n’en n’est rien. L’auteur a su trouver une voie originale pour l’animation de ses personnages et la construction de son histoire. Elle a su donner une véritable dimension sentimentale à ce dragon et le doter d’une personnalité attachante. Elle développe, autour de ses deux héros, toute la gamme de sentiments d’un humain, lui faisant ressentir la crainte de sa mère, des sentiments amoureux pour une de ses semblables, avec tous les affres de l’amour naissant.
La narration est enjouée, dynamique. L’auteur sait faire alterner, sans qu’on ait l’impression de plaquages, les scènes guerrières, brutales et les moments d’émotion, de partage et d’amitié.

Ces deux tomes se lisent avec beaucoup de plaisir. On suit avec attention les péripéties riches et variées. Et on attend, avec une pointe d’impatience, la suite que les éditions du Pré aux Clercs nous promettent pour mars 2008.

Serge Perraud

Téméraire T.1 Les Dragons de sa Majesté, T.2 Le Trône de Jade, Naomi Novik, Le Pré aux Clercs coll. Fantasy, avril et septembre 2007, respectivement de 360 et 396 pages, 19,90 €