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  Sommaire - Films -  G - L -  Into the Wild
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"Into the Wild" de Sean Penn

 

Réal. & scén. : Sean Penn
Avec : Emile Hirsch, Marcia Gay Harden, William Hurt, Jena Malone, Vince Vaughn, Hal Holbrook.
Distribué par Pathé Distribution.
147 mn.
Sortie le 9 Janvier 2008.
Note : 10/10.

Il y a vingt cinq ans, on découvrait Sean Penn avec une sale gueule dans le très violent « Bad boys » (rien à voir avec le « buddy movie » de Will Smith...) où il incarnait un adolescent délinquant qui cherchait à rentrer dans le droit chemin mais qui ne cessait d’être provoqué pour s’en écarter. Ce n’était pas son premier film, mais c’était son premier vrai rôle marquant. Avant, on l’avait remarqué dans « Taps », le drame militaire où il côtoyait Tom Cruise (tout jeune et qui en voulait !). mais c’est « Bad boys » qui marqua les esprits : Sean Penn avait une image qui lui sera longtemps associée. La suite fait partie de l’histoire de sa carrière, de l’excellent « Les anges de la nuit » qui donna de lui un autre aperçu de son talent jusqu’à la consécration oscarisée pour son rôle de père vengeur dans « Mystic River ». Le personnage est pourtant resté un cas à part dans Hollywood, que ce soit avec ses prises de position politique, ou avec ses commentaires sur ses pairs (d’Eastwood, il dit : « C’est l’icône d’Hollywood la moins décevante ! » : un compliment !). Mais Sean Penn est aussi un réalisateur, plus que doué et ce depuis son premier film, « Indian runner » avec Viggo Mortensen et Charles Bronson (dans le dernier plus beau rôle de sa carrière). Suivirent le bouleversant « The crossing guard » avec Nicholson en père justicier qui attend depuis plusieurs années la libération de l’alcoolique responsable de la mort de sa fillette et « The pledge » encore avec Nicholson, superbe film noir sur l’obsession d’un homme à coincer un psychopathe au point d’utiliser des appâts humains qui partagent son quotidien. Aujourd’hui, Sean Penn vient de signer son quatrième film, son meilleur, le plus abouti, le plus parfait, le chef-d’œuvre absolu : avec « Into the wild », vous êtes conviés à un voyage cinématographique comme vous n’en avez jamais (ou si rarement) vécu. Il est signé Sean Penn, un des plus grands cinéastes américains qui soient, et qui vient d’être choisi pour être Président du Festival de Cannes 2008. Maintenant, partons dans « Into the wild »...
Il s’appelle Christopher McCandless, il a vingt deux ans, il vient d’avoir son diplôme. Et là, au grand dam de ses parents, il plaque tout, tournant le dos à ce qui pouvait s’annoncer logiquement comme un brillant avenir. Mais Christopher a comme beaucoup, envie de vivre avant peut-être de « s’installer », à moins de rejeter totalement le mode de vie de la société actuelle pour quelque chose de plus pur, et vivant. Sillonnant les routes, faisant du stop, il va parcourir une bonne partie des USA, rencontrant des gens qui vont façonner ce qu’il conçoit être sa vie pour finalement s’enfoncer de plus en plus loin dans l’Alaska sauvage pour accéder à ce qui se rapprocherait le plus de la communion ultime avec la nature.
Tout ceci est une histoire vraie. Elle est tirée du livre bâti sur les carnets de route de Christopher, avec l’autorisation de sa famille. Le genre d’histoire très casse-gueule pour être portée au cinéma. Sauf pour quelqu’un comme Sean Penn (ou un Michael Mann, ou un Eastwood ou un ou deux autres de cette trempe) qui a parfaitement compris l’essence de ce récit. Comment un adolescent fraichement libéré de l’université préfère se découvrir en coupant quasiment tous les ponts avec son monde passé pour mieux revivre éventuellement plus tard. Car ils sont nombreux à faire ça, encore plus nombreux à le souhaiter mais peu ont le courage de l’accomplir. Cette quête de soi se fait ici par un retour à la nature, de plus en plus fort, de plus en plus éloigné de la civilisation. Sean Penn traduit cela déjà au travers de la révélation d’un acteur qui crève l’écran, ensuite par des images de toute beauté, mais possédant aussi une force évocatrice puissante. Ce ne sont pas de simples photos, simplement des témoignages de ce qui existe et vit à nos côtés. Enfin, l’osmose est définitivement totale avec une bande originale sublime qui fait de ce film un magnifique voyage à la recherche de ce qui peut nous rendre simplement plus sage, plus ouvert, plus humain. « Into the wild » est un grand voyage, une expérience comme on n’en ressent rarement au cinéma, un chef-d’œuvre signé Sean Penn, un des plus grands cinéastes américains de ce siècle.

St. THIELLEMENT



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