8/10
Elle déplaça un manteau en fourrure plutôt râpé qui empestait la naphtaline. En dessous se trouvaient une canne et un exemplaire qui avait pris l’eau de "Romance et légendes de la cavalerie", par A. R.Hope Moncrieff, mise à prix : cinq pence. A côté du livre, couché sur le flanc, se trouvait le Saint-Graal. Il portait à la base une petite étiquette ronde en papier sur laquelle figurait le prix de 30 pence, écrit au stylo-feutre.
Galaad est sur le point d’achever la quête du Saint-Graal, malheureusement pour lui au XX° siècle l’objet de sa quête s’est retrouvé aux mains d’une retraitée londonienne, plus tenace qu’un dragon.
Vous l’avez compris ce recueil nous offre une trentaine de nouvelles de Neil Gaiman pour le moins... originales, traitant de fantastique, d’humour noir, d’érotisme, de Michael Moorcock et des contes de notre enfance.
Neil Gaiman n’hésite pas à utiliser deux fois de suite le personnage de Larry Talbot, le loup-garou apparu dans le film de George Waggner (1) et dans celui de Charles Barton (2). De même il peut placer par deux fois son récit dans la ville d’Innsmouth chère à un certain Howard Phillips Lovecraft
La nouvelle "Le bassin aux poissons et autres contes" nous relate le voyage cauchemardesque d’un écrivain britannique venu à Hollywood pour préparer une adaptation de son roman. Rassurez- moi Hollywood n’est pas peuplé de producteurs irrationnels, ignorant tout de l’histoire américaine ou même de celle du cinéma, n’est-ce pas ? Le moment ultime réside lorsque le romancier anglais (toute ressemblance..) est désespéré à l’idée que l’un des personnages de son roman soit interprété par un certain Keanu Reeves (qu’elle a été l’attitude d’Alan Moore lorsqu’il a appris l’identité de celui qui allait interpréter son héros John Constantine ?).
Si certaines nouvelles sont assez obscures, on constate que Neil Gaiman ose tout, même décrire l’enquête menée par un ange sur un meurtre ayant eu lieu au paradis. Il peut centrer le récit d’une nouvelle sur l’évolution du magazine Penthouse ( paru pour la première fois sur le territoire britannique), procéder à un mélange de fantaisy et de la science-fiction (Neil Gaiman est anglais), méler dans une histoire SF et maladie vénérienne ( Neil Gaiman est anglais) et nous informer de la langue parlé par le diable : à savoir le français ! ( Neil Gaiman est anglais !).
(1) Le Loup-garou, en 1941
(2) Deux nigauds contre Frankestein, 1949
Damien Dhondt
Neil Gaiman _ Miroirs et fumées _ " Smoke and mirrors ", traduction : Patrick Marcel _ J’ai lu fantastique n° 6735 (août 2003) _ Réédition, poche, 384 p. 7,60 euros