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Scénario : Neal Gaiman & Roger Avary
Avec : Ray Winstone, Angelina Jolie, Robin Wright Penn, Anthony Hopkins, Crispin Glover.
Distribué par Warner Bros.
113 mn.
Sortie le 21 Novembre 2007.
Note : 9/10.
Le film curiosité par excellence. Pourquoi ? Simplement parce qu’il est la conjugaison de plusieurs choses, à savoir le nouveau film de Robert Zemeckis, qu’on ne présente plus (au cas où, citons « A la poursuite du diamant vert », la trilogie « Retour vers le futur », « Qui veut la peau de Roger Rabbitt ? », « Forrest Gump », « Seul au monde » et une part active dans la société Dark Castle avec Joel Silver, producteurs de « La maison de cire » entre autres...), un scénario inspiré d’un des plus vieux contes vikings connus retravaillé par le romancier Neal Gaiman (« Neverwhere », « Stardust » récemment porté avec succès à l’écran par Matthew Vaughn) et le réalisateur-scénariste Roger Avary (Oscar partagé avec Tarantino du meilleur scénario pour « Pulp Fiction », scénariste de « Silent Hill » et les deux casquettes pour son excellente adaptation du roman de Brett Easton Ellis, « Les lois de l’attraction »), et enfin tout cela tourné en « performance capture », procédé déjà utilisé dans « Le Pôle express » de Zemeckis justement, qui donne un film qui n’est ni d’animation, ni « en live », mais la combinaison des deux. Avec ça, qu’en ressort t’il ? Une œuvre monumentale, qu’on ne pensait pas voir de la part de Zemeckis, utilisant donc une technique au maximum de l’étendue de ses possibilités. Une grande baffe en perspective.
Il y a longtemps, très longtemps, en des contrées sauvages et mystérieuses, des monstres et de courageux guerriers se partageaient les territoires. De ces combats, certains hommes en sortaient vainqueurs devenant ainsi des héros de légende dont les exploits étaient chantés au-delà de leur pays. Un des plus célèbres fut Beowulf, viking ayant sauvé le roi Hrothgar des assauts meurtriers d’une sorte d’ogre monstrueux, Grendel. Par la suite, Beowulf combattit la mère du monstre, une créature aussi magnifique que dangereusement mortelle. Revenu de ce périple en vainqueur, Hrothgar céda alors son royaume à Beowulf. Le guerrier devint roi, puissant, riche, mais en même temps, sujet aux tentations les plus grandes qui lui donneraient encore plus de pouvoir. Car derrière la legende se cache d’abord et avant tout un homme, la seule créature vivante qui ne peut se contenter de ce qu’elle a, ni qui sache lutter contre la moindre des tentations. Quand Beowulf comprendra cela, il acquerra la sagesse ; mais la légende, elle, n’ira pas jusque là...
Disons le tout de go : le scénario est magnifique, grandiose, voire monumental. Paradoxalement, il humanise le héros, c’est-à-dire qu’il analyse le statut du héros de légende, qui dans la réalité, vit des tourments et des tentations que nul autre homme ne connaîtra jamais. Maintenant, il faut porter une telle histoire sur un écran et le choix de Robert Zemeckis s’est porté sur le principe de la « performance capture » pour mettre en images un sujet aussi colossal. Déjà éprouvée sur « Le pôle express », la « performance capture » n’est pas simplement de l’animation : il s’agit de faire réellement jouer à un acteur l’intégralité de ses séquences réelles, avec disposé sur et autour de lui, des senseurs qui indiqueront à l’ordinateur tous ses mouvements qu’il suffira alors de retranscrire sur l’écran. Une technique révolutionnaire qui donne un réalisme, au niveau des expressions des personnages reproduits, inédit. Dans « Le pôle express », Tom Hanks jouait six personnages à lui seul, lesquels étaient bien entendu différents visuellement par la suite. Dans « la légende de Beowulf », on a droit à Anthony Hopkins, Angelina Jolie avec des personnages leur ressemblant comme des copies-conformes, et Ray Winstone (acteur british vu en père monstrueux dans « The war zone » et en compagnon de Clive Owen dans « Le roi Arthur ») interprète Beowulf & le dragon, deux personnages auxquels il ne ressemble absolument pas mais auxquels il a insufflé un peu de lui au travers de son jeu. Tout ceci permet aussi à un véritable réalisateur de faire le film qu’il souhaite, de montrer ce qu’il ne pourrait pas en live (un Anthony Hopkins en roi vieillissant, se baladant limite à poil, par exemple) en plus d’une réalisation totalement libre quant à ses plans et autres prises de vues sophistiquées. Et si il ne devait y avoir qu’un petit bémol à « La légende de Beowulf », il concernerait l’animation propre : toute performante qu’elle soit, détaillée au possible, à ce jour, le problème au niveau des yeux est toujours là. Ce n’est pas vivant. Autrement, toutes les autres faiblesses sont infimes par rapport à l’impression de voir enfin un vrai jeu d’acteurs derrière les dessins. Avec un scénario aussi riche et remarquable, avec une maitrise de la « performance capture » qui n’a jamais été aussi proche de la perfection, avec derrière la (les) caméra(s) un Robert Zemeckis qui ose ce qu’il n’a jamais osé jusqu’ici, « La légende de Beowulf » est simplement proche du chef-d’œuvre, un titre qui le sera définitivement une fois les quelques réserves citées précédemment levées au terme d’une seconde vision, c’est quasiment certain.
St. THIELLEMENT
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