7/10
Résumé de l’épisode précédent (Traquemort, tome 1 : le proscrit, L’Atalante, 2002) : Lionnepierre XIV, dite la Garce de Fer, règne sur l’Empire de façon aussi despotique et cruelle que son surnom le laisse supposer. Au sein de sa cour, les grandes familles jouent des coudes pour accéder aux postes de commandement : personne n’hésite à tuer, trahir ou torturer son pro-chain ou son parent. Les mécontents sont donc nombreux, surtout à être éliminés. Les autres, clones qui ne sont que des biens meubles ou espsis qui ne sont guère plus, font survivre un semblant de clandestinité pour que toutes les créatures de l’Empire soient égales en droit.
Mais voilà qu’un jour, l’Impératrice a la mauvaise idée de déclarer proscrit Owen Traquemort, dernier rejeton décadent et historien d’une famille jadis guerrière. Il quitte sa planète et va s’agréger au cours de péripéties musclées cinq compagnons. A la fin du premier tome de la geste d’Owen Traquemort, ils sont prêts pour la rébellion contre l’Empire, sujet de ce second opus.
Traquemort et sa petite clique vont tenter à eux seuls de faire trembler les fondations de l’Empire. Précisons qu’un petit passage dans le labyrinthe de la folie les a dotés d’une force surhumaine . Ils passent en mode turbo et plus rien ne leur ré-siste, à un contre cent : le sang gicle, les cerveaux éclatent, les viscères dégoulinent ; les combats succèdent aux combats sans que nos (super !) héros faiblissent.
Si les rebelles sont peu nombreux, ils sont cependant involontairement soutenus par les attaques extraterrestres que subit l’Empire. Malgré des impériaux aussi exceptionnels que le capitaine Silence et l’investigatrice Givre qui affrontent les extraterrestres sur toutes les frontières, il se pourrait que le trône de Lionnepierre vacille d’ici peu...
Chez Simon R. Green, les héros sont héroïques et les méchants détestables. Il y a beaucoup d’action et ça grouille de bébêtes pas très sociables. Les combats succèdent aux massacres et on a son comptant d’hémoglobine à la fin. Si vous aimez la BD, vous retrouverez là des supers héros hauts en couleur, aux réparties cinglantes mais à la psychologie plutôt primaire. Cepen-dant, bien qu’il donne son nom au cycle, Owen Traquemort, rebelle malgré lui, est loin d’être le plus réussi : trop héroïque et manichéen. D’autres personnages secondaires, comme Finlay Campbell, sont beaucoup plus intéressants : celui-ci, fils aîné d’une grande famille, se livre dans le plus grand secret aux combats des arènes ; il est l’invincible guerrier masqué.
Mais quand il sera le seul survivant du massacre de sa famille, il va entrer dans la clandestinité et donner un sens à sa force. Les impériaux Silence et Givre sont également très réussis : ils ont le don de croiser les créatures extraterrestres les plus étranges et les plus hostiles qui soient (et de ce côté-là, Simon R. Green n’est pas en manque d’imagination). Leur flotte spatiale se prend des raclées mémorables mais ils restent d’un sang-froid exquis, au sein de relations strictement professionnelles. Quel-ques portraits de pervers et de fanatiques sont également délicieusement effrayants tant ils sont crédibles et fouillés.
On regrette quelques longueurs (longs complots et tractations à la cour) et de nombreuses répétitions, dues certainement à la longueur des chapitres (de 50 à 200 pages !) : chacun traite d’un groupe de personnages (Traquemort et ses rebelles, la cour de Lionnepierre, les clandestins ... puis les divers groupes de rebelles séparés pour des missions différentes) et l’auteur répète trop souvent le passé et les attributions de chacun. Mais pourtant monsieur Green, on suit, on dévore même votre passion-nante saga de cape et d’épée où la science-fiction galactique croise les intrigues de cour et les héros des extraterrestres que l’on n’est pas prêts d’oublier.
Sandrine Brugot Maillard
Traquemort, tome 2 : la rébellion - Simon R. Green - L’Atalante, 2003, 634 p., 23 euros