7/10
Troisième et avant dernier volume d’une série de fantasy plus axée sur la rêverie et la magie que sur l’action purement guerrière dont souffre souvent ce genre. N‘étant pas familier de cette saga et des précédents volumes, c’est avec un grand plaisir que je me suis intéressé aux aventures des principaux héros de cette quête initiatique.
Car il s’agit bien plus d’une quête initiatique que d’une suite de combats où, formules magiques et sabres au clair se répondent en un lancinant et monotone dialogue de sang et de larmes. Etablissement d’une mythologie logique, création d’un monde aux contours moyenâgeux remarquablement décrits, réel attachement à la trajectoire des principaux héros, écriture fluide et limpide invitant le lecteur à fermer les yeux et à « voir » ce monde entre les mots, les qualités ne manquent pas dans ce roman attachant par bien des aspects.
Tout au plus et c’est paradoxal, peut-on regretter une certaine tendance à juste observer les événements, ou à trop les contrôler, sans qu’un souffle véritablement épique n’enflamme le récit. On a parfois envie de demander à Pierre Saviste de ne pas hésiter à lâcher la bride de son écriture et à laisser sa main vagabonder plus intuitivement dans les méandres de son histoire.
Mais c’est un détail infime car il reste encore un tome pour progresser et générer un feu d’artifice créatif éblouissant.
Il faudrait aussi tordre le cou à la fausse croyance qui veut que l’on verse du haut de la première tour venue et des bretèches (cf. page 32) de l’huile bouillante sur l’assaillant pointant le bout de son épée ! Des pierres ou du plomb fondu d’accord mais pas de l’huile qui est un bien par trop précieux pour qu’on la jette inconsidérément. Accordons à Pierre Saviste que la situation économique de sa création le permet mais j’en doute et pense qu’il s’agit plutôt de la subsistance d’une croyance erronée. Fin de la polémique militaro-culinaire !
Ceci dit, il faut bien avouer que l’on est conquis. Pour ceux qui découvriront Ombramère avec ce tome 3, il ne restera plus qu’à se procurer les deux premiers volumes et à attendre avec impatience le dernier prévu pour 2004.
Stéphane Pons
Ombramère, le chemin des larmes - Pierre Saviste - Mnémos (Collection Icare) - août 2003 - 443 pages - 20,50 euros