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Une anthologie à thème est toujours un exercice littéraire à double tranchant. D’une part l’anthologiste doit viser juste pour récupérer les meilleurs textes possibles et qui reste dans la thématique.
D’autre part chaque auteur va devoir coller au thème proposé avec le plus de justesse en proposant un texte original et prenant. Et il faut assurer quand on est directement concur-rencé par dix-neuf autres personnes. Ici, Nathalie Dau a plongé les auteurs dans le monde passionnant de la mythologie celti-que avec comme contrainte de rester dans l’esprit des bardes d’autrefois.
Il fallait conjuguer talent de conteur et héroïsme propre au genre de la fantasy. Chaque auteur a pris son parti, a choisi son chemin. Coller aux mythes pour certains, adapter le genre à notre présent pour d’autres et même se plonger dans un futur encore empreint de magie celtique pour les derniers. Tous les textes sont d’une qualité littéraire assez bonne. En revanche les traitements différents d’un même thème pousse malgré eux à la répétition et font que l’on se prend parfois à lâcher le livre d’ennui.
La redondance est mauvaise conseillère pour le lecteur. Mais on reprend son courage et le livre à deux mains. Quelques auteurs se sont tellement fondus dans la peau des bardes qu’ils ont pondu des textes ampoulés que l’on croirait tout droit sortis de livres anciens de contes, lourdeur com-prise. Il existe évidemment des amateurs du genre mais la couleur donnée semble désuète et on se détache très vite du texte.
On se penchera plus sur les textes un peu plus originaux comme ceux mêlant le passé et le présent, l’un influençant l’autre, comme Partie de Chasse de Robert Martin ou Ulates de Lucie Chenu et Julien Fouret. On appréciera aussi le décalage très grinçant et amer de Jérôme Noirez avec Cuchulainn 500 mg, ou la fable sur les korrigans de Yann Yaco, La Goule aux Fées. Mais ce sont tout de même vingt textes et près de 380 pages qu’il faut s’ingurgiter pour s’apercevoir que l’arrière goût est plutôt acide. Dommage pour une telle anthologie, aux intentions nobles et intéressantes.
Fallait-il être plus court ? Fallait-il être plus audacieux dans la sélection des textes, quitte à choquer les amateurs de la fantasy pure et dure ? Fallait-il...? Le résultat est maintenant là et reste plutôt décevant.
Michaël Espinosa
L’esprit des Bardes - anthologie dirigée par Nathalie Dau - éditions Nestiveqnen - août 2003 - 380 pages - 20,50 euros