6/10
Pauvre Katie. Graham Masterton aime les femmes : elles le lui rendent bien car j’ai constaté, pour avoir édité Graham Mas-terton à deux reprises, que son lectorat est essentiellement féminin. Eh oui !
Mais là il a raté son coup : Katie va d’échec en échec... Jusqu’à l’échec final : elle empêche l’arrivée de l’entité au grand dam du lecteur. Elle échoue dans sa vie privée et dans sa vie professionnelle. Ce livre est encore plus noir que vous ne le pensez...
Graham Masterton renoue avec les Atrocités. Vous avez remarqué j’ai mis un grand A... Là il nous en gave, on en est écœu-ré... Lire comment un malade désosse de jolies jeunes filles vivantes ça va une fois, mais il se répète...
L’histoire policière (car Katie est commissaire de police) est bourrée de clichés : un faux coupable pourtant présent sur les lieux du crime, Katie n’est plus joignable au moment crucial et une autre affaire se déroule en parallèle avec celle qui nous intéresse, nous lecteur.
Mais Masterton est un très grand écrivain. Ici, il recherche visiblement à renouer avec son public après avoir essayé d’autres voies qui ne semblent pas avoir marché.
Nous retrouvons ici le Graham Masterton de toujours : “Il y a des forces sur cette Terre dont la plupart des gens ne soupçon-nent même pas l’existence“. Il y a un érudit qui intervient au milieu de l’histoire pour faire comprendre cette mythologie. Cet érudit doit mourir. Ici on ne déroge pas à cette règle, sauf qu’il y a un deuxième érudit. Mais, sans dévoiler la fin de l’histoire, ce deuxième s’avèrera un faux érudit...
Les Atrocités ? Il les décrit avec une telle grâce, une telle précision, une telle humanité qu’on est fasciné, on est fasciné comme la victime est fascinée par son bourreau.
Voici ce que Graham m’a déclaré la dernière fois que je l’ai interviewé : “Le fantastique (...) vous donne la capacité d’affronter vos peurs, comme si elles étaient réelles (...) en mettant à votre disposition des compétences et un savoir (...)vous offre un guide pratique sur la manière de traiter toutes sortes de terreurs sans nom.“
Lisez ce “manuel de la Terreur sans nom“ !
Alain Pelosato
Katie Maguire - Graham Masterton - Fleuve Noir (Thriller fantastique) - traduction François Truchaud - 444 pages.