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  Sommaire - Livres -  S - Z -  Les flèches du soleil
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"Les flèches du soleil "
Judith Tarr

Editeur :
Pocket (9 octobre 2003)
 

"Les flèches du soleil "
Judith Tarr



8/10

Ce livre fait suite à Une pluie de princes et souffre de la même réputation : un récit dont l’intrigue s’étend péniblement sur 500 pages. On pense à Marion Zimmer Bradley et à l’école de la Romance Fantasy à laquelle elle doit irrémédiablement se rattacher.

Au fil des pages on y suit le voyage entrepris par l’empereur Estarion, Héritier du soleil, dans l’ouest hostile dont la régence lui est assignée. Le voyage sera formateur, mais au lieu de s’accomplir dans de multiples exploits guerriers, comme tout traditionnel récit de Fantasy, il donnera cette histoire "absolument" inventée d’une remarquable originalité qui tient en entier sur les rapports humains qui transpercent à travers les diverses intrigues politiques et autres quêtes pour le pouvoir qui ne sont que des artifices au demeurant important pour ne pas sombrer dans une pure bluette(ainsi l’amour que porte Estarion envers Vanyi, ou sa liaison avec son ennemi Korusan).

Là où la Fantasy de facture classique s’enferme dans un rapport au sacré par des intermédiaires factuels comme des sorts, des mages, des sorciers, les personnages de Judith Tarr semblent avoir dépassé ce rapport trivial pour assumer une image plus proche de cette "humaine nature" qui nous les rend finalement si semblables à nous. Si le troisième tome était axé essentiellement sur l’amitié entre deux personnages que l’histoire de leur monde avait stigmatisé en ennemis mortels, le quatrième récit qui peut se lire séparément est lui plus nuancé, on pensera à Frank Herbert, Katherine Kurtz(Les Deyrinis) et à Ansen Dibel (Cinq volumes parus chez opta jadis).

Estarion est un "quasi dieu" mais les préoccupations restent bien humaines. Ce qui donne encore plus de cohérence au récit ce sont les descriptions estéthisantes des personnages jusqu’à leur déplacement et leur façon de se mouvoir presque statuaire, mais c’est aussi ce sentiment qu’ils font corps avec leur monde. Ainsi dans les tous premiers chapitres, Estarion à la main emplie du feu de son dieu manie la lumière du soleil qui devient aussi palpable que de l’eau dans une très belle scène. On est étonné aussi de découvrir combien l’univers de Judith Tarr est codifié. Les ordres et cultes magiques sont parfaitement mis en scène, ce ne sont plus des faire valoir car on a l’impression qu’ils font aussi corps avec ce monde finalement bien clôt et organisé.

Le nord géographique de ce monde correspond à une race à la peau brune. Les référents sont renversés, il n’y a plus ces identifications classiques que l’on reproche parfois à une certaine fantasy, ce qui rend ce monde encore plus fascinant et déroutant. Les descriptions succèdent à des visions grandiloquentes de paysages plantés de décors qui évoquent Sumer et la haute Egypte.

Comme chez Tanith Lee le cadre du récit épique et féerique est dépassé par la force des sentiments pour donner une histoire politico-sentimentale. Au final on a l’impression de lire l’un de ces récits du commencement des temps où des Dieux et des Déesses bien vivants se découvrent à travers le jeu d’un monde entre religion et politique. On aime ou on déteste mais on ne pourra rester indifférent.

Emmanuel Collot

Les Flèches du soleil - Judith Tarr - Traduit par Simone Hilling - Pocket Fantasy - 507 pages - 9,30 euros





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