Lorsque Clive Cussler associe sa signature à celle de Craig Dirgo, c’est pour nous faire vivre les aventures d’une équipe de personnages réunie au sein de la Corporation, une structure fondée par Juan Cabrillo. C’est un ancien agent de la CIA. Il a été mis à pied après une mission qui a mal tourné, au Nicaragua, mais pour laquelle il a couvert son chef. Depuis, celui-ci, pour lui prouver sa reconnaissance, fournit à la Corporation le plus de missions possible. On a déjà eu l’occasion de découvrir leurs prouesses techniques, technologiques et humaines dans Le Bouddha d’Or, où ils rendaient au peuple tibétain, avec une statue à la valeur inestimable, un symbole religieux fort.
Pour rester dans l’univers de Cussler, un univers centré essentiellement sur le monde marin, les membres vivent sur L’Oregon. Extérieurement, le navire fait penser à un cargo en route pour un cimetière d’épaves, mais intérieurement il est équipé des dernières nouveautés dans tous les domaines.
L’intrigue de Pierre sacrée se base sur une météorite découverte, dans un premier temps, par Eric le Rouge qui lui érige un sanctuaire. La redécouverte de la pierre par un archéologue, dans le mont Forel au nord du Groenland, déclenche les appétits, tous plus féroces les uns que les autres, de groupes terroristes. En effet, ce météorite contient de l’Iridium, qui permet la fabrication de la bombe radiologique.
Pendant ce temps, la Corporation est mobilisée pour la protection de l’émir du Qatar, à Reykjavik, pendant un sommet pour la paix. Mais la disparition de l’émir, au nez et à la barbe de l’équipe de Cabrillo, la conjonction des événements autour de l’Iridium, placent la Corporation dans une dramatique situation.
Pierre sacrée dispose d’une intrigue bien ficelée, aux méandres parfois machiavéliques, avec des apports techniques et technologiques sophistiqués. L’action est omniprésente, démultipliée par le nombre important des intervenants. Il résulte de cet assemblage un excellent roman d’aventures qui, comme tous les livres de Clive Cussler comportent toujours des éléments de prospective passionnants sur une base scientifique pointue. Cette fois, il agrémente son histoire avec les incidences des ballons de Bucky, ces molécules sphériques découvertes en 1985 sur des météorites. La plupart de celles qui ont été étudiées contiennent des gaz inoffensifs, mais personne n’est sûr que ce soit le cas pour toutes les météorites qui chutent sur notre planète. L’hypothèse d’un virus inconnu n’est pas à exclure !
On peut regretter toutefois le manque d’empathie de Juan Cabrillo qui, à mon avis, n’entraîne pas l’adhésion d’un Dirk Pitt à ses aventures. De plus, le tic d’écriture, qui consiste à annoncer en fin de chapitre des rebondissements dramatiques futurs, lasse ici par sa répétition.
En refermant le livre, on se pose de façon anecdotique la question : « M. Cussler se mettrait-il à jouer au golf ? » En effet, il truffe son livre d’expressions, d’anecdotes sur ce sport.
Cependant, Pierre sacrée est un livre « sans surprises », car on s’attend à être surpris ! Et on n’est pas déçu car on l’est !
Serge Perraud
Pierre Sacrée de Clive Cussler et Craig Dirgo, Grasset collection Grand Format, janvier 2007, 400 pages, 19,90 €