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  Sommaire - Films -  G - L -  Hostel chapitre II
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"Hostel chapitre II" de Eli Roth

 

Scénario & Réal. : Eli Roth
Avec : Lauren German, Roger Bar, Bijou Phillips, Richard Burgi.
Distribué par Gaumont Columbia TriStar Films.
94 mn.
Sortie le 11 Juillet 2007.
Note : 8/10.

OK, depuis quelques temps, l’horreur fait un retour en force sur les grands écrans, pour le meilleur et le pire aussi. Dans le meilleur, on rangera le remake de « Massacre à la tronçonneuse » (qui a été un des déclencheurs du regain d’intérêt pour le genre), sa séquelle-préquelle, l’excellent remake de « La colline a des yeux », « La maison de cire », le premier « Saw » ; dans le pire, « Saw 2 & 3 », « La colline a des yeux 2 ». Bon, en gros, on se fait vite une idée. Entre les deux camps, on trouve « Hostel » d’Eli Roth, qui part du postulat intéressant d’un trafic en Europe de l’Est sur de jeunes étudiants qui servent de pâture à de riches clients tortionnaires sadiques complètement dégénérés. Mais le film était sclérosé par une seconde partie qui versait volontairement dans le Grand Guignol. Pourtant, le succès est au rendez-vous et Eli Roth de nous garantir lors de sa venue à Gerardmer qu’il prépare une suite. Et il prend très mal le fait qu’on lui demande où est l’intérêt d’une séquelle : selon lui, rien de mercantile, juste d’autres idées à mettre en images. Ben voyons. Hé bien, c’est chose faite aujourd’hui, et on ne peut qu’admettre que le résultat est meilleur que l’opus 1. Tout en conservant des défauts similaires agaçants, mais moins importants tout de même. Maintenant, vous savez aussi ce que vous allez voir, donc je le confirme : « Hostel chapitre II » est de l’horreur parfois assez éprouvante, doublée de séquences bien plus... Malsaines. Et là ou le film est à des coudées au-dessus d’une sinistre farce comme « Saw 2 ou 3 », c’est qu’il y a une côté réaliste qui nous dérange vraiment.
Beth, Whitney et Lorna viennent de terminer leurs études d’art à Rome. Elles décident de partir s’amuser à Prague. Mais la rencontre avec la belle Axelle les déroute vers la Slovaquie, bien plus riche en loisirs de toutes sortes selon Axelle. Et un soir, après une fête locale, les trois amies vont être kidnappées et se retrouver dans un endroit, chacune dans une cellule, livrée aux plaisirs sadiques de riches hommes de tous les horizons. Que commence le cauchemar...
« Hostel chapitre II » montre une évolution certaine de Roth dans son métier : mieux réalisé, écrit, possédant des moments réellement excellents, le film surprend de prime abord par ces qualités. Comme le premier, le meilleur du film vient de tous ces passages « réalistes » où on voit des hommes riches, dans leur quotidien (en famille, au golf, au travail, ...), recevoir sur leur portable la photo d’une des filles et commencer les enchères pour acheter une victime, ou encore, la pire scène du film où le big boss de l’organisation criminelle menace d’un flingue chaque enfant d’une bande avant de leur demander de lui désigner l’un d’eux qui sera tué pour l’exemple. Voilà le « meilleur » de ce film d’horreur qui ne prête, dans ces moments-là, jamais à sourire. Quand arrive les tortures, excepté celle inspiré par la comtesse Bathory (un bain, ou plutôt une douche de sang sur une détraquée armée d’une faux, la pauvre fille sacrifiée appelant sa mère... On serre les dents, là ...), le film redevient ce qu’on n’aime guère chez Roth, à savoir « roublard » et limite hypocrite. Si on veut montrer de l’horreur pure avec des bases telles que celles énoncées précédemment, on persiste et signe jusqu’au bout. Ce n’est pas de la complaisance, c’est seulement un vrai cauchemar éveillé pour un public qui découvre qu’à côté de chez lui peut exister de telles abominations. Pas besoin d’aller en Asie, de se sécuriser en voyant les massacres dans certains pays africains, tout cela est tout aussi pire là, à quelques centaines de kilomètres, dans des contrées où la pauvreté devient le jouet des puissants richissimes. Tout cela se découvre, se ressent dans « Hostel chapitre 2 », c’est son aspect le plus réussi, véritablement bien maitrisé par Roth, comme l’arrivée dans l’usine désaffectée avec un choix musical local envoûtant et ne même temps, annonciateur du pire. Mais la suite gâche un peu l’ensemble en accumulant l’humour lourdingue (les gardes complètement bovins), un cynisme inadéquat, mais surtout par des actions qui se finalisent hors-champs quant à leur macabre conclusion qui annihilent, moins fortement que dans l’opus 1, la puissance horrifique du film. Et de finir le film sur ce ton de nouveau grand-guignolesque après une séquence horrifique des plus hard mais là encore qui perd de sa force par une pirouette ultime qui plonge dans le gag assez gras. Bref, de ce second chapitre, on dira donc que dans l’ensemble, il est bien plus abouti et maitrisé que le premier, qu’il possède des bases qui lui donnent tout son intérêt, l’exact opposé des séquelles complaisantes et nases de « Saw », qui ne sont que des nouveaux spectacles de Grand-Guignol, la complaisance en plus. « Hostel chapitre II » n’est pas de cette catégorie, Eli Roth tirant souvent son film vers le haut. Ca dérange mais cela a un sens. Et si Roth avait été jusqu’au bout, il aurait pu signer un must du genre.

St. THIELLEMENT



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