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"Faussaire " de Lasse Hallström

 

Avec : Richard Gere, Alfred Molina, Marcia Gay Harden, Stanley Tucci.
Distribué par Metropolitan Filmexport
108 mn
Sortie le 13 Juin 2007
Note : 9/10

De prime abord, une affiche pas terrible du tout, voire assez moche, un acteur dont on n’attend plus grand-chose depuis longtemps (« Affaires privées », « Peur primale », « Infidèle » sont ses derniers bons films, alors...), le tout empaqueté par un cinéaste suédois qui fit sensation en son temps (avec « Ma vie de chien ») avant de partir pour les States. Son premier essai s’avéra sympathique mais par la suite, ce brave Lasse tomba dans la guimauve et autres siroperies cinématographiques qui lui donnèrent rapidement une réputation redoutable qui s’accentuait à la sortie de chacun de ses nouveaux films. Ah si, une exception dans tous les « Chocolat », « Une vie inachevée », « Terre Neuve » et « Casanova » qu’il réalisa (bon, ce ne sont pas non plus des navets mais ça reste très mineur...), l’adaptation d’un roman de John Irving, « L’œuvre de Dieu, la part du Diable » : superbe, le film qui lui fallait. Et arrive aujourd’hui ce « Faussaire ». Hé bien, pour ces deux grands noms du 7ème Art, il s’agit là d’une belle réussite, le meilleur de chacun depuis belle lurette !
Au début des années 70, Clifford Irving (Gere) est un écrivain raté, sans succès, qui ne sait plus quoi faire. Son éditeur lui conseille de trouver le sujet qui passionne les foules. Pris d’un coup de génie, Irving va annoncer qu’il est le biographe du milliardaire excentrique Howard Hughes, quitte à imiter son écriture, sa voix, bref à monter l’arnaque du moment, voir même une des plus belles du siècle passé. Mais cela a un prix, et inquiet à l’idée de représailles orchestrées par l’entourage puissant de Hughes, Clifford Irving va se laisser prendre à son propre jeu, et perdre peu à peu pied dans la réalité, basculant dans un univers fait de conspirations fantasmagoriques, jusqu’à ce qu’il ne puisse plus cacher la vérité.
Ceci est une histoire vraie, et incroyable. Profitant de la vie de reclus mégalomane de Hughes, un écrivain-escroc monta de toutes pièces ce canular : il écrivait la biographie de Hughes avec l’accord de ce dernier, voir même des entretiens privés. Mais tout cela était faux, bine entendu, sauf que l’escroc était doué dans l’art de reproduire l’écriture de Hughes, voir même d’imiter son écriture ! Tout le monde fut bluffé, et personne ne le contredit pour deux raisons : un, l’homme avait un bagout d’enfer, et secundo, Hughes était tellement paranoïaque que personne ne savait ce qui était faux ou vrai ! De tout cela, Lasse Hallström en a fait un film passionnant, qui ne dévie jamais de sa dimension humaine quant à l’escroquerie (tout cela demeure « à notre échelle » !), s’attachant à des personnages parfaitement à l’aise dans leurs situations, crédibilisant l’ensemble pour nous faire croire à l’impossible. « Faussaire » ne cherche jamais à être plus grand que ce qu’il narre, c’est ce qui en fait sa force et sa principale qualité. Aidé il est vrai par un Richard Gere qu’on n’avait pas vu aussi bon depuis des années : oublié le sex-symbol (personnellement, que je n’ai jamais compris : il a des petits yeux de fouine qui n’inspirent aucune confiance !), l’acteur rentre dans la peau de Clifford Irving avec panache, n’essayant jamais de transformer l’escroc en génie mais simplement en margoulin qui y croit et qui y fait croire. Et c’est avec ces deux talents principaux, et secondés par une production soignée et quelques seconds rôles plus qu’attachants (Alfred Molina en tête), que « Faussaire » gagne ses galons de biographie cinématographique réussie. On n’y croyait pas, mais pourtant, la surprise est belle et bien au rendez-vous, et la manquer serait plus que dommage. Au milieu des « énormes » gros ratages du moment, « Faussaire » est une bouffée d’air pur !

St. THIELLEMENT



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