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  Sommaire - Films -  A - F -  Abandonnée
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"Abandonnée" de Nacho Cerda

 

Scénario : Karim Hussain & Richard Stanley
Avec : Anastassia Hille, Karel Roden, Valentin Ganev, Carlos Reig-Plaza.
Distribué par Wild Side Films
96 mn
Sortie le 30 Mai 2007
A noter : l’interview de Nacho Cerda sera dans le prochain SCIENCE FICTION MAGAZINE (Le numéro 53 vendu en kiosques du 20 juin au 20 septembre 2007, puis, après cette date, téléchargeable via allopass dans la rubrique "ouvrages en PDF" de ce site).
Note : 10/10.

On l’a déjà dit à plusieurs reprises depuis quelques années, depuis les films d’Alejandro Amenabar et curieusement, de façon plus prononcée depuis l’arrivée de Jaume Balaguero avec sa « Secte sans nom » que suivirent « Darkness », et son chef-d’œuvre « Fragile » sans oublier son moyen-métrage, « A louer », qui inaugura l’anthologie espagnole consacrée à l’épouvante, « Peliculas para no dormir ». Après, bien entendu, il y a aussi Guillermo Del Toro mais le cinéaste est d’abord et avant tout mexicain, a bossé aux States, avant d’œuvrer en Espagne avec les superbes « L’échine du diable » et le chef-d’œuvre ultime, « Le labyrinthe de Pan ». Tout ça pour ne pas froisser ceux qui auraient cité l’ami Guillermo en hurlant au scandale d’un tel oubli. Bref, depuis, l’Espagne est définitivement le pays de la renaissance du Fantastique et de l’Epouvante en particulier. Tout n’est pas parfait, c’est certain : au rayon réussite, on citera « les enfants d’Abraham » de Paco Plaza qui en décevra certains (pas moi, ben oui ) avec « Romasanta », Alex de la Iglesia qui avec lui aussi un segment de l’anthologie citée plus haut, a démontré son talent dans le genre avec l’effrayant « La chambre du fils », Luis de La Madrid (y’a de ces noms, parfois !!!) avec « La nonne » signa un slasher banal mais techniquement parfait et pas dépourvu d’une ou deux petites qualités. Très bientôt, fin 2007 ou début 2008 (oui, finalement, ce n’est pas pour demain !), on découvrira un nouveau chef-d’œuvre, « L’orphelinat » de Juan Antonio Bayona, produit par Del Toro, premier film d’un as du vidéo-clip et de courts-métrages étourdissants, une ghost-story étonnante, bien plus riche qu’elle ne le laissait penser au début, bourrée d’hommages mais ô combien bien utilisés, et surtout, somptueusement mis en scène. C’est simplement splendide.
Et aujourd’hui, on y arrive enfin, mais comme on ne avait déjà parlé dans le compte-rendu de Gerardmer 2007 où il fut simplement et honteusement mis au ban par le jury (ce qui s’appelle donner de l’avoine aux... Enfin, passons !), c’est la découverte du premier long-métrage de Nacho Cerda, auteur de courts-métrages assez inoubliables (réunis dans un coffret qui sort simultanément en DVD chez Wild Side : je confirme, ce sont de petis bijoux, il y ne a trois, et l’un d’eux, « Aftermath », est un électro-choc en tous points de vue !). Une hantise située dans une vieille bicoque sur les bords d’un lac en Russie et dont a hérité marie, productrice de cinéma aux USA, adoptée tout bébé, et à la recherche de ses racines. Une fois sur place, livrée à elle seule, elle rencontre Nikolaï, qui dit être son jumeau. Ensemble, ils vont remonter le temps, rencontrer des fantômes, les leurs en plus, avant d’accepter la plus noire des vérités, le plus lourd des secrets, et l’horreur absolue comme secret.
Nacho Cerda pour son premier film, soigne une ambiance de pure terreur, une véritable plongée en Enfer qui rappelle furieusement l’univers maudit de « L’au-delà » de Lucio Fulci. Une fois rentré dans ce cercle infernal, on sait qu’on n’en ressortira pas. Mais avant d’accepter l’horreur du destin, on aura voyagé en pleine terreur, avec des moments parmi les pires qu’on ait vus depuis longtemps. Tout cela signé par un esthète du genre, qui enrichit autant le scénario de son ami Karim Hussain (les traumas du passé, de l’enfance, des souvenirs qu’il vaudrait mieux ne jamais réveiller...) qu’il le sert avec une rare maestria dans l’art et la manière de mettre en images nos pires cauchemars. De tout cela, il en ressort que, déjà, on n’est pas près d’aller faire du tourisme sauvage en Russie, c’est sûr ! Plus sérieusement, une telle ambiance de putréfaction du présent, du passé, ne s’est pas vue depuis Fulci dans ses heures de gloire justement. Sauf que Cerda magnifie cela par un talent qui d’ores et déjà le place dans les meilleurs de la renaissance du genre. Heureusement que tout cela n’est pas reconduit avec une autre génération (vous comprendrez à la fin du film...). Maintenant, la mort, la peur, l’horreur, vues par Nacho Cerda ne vont pas faire que des adeptes. Entre les traumatisés et les aigris jamais contents, rares seront ceux qui réserveront à « Abandonnée » l’accueil qu’il mérite. On en a déjà eu la preuve à Gerardmer : le genre dans son sérieux n’est pas encore prêt d’être accepté et encore moins reconnu comme creuset de chefs-d’œuvre.

St. THIELLEMENT



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