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  Sommaire - DVD -  G - L -  Ghost of Mae-Nak
"Ghost of Mae-Nak"
de Mark Duffield

Avec Pataratida Pacharawirapong
Siwat Chotchicharin
Pornthip Papanai
2005
Kubik Video

La légende de Mae Nak est un des contes les plus populaires de Thaïlande. Elle raconte l’histoire de Nak, une femme du XIXe siècle, morte en accouchant alors que son mari, Mak, était gravement blessé à la guerre. Lorsque Mak, revient au village, il ne se rend pas compte que son épouse est décédée mais les villageois souhaite l’éloigner de Nak. L’esprit de la jeune femme se venge alors de ceux ayant cherché à briser son couple, unis par delà la mort.
Depuis les années 50, le cinéma Thaï a illustrer une vingtaine de fois cette histoire (qui connut aussi plus d’une centaine de versions télévisées), c’est dire si il était risqué d’en proposer encore une nouvelle, d’autant que la dernière en date, signée Nonzee Nimibutr (intitulée NANG NAK) avait été un des plus gros succès du cinéma local.
Mais ce pari est relevé par Mark Duffield qui, pour corser la difficulté - et renouveler un peu la donne - choisit de transposer l’intrigue à notre époque en proposant une suite aux aventures de Mae Nak, devenue ici une sorte d’ange (ou de démon ?) gardien d’un couple fraîchement marié.
Les jeunes Mak et Nak (tiens donc !) décident en effet d’acheter une vieille maison de Bangkok, là où aurait justement vécu la légendaire Mae Nak. Sitôt installé, ils sont victimes d’une tentative d’escroquerie de leur agent immobilier véreux, qui est retrouvé décapité dans le métro. Puis, deux cambrioleurs meurent mystérieusement mais Mak, en tentant de récupérer ses biens volés, est percuté par un véhicule et sombre dans le coma. Mae Nak, sa vengeance accomplie, acceptera t’elle de rendre ce nouvel "époux" à sa légitime ?
GHOST OF MAE NAK semble appartenir à la vague actuelle des histoires de fantômes asiatiques mais, heureusement, le métrage n’abuse pas des effets à présents éculés. Pourtant, les apparitions spectrales inquiétantes, soulignées par une bande son crispante, possèdent un véritable potentiel angoissant. On retrouve également quelques similitudes avec les récits démoniaques occidentaux des seventies et, en particulier, LA MALEDICTION, pour cette suite de meurtres originaux et spectaculaires savamment agencés. La séquence où un petit voleur est coupé en deux par une vitre tombant des mains de déménageurs renvoie ainsi au métrage précité mais aussi au plus moderne FINAL DESTINATION. Une scène qui réussit à se montrer réellement efficace et saignante, sans négliger un certain humour très noir.
Manifestement destiné à une audience internationale assez jeune (contrairement à la majorité des adaptations antérieures), ce GHOST OF MAE NAK s’ancre néanmoins résolument dans les coutumes locales, s’attache aux difficultés de ses personnages assez pauvres (loin des ados friqués des slashers ricains) et encore pétri de superstitions auxquels ils hésitent à ne plus croire. Le métrage soigne ainsi les oppositions entre les traditions ancestrales, parfois corrompues par vénalité (le médium - honnête et de bonne foi - assisté par un escroc minable réduit à voler de la nourriture au mariage de ses "clients"), et le choc du modernisme, dans un pays partagé entre amulette sacrée, prières rituelles et téléphone portable. Sans verser dans les clichés touristiques, GHOST OF MAE NAK dépeint donc un univers crédible dans lequel le surnaturel survient de manière menaçante et offre un équilibre bienvenu entre l’aspect dramatique, la romance, le thriller, le fantastique gothique et l’horreur, sans négliger de brefs passages plus gore. L’interprétation est d’un bon niveau, l’aspect technique est soigné et la mise en scène s’avère plutôt adroite. Le film s’inscrit donc dans la lignée du récent SHUTTER en optant pour une approche réaliste (à savoir ancrée dans le quotidien) d’un sujet purement fantastique, voire - comme ici - légendaire.
En dépit d’une certaine baisse de régime dans son dernier tiers, GHOST OF MAE NAK appartient sans hésiter au haut du panier des récits horrifiques à base de fantôme féminin, à présent si courant dans le cinéma asiatique.
Si la peur aurait gagné à être davantage présente, le refus des facilités dont témoigne le cinéaste est suffisamment rare pour être souligné et l’ensemble constitue donc une très intéressante découverte pour tout amateur de fantastique qui se respecte.
Au niveau de l’édition DVD, Kubik vidéo offre un travail soigné, proposant le film en version originale 5.1. sous-titrée français en format 16/9. Une interview et un court making of, accompagnés des bandes annonces de l’éditeur complètent cette édition accompagnée d’un livret très instructif (une louable initiative hélas en voie de disparition chez les "petits" éditeurs) et d’un fourreau cartonné plutôt classieux.
En résumé, un investissement recommandé !

Fred Pizzoferrato



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