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Avec Bruce Willis, David Morse, Mos Def.
Metropolitan Vidéo
Un film qui, quelque part, fait plaisir à voir. D’une part, parce que Bruce Willis y est excellent (quand il aime le scénario, il est toujours excellent : voir dernièrement « Otage »), d’autre part parce qu’il constitue le meilleur film de Richard Donner vu depuis pas mal de temps. Donner, cinéaste ayant fait son apprentissage dans les sixties sur pas mal de séries TV style « Cannon », « Perry Mason », « Les mystères de l’Ouest », etc... Il passe au grand écran avec un polar urbain à la « Starsky & Hutch », et rencontre le succès avec son adaptation ô combien réussie (et inégalée, le remake étant un sacré nanar !) de « La malédiction ». Puis juste après, c’est « Superman », toujours inégalé pour beaucoup, et sa séquelle qu’il filmera aux trois quarts avant d’être lourdé (et remplacé par Richard Lester, pour le résultat qu’on sait, tout de même largement supérieur aux deux séquelles suivantes, sans mal !). Par la suite, Donner assoit une réputation d’excellent faiseur de blockbusters bien carrés initiés par « L’arme fatale » qui ira jusqu’à la quadrilogie et dont on retiendra surtout les deux premiers opus. On lui doit aussi « Les goonies », film d’aventures avec des gosses, le superbe « Ladyhawke » (qui lui tient à cœur, il y rencontra la productrice Lauren Schuller qui deviendra sa femme) avec Rutger Hauer en chevalier amoureux d’une princesse, Michelle Pfeiffer, tous deux maudits par un cureton aigri : la nuit il est loup, le jour elle est faucon (ça, c’était un résumé pour celles et ceux qui ne connaissent pas le film, pour leur donner envie). Bon. Il domine le box-office avec les « Arme fatale », avec le western parodique « Maverick » mais finit par perdre de sa prestance avec de grosses séries B un poil boursouflées telles que « Complots » (avec Mel Gibson & Julia Roberts), « Assassins » avec Stallone, « Prisonniers du temps » (moi, j’aime bien mais bon, c’est loin d’être un chef-d’œuvre, c’est vrai !), des films qui auraient pu être bien meilleurs. Au milieu de tout ça, une œuvre intimiste, récemment sorti en DVD, « Radio flyer » avec Elijah Wood, où l’histoire de deux gamins cherchant à fuir la violence des adultes en rêvant à la construction d’une machine volante. En guest-star, pas très connu à l’époque, Tom Hanks. Un flop magistral pour un chouette petit film à (re)découvrir d’urgence, situé dans sa filmo entre « L’arme fatale 2 » et le troisième. Mine de rien, papa Donner accuse quand même 76 balais, mais il a la pêche : ses excellents commentaires sur « La malédiction » en disent long sur l’intelligence du bonhomme. Et il aime son métier. « 16 blocs » le prouve : un scénario plus ou moins déjà vu (avec comme référence flagrante « L’épreuve de force » de et avec Eastwood : la scène du car ne trompe personne), une mise en scène âpre et sèche, un retour comme beaucoup d’autres au style des seventies.
L’inspecteur Jack Mosley (Willis donc) n’est plus que l’ombre de l’excellent flic qu’il fut. Alcoolique, seul, il n’aspire qu’à une chose au quotidien : finir sa journée de service. Sauf que là, son supérieur lui demande d’emmener un témoin à charge dans un procès et il ‘a que deux heures pour cela. N’ayant pas le choix, Mosley se prépare à une petite mission tranquille en compagnie d’Eddie Bunker, jeune voleur ayant été témoin d’un meurtre commis par un flic. Et justement, toute la police va se liguer contre eux à partir du moment où Jack empêche l’exécution d’Eddie par deux tueurs commandités par un ancien collègue à lui.
Et tout le film tient presque en temps réel sur ce trajet de seize blocs jusqu’au tribunal. Si Mos Def en Eddie Bunker agace un peu, le reste du casting est au diapason (David morse, logiquement impeccable) d’une histoire qui aurait gagné en intensité dramatique. Mais bon, de la part de Donner, c’est du bon boulot, avec ses qualités et ses défauts (dont le principal étant assez récurrent dans certains de ses derniers films à savoir qu’il fait croire qu’il va toujours finir son film avant l’heure !). Niveau bonus, on s’arrêtera surtout aux scènes coupées toutes commentées par Donner et son scénariste (Richard Wenk, réalisateur aussi de « Vamp » avec Grace Jones en vampire, son titre de gloire le moins mauvais, et qui signe ici ce qu’il a fait de mieux dans toute sa carrière !) et surtout à cette fin, initialement tournée et refusée pour raisons logiquement commerciales : le commentaire de Donner, son attitude, laissent bien transparaitre le fait qu’il la préférait à l’actuelle. Mais bon, box-office oblige, hein, et rares sont les films à ne pas en tenir compte. Dans ce domaine, le plus gros pari, le plus fou, demeure encore et toujours « Seven ». Quant aux autres scènes coupées, elles ne faisaient que ralentir l’action et « faire s’agiter le spectateur sur son siège », réplique qui plait beaucoup à Richard Donner, cinéaste qui signe ici un très bon petit polar très « old school seventies ».
Note film : 7/10 (copie excellente, format d’origine 2.35, image 16/9ème compatible 4/3)
Bonus DVD : 5/10 : fin alternative - 20 mn de scènes coupées - making-of - bandes-annonces d’autres films de l’éditeur.
St. THIELLEMENT
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